LOUIS XI : “L’UNIVERSELLE ARAGNE”
L’histoire de Louis XI, c’est l’histoire d’un homme qui sut imposer aux autres ses décisions, qui dut garder sans cesse l’esprit en éveil, plier le temps à ses desseins, être deux fois plus habile et trois plus rapide que ses semblables…
A la fin du Xe siècle, les envahisseurs avaient été repoussés ou assimilés, comme ce fut le cas pour les Vikings qui s’étaient installés en Normandie. Cependant le féodalisme et la prépondérance de la région, qui avaient permis à l’Europe de survivre, avaient engendré un réseau de seigneurs plus ou moins élevés, liés les uns aux autres par tout un système d’assujettissement – ou vasselage – basé sur la tenure des terres.
Le grand seigneur tenait ses terres du roi ; son duché ou son comté, constituait une partie du royaume. En échange, il était contraint de remplir envers son souverain certaines obligations : il lui devait généralement quarante jours de service armé par an, et il mettait alors à sa disposition un nombre de chevaliers et d’écuyers qui variait selon l’importance de ses domaines ; en outre, il était tenu de lui verser certaines sommes d’argent à diverses occasions, et notamment lors du mariage de sa fille. Sinon, le duc ou le comte régnait en maître sur ses Etats, où il battait monnaie, collectait les impôts, rendait la haute, la moyenne et la basse justices, définissait les usages et les lois, pourvoyait ses bâtards de bénéfices ecclésiastiques, délibérait en son Conseil, envoyait et recevait des ambassades.
Les seigneurs et chevaliers auxquels il avait concédé des fiefs devaient à leur tour remplir envers lui certaines obligations, militaires et autres, et, comme il était plus proche d’eux que le roi ne l’était de lui, il parvenait ordinairement à obtenir de ses vassaux une soumission plus grande que celle à laquelle il se sentait tenu envers son propre suzerain.
Paul Murray Kendall – Louis XI – Fayard – 1971 – page XIII
Contrairement au royaume d’Angleterre, son vieil ennemi, le royaume de France qu’hérita Louis XI était encore tout imprégné de traditions féodales. La Guerre de Cent Ans, qui se termina, huit ans avant que Louis ne montât sur le trône, par l’expulsion des Anglais hors de France (à l’exception de Calais), avait contribué à hâter le déclin du régime féodal, mais les princes n’en avaient pas pour autant abandonné leurs prétentions.
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Louis XI, fils de Charles VII, est un grand roi qui est souvent mal connu. Il a suscité des opinions contradictoires, plutôt défavorable envers l’homme, mais élogieuses quant à l’œuvre accomplie. Si on le disait cruel, il s’avère cependant que Louis XI n’était pas pire que la plupart des rois de cette triste époque. Son règne est principalement marqué par sa lutte avec le puissant duché de Bourgogne et de son représentant : Charles le Téméraire.
Né au plus sombre de la guerre de Cent Ans, en 1423, Louis XI a vu le royaume de son père Charles VII amputé des territoires situés au nord de la Loire. Il a connu tout jeune un pays dévasté, ravagé par les troupes du duc de Bourgogne et par les Anglais. Or soixante ans plus tard, à sa mort, les Anglais ne possédaient plus en France que Calais, le duché de Bourgogne avait disparu, les seigneurs et les soldats de fortune étaient réduits à l’obéissance. Le domaine royal avait absorbé la Bourgogne, l’Artois, la Picardie, la Franche-Comté, le Maine, l’Anjou et la Provence. Comment nier les qualités d’un tel souverain ? Et pourtant… un seigneur a dit de lui : « le roi le plus terrible qui fut jamais ». Pour les Bourguignons, il a été « l’universelle araigne », l’araignée qui contrôle tout au centre de sa toile qu’elle étend au monde entier. Un ambassadeur milanais a rapporté que de son entrevue avec le roi, il sortait si impressionné qu’il baignait dans la sueur que provoque la terreur. Bien longtemps après, les écrivains du XIXe siècle comme l’Ecossais Walter Scott, ont souligné l’aspect terrible de son règne. Même quand on voulait rendre justice à l’œuvre du roi, ainsi que l’a fait l’historien Michelet, on parlait de lui comme d’un génie démoniaque. Que faire pour en juger, sinon réexaminer le règne de cet étonnant souverain ?
Le jeune prince a fait un rude apprentissage. Avant de gouverner le Dauphiné, il a vécu chevauchées et batailles contre les Bourguignons et les Anglais. Louis n’entretient pas de bonnes relations avec son père Charles VII. A 13 ans, son père lui donne pour épouse Marguerite d’Ecosse. Cette union stratégique déplaît au jeune Dauphin (l’Ecosse est alliée à la France contre les Anglais). Louis XI ira jusqu’à battre Agnès Sorel, la maîtresse de Charles VII. On l’accusera même de l’avoir empoisonnée. En 1440, à 17 ans, il rejoint la Praguerie, révolte de nobles mécontents contre Charles VII, comprenant également Dunois ou la Trémoille (grands combattants de la guerre de Cent Ans). Parallèlement, Louis continue la lutte contre les Anglais et contre les compagnies (mercenaires vivant de leurs rapines). Il instaure une nouvelle noblesse, épouse Charlotte de Savoie, se procurant une alliance avec le duc. Dès la naissance de sa fille Jeanne, une enfant laide et boiteuse, il la donne en mariage à Louis d’Orléans (futur Louis XII), fils du poète Charles d’Orléans. Il espère ainsi que le mariage reste stérile afin d’éteindre cette branche capétienne rivale de la sienne. Alors que Louis XI continue de comploter contre son père, Charles VII envoie une armée qui le chasse du Dauphiné. Louis est contraint de se réfugier chez le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, qui l’accueille. En 1461, apprenant la mort de son père, il marque l’indifférence, il n’assistera pas aux obsèques royales à Saint-Denis.
Louis XI est avant tout un grand diplomate. Il sait faire preuve de beaucoup de finesse et de ruse. Il, n’étant pas physiquement particulièrement avantagé, est de plus pauvrement vêtu (son chapeau à médailles est resté dans l’Histoire) et est très avare, à l’opposé de Charles VII qui vécut fastueusement. De plus, il n’est pas accommodé à une vie de Cour, il préfère se déplacer dans le royaume. D’ailleurs, il ne demeura pas longtemps à Paris, il s’installa à Tours, ville gagnée à sa cause.
Les premières mesures prises par Louis XI furent de destituer les officiers de Charles VII et de réhabiliter ceux qu’il avait condamnés. A l’instar de son père, Louis sait s’entourer mais ses plus habiles conseillers comptent aussi parmi les plus rusés. Il fait appel à des sbires, toutes couches sociales confondues. Il les récompense largement mais exige d’eux le maximum, dans le cas échéant, il les punit avec une sévérité exceptionnelle. A son accession au pouvoir, c’est encore un état médiéval que le roi va gouverner. Louis XI transformera le pays comme aucun de ces prédécesseurs ne l’aura fait. La société française est alors en décomposition, les structures hiérarchiques de classe et de rang se maintiennent tout juste. Un chef d’Etat de l’envergure de Louis XI devait trouver dans cette situation le ferment idéal pour mettre en pratique ses idées : un absolutisme monarchique dilué se mêlant à des principes progressistes de développement économique, commercial et de marché. Il truffa Paris d’espions à sa charge, il lança ses sbires sur les routes de France, jugula la hiérarchie ecclésiastique et écrasa l’arrogante et puissante noblesse française.
Roi en 1461, Louis XI est à la tête d’un royaume en ruine, la France compte à peine 15 millions d’âmes, soit 8 millions de moins qu’au début du XIVe siècle. Les campagnes sont dévastées, Paris a conservé des remparts qui conviennent à une ville peuplée de 200 000 habitants, mais les Parisiens ne sont plus que 60 000 à 80 000. Pourtant, la guerre est finie, la France se rebâtit et reconstitue ses forces. Louis XI aide à ce relèvement, pour cela il faut être obéi. Contre la noblesse indisciplinée, le roi va lutter sans cesse par la ruse ou la violence. En 1465, il bat l’armée des grands féodaux à Montlhéry, au sud de Paris. Il fait périr par l’assassinat ou par des condamnations à mort exemplaires les rebelles et les traîtres : le comte d’Armagnac, le connétable de Saint-Pol, le duc de Nemours. Fait inouï, il ose emprisonner un homme d’Eglise, le cardinal Balue, qui intrigue avec le duc de Bourgogne. Lentement, les plaies se sont pansées, les campagnes ont été à nouveau mises en valeur. Lin dans le Nord, chanvre dans l’Ouest, laine partout : la France a recommencé à produire des tissus exportés dans toute l’Europe. Rouen double sa population en vingt ou trente ans. Des banquiers italiens s’installent à Lyon, où l’on inaugure la première foire internationale en 1464. Mieux obéi dans une France qui sort de la misère, le roi multiplie par quatre le poids de la fiscalité (en restaurant la Taille, l’Aide et la Gabelle) et entretient ainsi la meilleure armée d’Europe. En 1479, il crée la charge de « contrôleur général des chevaucheurs », c’est-à-dire responsable de la poste, le premier système régulier de relais sur les grandes routes de France. Enfin à ce royaume remis en ordre il fallait assurer la paix extérieure, en ruinant définitivement la prétention des rois d’Angleterre, et en brisant l’Etat le plus riche et entreprenant d’Europe, celui des ducs de Bourgogne.
Lorsque Philippe le Hardi, fils du roi Jean II le Bon, devient duc de Bourgogne en 1364, il fonde une brillante dynastie qui va profiter de la présence anglaise pour se soustraire à l’autorité des rois de France. Après lui, Jean Sans Peur et surtout Philippe le Bon apportent leur puissance à son apogée. Par une habile diplomatie, par des mariages, rarement par la guerre, les ducs constituent un domaine qui va de la Bourgogne et de la Franche-Comté à la Hollande. Seule la Lorraine leur échappe et empêche cet Etat d’avoir son territoire unifié. L’ambitieux Charles le Téméraire aura pour cœur de reconstituer l’antique royaume de Lotharingie (crée à la suite du partage de Verdun en 843). La cour des ducs de Bourgogne est la plus brillante d’Europe et elle est fréquentée par les artistes et les écrivains les plus fameux de ce temps. Dans un Etat bien administré, aux finances abondantes, les ducs mènent grand train et les fêtes, tournois et banquets dépassent de très loin les possibilités du roi de France. Quand le jeune Louis XI, intriguant contre le roi son père, craint d’être arrêté, il s’enfuit alors chez Philippe le Bon. Il mesure alors combien ce vassal puissant est dangereux pour le royaume de France. Allié de l’Angleterre, le duc peut, en effet, se permettre toutes les ambitions. Ce XVe siècle marqua l’ère des Princes. Outre le duché de Bourgogne, on compte aussi de grandes principautés en Italie (les princes milanais, la république de Venise, les Médicis de Florence). A la fin du XVème siècle, alors que l’âge d’or des princes touche à sa fin, l’Italie devint la proie des souverains étrangers, l’Etat Bourguignon fut intégré aux possessions des Habsbourg. L’Europe entière allait être prise dans le grand affrontement qui se préparait entre le roi de France François Ier et l’empereur Charles Quint.
Charles le Téméraire, le fils de Philippe le Bon, était un homme de belle prestance, courageux et instruit, mais impulsif et beaucoup moins doué de bon sens que le roi. Jeune homme aimable, excellent danseur et grand buveur, Charles était un noble qui ne manquait aucune des qualités de loyauté et d’honneur. Pour Louis XI, il représentait cette noblesse arrogante et belliqueuse que le monarque essaya de jeter dans les oubliettes de l’Histoire. En 1463, Louis XI avait racheté à Philippe le Bon les villes de la Somme, dans le même temps il avait également obtenu le Roussillon du roi d’Aragon. La nouvelle du rachat avait suscité une vive hostilité à la cour de Bourgogne. Charles le Téméraire et François II, duc de Bretagne, décidèrent d’adhérer à la ligue féodale du « Bien public ». Très comparable à la Praguerie, elle avait à sa tête Charles, duc de Berry, frère du roi, qui réclamait plus de pouvoir. Louis XI se mit personnellement à la tête d’une grande offensive contre la ligue du Bien Public. Il écrase les féodaux à Montlhéry en 1465. Par la suite, il obtient la paix en cédant la Normandie à son frère Charles de Berry et en rendant les villes de la Somme aux Bourguignons.
En 1468, Charles Le Téméraire proposa au de négocier, et l’invita dans son château de Péronne. Louis XI s’y rendit en personne. Au cours des pourparlers, Liège se rebella contre la tutelle bourguignonne. Il fut rapidement rapporté que des commissaires royaux figuraient parmi les révoltés. Furieux, le Téméraire fait du roi son prisonnier. Louis XI craint d’être enfermé à vie, voire assassiné. Il doit pour se sauver, lâcher d’énormes avantages : il abandonne toute la Champagne et, suprême humiliation, accompagne le Téméraire pour châtier les Liégeois. Mais, deux ans plus tard, Louis XI a renouvelé ses forces et fait annuler par ses conseils tout ce qu’il a accordé précédemment. C’est maintenant une lutte à mort. Le Téméraire achète le sud de l’Alsace, il dispose à son gré de la Lorraine. De la Bourgogne à la Hollande, les terres du duc de Bourgogne sont presque unifiées. Louis XI a une bonne armée, une bonne artillerie, mais le Téméraire a plus d’argent, plus de soldats et plus de canons que lui. La solution : temporiser, intriguer. Quand Charles le Téméraire envahit le nord de La France, il s’épuise à enlever de petites places fortes, seulement suivi et harcelé à distance par l’armée royale. A Beauvais, le duc subit un grave échec. Il ne peut enlever la ville que ses habitants défendent héroïquement. Même les femmes se battent sur les remparts et une certaine Jeanne y gagne le fameux surnom de Hachette en tuant avec cet outil un porte-étendard bourguignon.
Allié au Téméraire, le roi d’Angleterre Edouard IV envahit à son tour la Picardie. En revanche, Louis XI suscite contre le Bourguignon l’hostilité de l’empereur Frédéric III, celle de la Savoie et celle des cantons suisses. A Picquigny, sous des flots d’or, le roi d’Angleterre signe la paix (1475) : il renonce à jamais au trône de France (pour certains ce traité marque la véritable fin de la guerre de Cent Ans). Louis XI n’a pas perdu un soldat. Au contraire, Charles le Téméraire veut châtier par la force les alliés du roi et c’est pour lui l’annonce d’une série de désastres : l’armée bourguignonne est anéantie en deux batailles contre les Suisses, à Grandson et à Morat (1476). Charles veut reprendre Nancy qui s’est révoltée, il est vaincu et tué, son armée exterminée et du grand duc d’Occident il ne reste qu’un cadavre à demi dévoré par les loups. Rien ne peut s’opposer à la force du roi de France. Ses armées se saisissent de la Picardie et de l’Artois (où Arras est châtiée par la déportation de tous ses habitants), de la Bourgogne et de la Franche-Comté (où les soldats français pillent les villes et massacrent les populations vaincues). Seules les possessions bourguignonnes des Pays-Bas lui échappent. En épousant Maximilien de Habsbourg, Marie, la fille de Charles le Téméraire les lui apporte en dot. Leur petit-fils, Charles Quint héritera ainsi, par le jeu des alliances d’un vaste royaume. Pour l’heure, Louis XI obtient en 1481 l’Anjou et le Maine.
Au mois d’août 1475, Louis XI achète la paix au roi d’Angleterre Edouard IV, dont l’armée campe au nord d’Amiens. Les négociations sont en bonne voie, mais la moindre erreur peut rendre la bataille inévitable. Le roi fait installer à la grande porte d’Amiens deux vastes tables chargées de vins et de victuailles. Peu à peu, avec ou sans armes, les soldats anglais arrivent par petits groupes, ils s’arrêtent à la grande porte, goûtent au repas, puis pénètrent dans la ville où les tavernes, aux frais du roi de France, ont ordre de servir aux soldats anglais tout ce qui bon leur semble. La fête dura trois jours. Commynes rapporte ses paroles de Louis XI : « J’ai plus aisément chassé les Anglais hors du royaume que ne l’a fait mon père ; car mon père les a mis hors à la force d’armes, et je les ai chassés à force de pâtés de venaison et de bons vins ». Si peu héroïque soit-elle, la gastronomie passe, depuis cette époque, pour l’une de nos armes les plus redoutables.
En 1470, Louis XI avait eu un fils, Charles, futur Charles VIII. Il avait marié ses deux filles, Anne de Beaujeu à Pierre de Bourbon, Jeanne l’Estropiée (elle était boiteuse) à Louis d’Orléans. Ainsi les deux plus puissantes familles du royaume étaient les alliées du roi. A partir de 1480, le roi ne quitte plus guère la Touraine. Malade, craignant la mort, il achève de fixer pour l’avenir les traits d’un roi étrange : loin de tout luxe, il vit entouré de quelques familiers, ses « compères ». Les plus connus sont Olivier le Daim, son barbier et valet de chambre, et Philippe de Commynes, le fidèle conseiller, qui devait rédiger ses Mémoires. Très pieux et même dévot, le roi manifeste une religion superstitieuse, accumulant les reliques, les images pieuses, les médailles de plomb qu’il attache autour de son chapeau. D’une défiance maladive, il craint d’être enlevé, ou que des intrigants ne profitent de sa faiblesse physique pour le manipuler. Dans son château de Plessis-Lès-Tours, 300 gardes écossais le protègent. Mais sa demeure personnelle est confortable, pourvue de larges fenêtres, et le roi y fait jouer jour et nuit ses musiques préférées. Sa vie durant, Louis XI est un perpétuel malade : « brûlures d’estomac, crises de foie, goutte, congestion hémorroïdaire qui l’empêche de marcher, eczéma purulent ». Il meurt en 1483. Conformément à sa volonté, son corps est enseveli dans l’église de Notre-Dame de Cléry, et non pas à Saint-Denis, nécropole des rois de France. Sur son tombeau, une sculpture le représente simplement vêtu en chasseur, priant la Vierge.
Charles VIII est l’unique fils de Louis XI et de Charlotte de Savoie. À 13 ans il monte sur le trône. Il est toujours mineur et conformément au désir de son père, il accepte la tutelle de sa sœur aînée, Anne de Beaujeu. Le gouvernement des régents provoque une rébellion des princes emmenés par Louis II d’Orléans, le futur Louis XII, qui en vue de soustraire le roi de ses tuteurs entreprend la Guerre folle. Le 28 juillet 1488, Louis d’Orléans est fait prisonnier à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier. Incarcéré pendant trois années, il sera gracié en 1491. Charles entreprend de lourdes négociations pour épouser Anne de Bretagne (fille de François II), initialement promise au puissant Maximilien de Habsbourg. Aucun des six enfants issus de cette union ne survécut. Pour avoir sa pleine liberté en Italie, où il a des prétentions sur le royaume de Naples, il signe trois traités avec le roi d’Angleterre, le roi d’Aragon et l’empereur germanique. À la mort du roi Ferdinand Ier de Naples, en 1494, Charles VIII prend le titre de roi de Naples et de Jérusalem et pénètre en Italie. C’est le début de la première guerre d’Italie (1494-1497). Sans aucune résistance, les Français entrent à Florence, Rome puis Naples. Cependant, sous l’impulsion de Ferdinand II d’Aragon et du pape Alexandre VI, se constitue la ligue de Venise, une alliance quasi générale contre la France. La rentrée en France de Charles VIII est périlleuse. Il parvient cependant à franchir l’Apennin, et, livrant une bataille indécise à Fornoue, il réussit à échapper à ses ennemis. Charles VIIImourut le 7 avril 1498 au château d’Amboise, après avoir violemment heurté de son front un linteau de pierre placé trop bas. Après sa mort, la succession revint à son cousin, le duc d’Orléans Louis XII, lequel épousa également sa veuve. C’est la fin des Valois directs.