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Balade dans le passéHistoire

LA CREATION DE LA VILLE DE TOURS

Tours fut probablement fondée par Auguste, entre -10 et +10. La ville se développa rapidement, sur cette sorte d’immense grève en léger mamelon, riche en limons fertiles. C’est peut-être à cause du passage de la route de Bretagne que le site fut choisi. De Lyon, capitale des Gaules, on pouvait en effet sans difficulté gagner Bourges puis Tours, et, de là, atteindre l’embouchure de la Loire, par Angers, ou les côtes de la Manche, par Le Mans, grâce au réseau routier entrepris par Agrippa, gendre d’Auguste, à partir de -27. Harmonieusement combiné avec le réseau fluvial, il avait d’abord un rôle militaire, mais il servit aussi à l’établissement du cadastre, assise de l’impôt.

L’une des principales transformions apportées par la conquête fut donc de doter les Turons d’une ville chef-lieu, conçue et organisée à la romaine. La création fut d’emblée assez vaste, environ cinquante à soixante hectares (Angers : 80 ? Orléans : 30 hectares), sans commune mesure avec la modestie de la tribu des Turons : il s’agissait probablement d’attirer la noblesse locale, mais aussi de fixer des artisans et de commerçants. La ville romaine est conçue, dans un but de propagande, comme un miroir de Rome : en romanisant un certain nombre de points forts, on espère que ceux-ci, par leur rayonnement, influenceront les populations environnantes et les intégreront à l’Empire.

Après le choix du site, la démarche première consiste à mettre en place un réseau de rues se coupant à angle droit, à partir de deux axes principaux. Le cardo Maximus, orienté nord-sud, était vraisemblablement situé là où se trouvent actuellement les rues des Amandiers, de la Barre et Bernard Palissy ; il s’agissait peut-être d’un chemin gaulois. Les rues Lavoisier et Jules Simon, à 90 mètres plus à l’est, constituaient un autre cardo parallèle. Le square François Sicard montre la largeur des îlots constitués par ces deux axes. Un troisième cardo a été repéré à 900 mètres plus à l’ouest, grâce aux fouilles récentes du Laboratoire d’archéologie urbaine que dirige Henri Galinié (2), mais seule la rue Descartes, par son orientation, en a conservé le souvenir. Les autres tracés nord-sud restent hypothétiques.

L’axe principal de la ville, son decumanus maximus, était orienté est-ouest, parallèlement à la Loire, le long des rues du Commerce, Colbert, Albert Thomas et Blanqui. Cette rue à pu être suivie sur une longueur d’environ 700 mètres, au milieu du siècle dernier. Elle est doublée , 150 mètres plus au sud, par un second decumanus, le long des rues des halles et de la Scellerie. les fouilles récentes ont montré l’existence d’autres voies orientées dans le même sens, au nord de l’impasse de la Grandière et sous les boulevards Béranger et Heurteloup. On peut donc supposer l’existence d’axes de centurion, lignes directrices du tissu urbain, adapté aux conditions locales (chemin préexistant ? et présence de la Loire).

Des édifices publics à trouver :

Le quadrillage urbain fut garni de monuments propres à frapper d’admiration les paysans turons et à glorifier la puissance de Rome : édifices de spectacles tels que théâtre, cirque, amphithéâtre, odéon, une grande place monumentale (le forum), encadrée d’une basilique et d’un temple classique, sans oublier les thermes, indispensables à la vie “à la romaine”. Malheureusement, de tout cela presque rien ne nous est connu, à deux exceptions près et d’un certain nombre de fragments architecturaux réutilisés au début du IVème siècle, dans les fondations du rempart élevé à cette époque. Le témoignage de ces blocs, dont nous ignorons la place d’origine dans la ville, n’est pas sans intérêt. Par leur style, ils traduisent des influences italiennes certes, mais également une maîtrise du métier acquise progressivement par des artisans probablement locaux, interprétant de plus en plus librement les règles romaines de traitement du décor.

Un vaste amphithéâtre :
Un vaste amphithéâtre
Un temple circulaire :

Lors des travaux de reconstruction de l’après-guerre, en bordure de la rue Nationale, un temple (fanum) de tradition gauloise a pu être dégagé rue de la Scellerie, rue de Lucé et rue Emile Zola, rapidement fouillé puis, malheureusement, détruit presque entièrement. Seul, un pan de mur en a été conservé, sous la cour d’un immeuble, rue de Lucé, mais, pour visiter, il faut soulever une lourde trappe et ne pas oublier d’emporter son échelle et sa lampe de poche !

Il s’agissait d’un temps de très grandes dimensions, le diamètre de la tour centrale (la cella) atteignant 27 mètres !

Des nécropoles aux limites de la ville :

L’un des cimetières de Caesarodunum fut découvert en 1828, sous l’emplacement de l’ancienne gare du canal, le long du decumanus maximus de la ville (angle de la rue Blanqui et du quai de la Gare du Canal).

Une autre nécropole fut retrouvée en 1845, puis 1868, entre le boulevard Heurteloup et la place de la Gare. Elle s’étirait le long de la rue Blaise Pascal, dont nous avons dit qu’elle représentait l’axe nord-sud le plus important de la ville, des tombes à incinération ont été mises au jour jusqu’au Sanitas, soit sur une longueur d’environ 600 mètres !

Deux inscriptions :

Deux inscriptions provenant du rempart qui entoura la ville au Bas-Empire fournissent quelques lumières sur le statut juridique de la ville et de tout le territoire turon.

(A suivre)


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Le Vieux-Tours :

Le Vieux-Tours désigne collectivement les quartiers historiques qui se sont progressivement unis pour constituer le centre historique de Tours. D’ouest en est, les quartiers du Vieux-Tours comprennent Notre-Dame-la-Riche, Saint-Martin, Saint-Julien, Saint-Gatien et Saint-Pierre-des-Corps.

Le quartier Saint-Gatien, le premier établissement, correspond à la cité de Caesarodunum de l’Antiquité tardive et est devenu le centre du pouvoir politique et épiscopal de la ville. Le quartier Saint-Gatien, également appelé la Cité, est le premier noyau urbain qui correspond à Caesarodunum, et a connu un renouveau, se développant dans un castrum dès le IVe siècle. Vers l’an mil, la Cité devient le siège du pouvoir politique et épiscopal. Sur le site de l’amphithéâtre de Tours, les chanoines du cloître Saint-Gatien s’établissent. Au XIIIe siècle, le château et la cathédrale sont reconstruits sur ordre du roi Louis IX.

1-Caesarodunum était le nom de la ville du Haut-Empire qui a donné naissance à Tours, située dans la plaine alluviale entre la Loire et le Cher. Probablement fondée par les Romains au début de notre ère, Caesarodunum a connu un développement significatif.

Le quartier Saint-Gatien, ou le bourg de la Cité, fut le premier noyau urbain établi : il occupe le secteur nord-est de la cité gallo-romaine de Caesarodunum, à proximité de l’amphithéâtre qui fut plus tard converti en forteresse. Ce bourg connut un renouveau et un développement significatif dès le IVe siècle, au sein de ses remparts gallo-romains.

Au sein de son castrum, une cathédrale dédiée à Saint-Maurice est érigée au IVe siècle par Lidoire, sur les vestiges d’un temple romain. Au début du VIe siècle, un palais épiscopal est construit à côté de la cathédrale, à l’intérieur des remparts. L’église Saint-Gervais-et-Saint-Protais, également du IVe siècle, est intégrée en tant que chapelle palatine. Au XIIe siècle, l’ensemble est transformé et élargi à l’est par l’ajout d’une grande salle quadrangulaire (aula en latin), qui deviendra historiquement la salle du concile et des États généraux de Touraine. Partiellement reconstruit aux XVIIe et XVIIIe siècles, le palais devient le musée des Beaux-Arts après la Révolution. La cathédrale, reconstruite par Grégoire de Tours et accompagnée d’un hôtel-Dieu au VIe siècle, est à l’origine de la clinique Saint-Gatien. La première résidence des comtes de Tours, édifiée au IXe siècle par Hugues l’Abbé dans le coin nord-est de l’enceinte gallo-romaine, se compose d’un donjon rectangulaire, d’une tour ronde massive et d’une grande tour carrée, formant l’ensemble fortifié connu sous le nom de tour Feu Hugon. Le 30 juin 903, les Normands incendient le bourg Saint-Martin et l’abbaye Saint-Julien, et assiègent la Cité où se sont réfugiés tous les habitants et chanoines à l’intérieur de l’enceinte romaine. Le miracle de la subvention de Saint Martin met en déroute les Normands et sauve la ville. La construction de l’église Saint-Martin-de-la-Bazoche commémore cet événement. Entre le VIe et le XIe siècle, plusieurs lieux de culte émergent : les églises Saint-Martin de la Bazoche, Saint-Libert à l’est, Saint-Nicolas-des-Quatre-Coins au centre, ainsi que les églises Saint-Étienne et Saint-Pierre-du-Boille à l’ouest. Vers l’an mil, la Cité devient le centre du pouvoir politique et épiscopal. Le bourg des Arcis se développe entre le XIe et le XIIe siècle, à l’ouest de la Cité, stimulé par la construction de nouvelles infrastructures. Au XIe siècle, Geoffroy Martel, comte de Tours, a construit un imposant château comtal pour renforcer le pont d’Eudes II de Blois, en réutilisant les fortifications gallo-romaines situées à l’angle nord-ouest. Ce château comportait une grande tour carrée de trois ou quatre étages, connectée à une vaste salle résidentielle rectangulaire de 28 mètres de long et 8 mètres de large, sur deux niveaux. Sur le site de l’ancien amphithéâtre du Bas-Empire, les chanoines du cloître Saint-Gatien s’établissent au Moyen Âge. Au XIIIe siècle, le roi de France Saint Louis initie la construction du château de Tours sur les fondations du château comtal.

Initialement dédiée à Saint Maurice, la cathédrale de Tours a officieusement changé de patronage au XIVe siècle pour Saint Gatien. Ce changement est dû à la volonté des archevêques de Tours de regagner une partie de leur prestige, en concurrence avec le culte de Saint Martin à la basilique Saint-Martin de Tours et à l’abbaye de Marmoutier. La cathédrale et son cloître ont été entièrement reconstruits entre le XIIIe siècle et le XVIe siècle. En 1356, le quartier a été inclus dans une enceinte commune appelée la clouaison, qui a été unifiée en 1462 avec la création de la municipalité de Tours. À la fin du XVe siècle, un grand logis a été construit pour les services du gouverneur de Touraine. En 1520, François Ier a ordonné la construction d’une nouvelle enceinte pour résoudre le problème de l’expansion de la ville, une enceinte qui n’a vraiment commencé qu’avec l’ordre d’Henri IV et achevée en 1690. Cela a permis d’inclure le faubourg Saint-Étienne, qui correspond aujourd’hui à la place François Sicard et aux rues Bernard Palissy et des Ursulines. À l’aube de la Révolution, les deux tours restantes du château ont été reliées par la construction du logis de Mars, destiné à être une annexe au logis des gouverneurs de Touraine. La Révolution française a transformé la ville en commune, intégrant le faubourg Saint-Symphorien-des-Ponts-de-Tours, ancienne paroisse sur la rive nord de la Loire, dans la commune de Tours. Au début du XIXe siècle, un quartier de cavalerie s’est installé sur le site de l’ancien château, entraînant la construction de casernes. La place devant la cathédrale a été aménagée suite à la démolition des bâtiments de l’hôtel-Dieu.

Le quartier Saint-Gatien peut se diviser en quatre secteurs :

le secteur entre la rue des Amandiers, de la Barre, place François Sicard et le périmètre du château à la tour Feu-Hugon ;

le secteur de la cathédrale au centre, composé d’un ensemble monumental comprenant la cathédrale Saint-Gatien, le cloître de la Psalette et le musée des Beaux-Arts de Tours (ancien archevêché) ;

le secteur canonial entourant l’ensemble cathédral qui conserve encore des édifices intéressants de l’époque médiévale et de la Renaissance, fortement remaniés au cours du temps : de très nombreuses caves conservent des éléments importants de l’amphithéâtre de Tours ;

le secteur sud entre la rue des Ursulines, Bernard Palissy, de Loches et du boulevard Heurteloup.

Le quartier Saint-Martin, le deuxième bourg formé, trouve son origine dans le culte de Saint Martin et s’est développé dès le Ve siècle en tant que nouvelle ville, devenant ainsi un centre de pèlerinage majeur.

Le quartier Saint-Martin, également connu sous le nom de Châteauneuf, est le deuxième centre urbain établi, né du culte de l’évêque de Tours, Saint Martin. Une basilique fut construite sur sa sépulture à la fin du Ve siècle. Aux VIe et VIIe siècles, des bâtiments religieux furent érigés autour de la basilique, et un bourg commença à se former au début du VIIIe siècle. Les invasions normandes du IXe siècle forcèrent les chanoines à construire un castrum, l’enceinte de Châteauneuf, entraînant la division de la ville en Châteauneuf et la Cité. Au XIe siècle, une nouvelle basilique Saint-Martin fut édifiée.

Le quartier Saint-Martin tire son prestige du culte de l’évêque de Tours, Saint Martin, décédé en 397, et de la basilique érigée sur sa tombe à la fin du Ve siècle. Protégée par les Mérovingiens et les Carolingiens, l’abbaye acquiert des privilèges et une indépendance vis-à-vis du pouvoir épiscopal. Entre le VIe et le XIe siècle, de nombreux édifices religieux sont construits autour de la basilique : Saint-Clément, Saint-Simple, Notre-Dame-de-l’Écrignole, Saint-Pierre-du-Chardonnet, Saint-Pierre-le-Puellier, Saint-Venant, Saint-Denis, Sainte-Croix, Petit-Saint-Martin, Saint-Jean, Notre-Dame-de-Pitié, Saint-André, Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Un bourg se développe au VIIIe siècle autour de la basilique, attirant marchands et artisans grâce au pèlerinage sur le tombeau du saint. Le 8 novembre 853, les Normands incendient le Bourg Martin et la Cité, détruisant toutes les églises. Suite à d’autres attaques de 856 à 870, les chanoines se réfugient temporairement à Chablis. Les raids normands du IXe siècle poussent à la construction d’un castrum pour protéger le quartier, qui sera reconstruit en pierre vers la fin du Xe siècle, formant le mur de Châteauneuf. Cette fortification marque le début de la division de la ville entre le quartier Saint-Martin – Châteauneuf et le quartier Saint-Gatien – la Cité -, siège du pouvoir épiscopal. Le 24 juin 994, un grand incendie, conséquence d’affrontements entre les comtes d’Anjou et de Blois pour le contrôle de la Touraine, détruit entièrement le Bourg de Châteauneuf. Cette rivalité entre Foulques III d’Anjou et Eudes culmine à la bataille de Pontlevoy le 6 juillet 1016. Dès le XIe siècle, une nouvelle basilique est édifiée, remaniée au dernier quart du XIIe siècle. Le développement de Châteauneuf et de son bourg économique continue.

Les résidents du quartier Saint-Martin ont tenté de créer une commune libre, le Bourg de Châteauneuf, mais les chanoines de l’abbaye Saint-Martin s’y sont opposés, conduisant à l’incendie de la Basilique et du Bourg en 1122. Les habitants et les bourgeois ont reçu une charte communale de Louis VII, ratifiée par Philippe Auguste. Toutefois, le Pape Lucius III a dissous la Commune en 1184. Les libertés communales ont été restaurées par Philippe Auguste lors de l’annexion de la Touraine à la couronne de France. Au début du XIIIe siècle, les chanoines de l’abbaye Saint-Martin ont finalement reconnu les droits des bourgeois et des résidents de Châteauneuf, un statut confirmé en 1258 par Louis IX. En 1356, le quartier a été intégré dans une enceinte commune, la clouaison, unifiée en 1462 avec la création de la municipalité de Tours. À partir de 1430, le pouvoir royal a établi Tours comme capitale du royaume, dynamisant la reprise économique et démographique après la guerre de Cent Ans. En 1520, François Ier a ordonné la construction d’une nouvelle enceinte pour contenir l’expansion de la ville, travaux commencés sous Henri IV et achevés en 1690. Au XVIIe siècle, bien que le quartier Saint-Martin ait été pressenti pour accueillir de nouvelles congrégations religieuses, aucun couvent de la Contre-Réforme n’a pu s’établir dans le château neuf, l’abbaye Saint-Martin conservant son emprise sur son fief. La Révolution française a transformé Tours en commune, entraînant la suppression de toutes les églises du quartier, à l’exception de Saint-Denis, Sainte-Croix, Petit-Saint-Martin, Saint-Jean et Notre-Dame-de-Pitié. L’abbaye Saint-Martin a été convertie en écurie en 1794, et la basilique, dont les voûtes se sont effondrées le 2 décembre 1797, a été finalement détruite en 1803.

Le quartier Saint-Martin se divise en quatre secteurs principaux : le centre, qui abrite un ensemble monumental incluant la tour Charlemagne, la tour de l’Horloge, la basilique Saint-Martin, son cloître et le quartier canonial, préservant des bâtiments remarquables de l’époque médiévale et de la Renaissance, telle que la maison canoniale au 4 rue Rapin. Le secteur nord, connu sous le nom de Plumereau, le secteur ouest, appelé Petit Saint-Martin, s’étend entre la rue de la Victoire et la place des Halles, tandis que le secteur sud s’étire de la place Gaston-Paillhou aux rues Néricault-Destouche, Marceau et au boulevard Béranger.

Le quartier Saint-Julien, formé entre la cité en amont et la ville nouvelle en aval, s’est développé du VIe au XIe siècle avec l’ajout de nombreux édifices religieux, dont l’abbaye de Saint-Julien. Ce quartier, qui est le troisième noyau urbain entre le bourg de la Cité et celui de Châteauneuf, a vu ses principales voies suivre le tracé de celles du centre de l’ancienne ville. Avec l’implantation de nombreux bâtiments religieux entre le VIe et le XIe siècle, dont l’abbaye de Saint-Julien, le bourg s’est densifié et a vu l’émergence de couvents d’ordres mendiants au XIIIe siècle. En 1356, les bourgs Gatien, Martin et Julien ont été unifiés au sein d’une même enceinte, la clouaison, tandis que les quartiers Notre-Dame-la-Riche et Saint-Pierre-des-Corps restaient des faubourgs. C’est ainsi que Tours unifiée est née.

Le quartier Saint-Julien se déploie entre le bourg de la Cité à l’est et le bourg de Châteauneuf à l’ouest. Ses rues médiévales principales suivent le tracé des decumanus et cardo de l’ancienne cité de Caesarodunum : la voie est-ouest, actuellement rues Colbert et du Commerce, et un second axe est-ouest, les rues de la Scellerie et des Halles. Ces axes sont complétés par des voies nord-sud, comme les rues des Amandiers, de la Barre, Bernard-Palissy et Nationale. Situé hors des murs, le quartier s’est développé autour d’un castrum construit au IVe siècle pour fortifier le bourg. Entre le VIe et le XIIe siècle, le bourg accueille l’abbaye Saint-Vincent à l’est, l’abbaye de Saint-Julien au centre, et plus à l’ouest, les églises Saint-Saturnin et Saint-Hilaire, ainsi que le prieuré Saint-Michel-de-la-Guerche au sud. Au XIIIe siècle, le quartier, auparavant peu peuplé, assiste à l’érection de couvents d’ordres mendiants. Les Jacobins s’installent au nord de la rue Colbert, les Cordeliers dans la rue de la Scellerie, les Augustins dans la rue de la Galère, aujourd’hui rue Marceau, et les Carmes dans la rue des Carmes.

En 1356, le bourg est rassemblé au sein d’une enceinte commune appelée la clouaison, qui sera consolidée en 1462 avec la création de la municipalité de Tours. Dès 1358, la « foire-le-roi », initialement tenue à la Saint-Christophe, est déplacée en ville sur la place qui porte aujourd’hui son nom. Suite à la fin de la guerre de Cent Ans, des maisons à colombages sont érigées le long des rues du Commerce, Marceau, Colbert, de la Scellerie, du Cygne, Jules-Moineaux et de la Barre. Ces demeures constituent encore de nos jours un patrimoine civil significatif et emblématique du Vieux-Tours, avec des façades sur rue souvent rénovées en pierre dans les siècles suivants, et des cours intérieures qui ont gardé leur structure du XVe ou XVIe siècle avec des façades arrière en colombages d’origine. Pendant la Renaissance, la zone autour de la place Foire-le-Roi et des rues Colbert, du Commerce et de la Scellerie est témoin de la construction de somptueux hôtels par les riches familles tourangelles. L’art de la Renaissance, importé d’Italie dès le début du XVIe siècle, marque l’architecture de ces hôtels, mais est presque entièrement absent des maisons à pans de bois.

En 1520, François Ier a ordonné la construction d’une nouvelle enceinte pour résoudre le problème de l’expansion de la ville. Cette enceinte ne sera réellement commencée que sur ordre d’Henri IV et achevée en 1690. La Contre-Réforme a établi de nouvelles congrégations religieuses dans le quartier, au sud près du mail, le long de l’ancienne rue Chaude, aujourd’hui rue de la Préfecture. Le grand séminaire Saint-Charles, construit en 1666, est devenu un collège royal au XVIIIe siècle, un lycée impérial au XIXe siècle, puis le lycée Descartes au XXe siècle. Au numéro 3 de la rue de la Préfecture, une façade d’architecture classique illustre les XVIIIe et XIXe siècles, avec Jean Carmet et Jacques Villeret parmi ses élèves. Le grand couvent de l’ordre des Minimes, fondé par François de Paule dans le parc du château de Plessis-lès-Tours, a posé la première pierre d’un nouveau couvent au centre de la ville en 1627, situé aujourd’hui entre le 3 bis rue de la Préfecture et le 12 rue des Minimes. Les mobiliers remarquables de l’église Saint-Grégoire des Minimes (autel, tabernacle, baldaquin, lambris) ont été réalisés au XVIIe siècle par Antoine Audric et Cot Taboué.

En 1859, Napoléon III ordonne la construction de l’Hôtel du Grand Commandement militaire sur le site d’un ancien couvent pour le Maréchal Baraguey d’Hilliers. Tous les bâtiments et le mobilier, datant du XVIIe au XIXe siècle, sont classés monuments historiques en 1920. L’Union Chrétienne, érigée en 1676, sera divisée en deux par la création de la rue Buffon au XIXe siècle, laissant les deux parties encore existantes aujourd’hui. À l’est, les habitations classiques des XVIIe et XVIIIe siècles se trouvent aux numéros 2, 4, 5 de la rue Buffon et au numéro 34 de la place de la Préfecture, tandis que l’église de style baroque se situe à l’ouest, au numéro 32 de la rue de la Préfecture. Le couvent des Visitandines, fondé en 1633 et consacré en 1639 par Jacques Lemercier, deviendra le plus grand complexe religieux intra-muros de la ville. Les importants bâtiments du XVIIe siècle seront transformés en préfecture au début du XIXe siècle, l’église sera démolie et le grand cloître deviendra la cour d’honneur. Les intérieurs des XVIIe et XVIIIe siècles proviennent en partie des châteaux de Richelieu et de Chanteloup, ainsi que de l’hôtel de l’intendance détruit en 1940. L’hôtel de préfecture d’Indre-et-Loire accueillera dans le salon Choiseul des personnalités telles que Honoré de Balzac, Napoléon III, Léon Gambetta, Winston Churchill, Charles de Gaulle et Jean-Paul II. Au XXe siècle, la partie sud de l’ancien jardin du couvent, devenu le jardin de la Préfecture, est ouverte au public.

En 1750, la construction de la nouvelle route royale d’Espagne, qui s’étend sur 6 kilomètres du nord au sud de la ville et inclut le pont Wilson comme élément clé, a permis de créer un des chefs-d’œuvre urbanistiques de l’époque. Avec la Révolution, Tours devient une commune, et les églises paroissiales du quartier sont vendues et démolies. L’église du couvent des Cordeliers est transformée en salle de spectacle avant d’être détruite pour devenir le Grand Théâtre, actuel siège de l’Opéra de Tours. En 1794, le couvent des Jacobins sert d’écurie à l’artillerie et est complètement détruit par les bombardements du 15 juin 1944. Le couvent des Augustins, devenu imprimerie au début du XIXe siècle, est aussi détruit lors des bombardements de juin 1940. Au milieu du XIXe siècle, le quartier subit des modifications de voirie : réalignement de rues, création de nouvelles voies comme les rues Berthelot, Voltaire et Pimbert, et établissement d’un nouveau centre administratif au sud de la rue Nationale avec la construction d’un palais de Justice, d’un hôtel de ville et d’une gare.

Le quartier Saint-Julien peut se diviser en quatre secteurs:

le secteur nord-ouest dit place de la Résistance entre les rues Nationale, des Halles;

le secteur nord-est dit Colbert-Scellerie, entre les rues Nationale, des Amandiers, de la Barre et de la Scellerie;

Le secteur sud-ouest entre les rues des Halles, Marceau, Nationale et le boulevard Béranger ;

le secteur sud-est entre le boulevard Heurteloup et les rues Nationale, de la Scellerie et Bernard Palissy;

Le quartier Notre-Dame-la-Riche s’étend à l’ouest du decumanus (2) de Caesarodunum, où se sont développés les faubourgs médiévaux de la Riche, près du cimetière chrétien du Bas-Empire. Ce cimetière, actuelle place Abbé Payon, autrefois place de la Riche, a accueilli les dépouilles de saint Gatien et saint Lidoire dans une basilique érigée par ce dernier. Au Xe siècle, le prieuré Saint-Médard est fondé et, sur le site de la basilique de Lidoire, s’élève la nouvelle église Notre-Dame La Pauvre, qui deviendra l’église Notre-Dame-la-Riche. Au XIe siècle, le quartier est peu urbanisé et entouré de quatre institutions religieuses : la basilique Saint-Martin à l’est, le prieuré Saint-Éloi au sud, et les prieurés Sainte-Anne et Saint-Cosme à l’ouest. Pour rejoindre ces derniers, il faut emprunter le pont Sainte-Anne, qui enjambe le ruau Sainte-Anne, un canal dérivant la Loire vers le Cher. Ce ruau marque la limite ouest du quartier Notre-Dame-la-Riche. En 1356, le quartier devient un faubourg à l’ouest de la ville, avec la porte Notre-Dame-de-la-Riche intégrée à la nouvelle enceinte, la clouaison, devenant ainsi la principale sortie ouest de la ville. L’urbanisation s’intensifie le long du faubourg avec l’arrivée de nombreux ouvriers de la soie au XVe siècle, transformant la zone en un centre industriel où opèrent les maîtres-tisseurs. Le quartier conserve des maisons à pignon sur rue datant des XVe et XVIe siècles, largement modifiées par la suite. Au milieu du XVe siècle, Louis XI commande la construction d’un boulevard à l’ouest, près de la porte Saint-Simple, qui deviendra le marché aux bleds et la promenade de la Baguenauderie. Au XVIIe siècle, elle fut nommée place d’Aumont en l’honneur de César, marquis d’Aumont, gouverneur de Touraine, par les habitants de Tours. Durant la Révolution, elle servit de lieu pour la guillotine et le 26 juillet 1798, Guillaume Le Métayer, surnommé Rochambeau, y fut exécuté. Plus tard, elle prit le nom de place Gaston-Paillhou.

En 1520, pour résoudre le problème de l’expansion de la ville, François Ier ordonne la construction d’une nouvelle enceinte, qui ne commencera réellement que sur l’ordre d’Henri IV et sera achevée en 1690. Ce nouveau rempart inclut le quartier Notre-Dame-la-Riche. L’ancien faubourg est intégré à la ville, mais faute de moyens, la partie la plus occidentale, le faubourg Sainte-Anne, reste hors des murs : ce secteur devient alors la « Ville Perdue », s’étendant de la porte de ville Sainte-Anne de la nouvelle enceinte jusqu’au « ruau » Sainte-Anne, aujourd’hui rue Lamartine. Au sud, le faubourg Saint-Éloi est aussi annexé à la ville, correspondant actuellement à la rue Jules-Charpentier.

Au commencement de la Contre-Réforme, de nouvelles congrégations religieuses se sont installées dans le quartier. Grâce à un terrain offert par Diane de France, le couvent des Récollets fut érigé en 1621 avec le soutien d’Anne d’Autriche et se situe encore de nos jours au numéro 22 de la rue Rouget-de-l’Isle. Marie de Bragelongne, l’épouse de Claude Bouthillier de Chavigny et mère de Léon Bouthillier, obtint de Louis XIII le droit de fonder un couvent des Capucines rue de la Bourde en 1623. Il ne reste de ce lieu qu’un grand bâtiment de brique et de pierre datant du début du XVIIe siècle au numéro 6,8 de la rue de la Bourde et un imposant porche en pierre du XVIIIe siècle au numéro 3 de la place Gaston-Paillhou. En 1643, les annonciades établirent le couvent Notre-Dame de la Charité du Refuge entre les rues Georges-Courteline, Jean-Macé et Rouget-de-l’Isle, créant l’un des plus grands espaces religieux de Tours. Vendue en janvier 1798, une section de l’ancien couvent, située aujourd’hui au numéro 72 de la rue Georges Courteline, a été transformée en loge maçonnique. Le couvent de la Charité Saint-Roch ou l’Hôpital général de la Charité, construit de 1545 à 1650 hors des murs de la ville, est actuellement l’hôpital Bretonneau.

Au milieu du XVIIIe siècle, les fortifications du XVIIe siècle, devenues désuètes, sont transformées en promenades, et les deux secteurs du vieux faubourg Notre-Dame-la-Riche et Sainte-Anne sont unifiés après la destruction d’une partie du rempart en 1752. La Révolution française convertit Tours en commune, et le faubourg Sainte-Anne est administrativement annexé à la ville par un décret impérial le 29 mai 1808.

Dès 1790, la place d’Aumont s’étend vers le nord avec la démolition de l’église Saint-Simple, actuellement le 18 place Gaston-Paillhou ; en 1792, la ville acquiert l’église Saint-Clément pour la convertir en halle aux blés. Au début du XIXe siècle, le conseil municipal envisage plusieurs projets pour relier la halle (l’ancienne église) à la place d’Aumont. En 1863, ces projets aboutissent avec l’érection de deux halles métalliques sur le modèle des Halles de Paris, conçues par Gustave Guérin. Les places d’Aumont et des Halles ne forment plus qu’une seule place sous deux appellations. En 1883, l’église Saint-Clément est rasée pour agrandir les Halles. Le 9 novembre 1893, la place d’Aumont est renommée place Gaston-Paillhou ; les pavillons sont remplacés en 1976 par la halle actuelle. En 1845, la construction d’un quartier de cavalerie au nord, sur l’emplacement de l’ancien mail Preuilly, anime le quartier et stimule son commerce, et l’ancien ruau Sainte-Anne devient un jardin botanique. Adjacent au quartier de cavalerie, devenu la caserne Lasalle, le champ de Mars à l’est est utilisé comme terrain d’entraînement militaire et comme marché aux bestiaux. Au sud, entre les rues de la Bourde, anciennement faubourg Saint-Éloi et aujourd’hui rue Jules-Charpentier, se développe une cité ouvrière. Entre 1867 et 1873, la cité de la maison Mame est érigée par l’architecte Henri Racine, formant un ensemble de 62 maisons individuelles en pierre et brique, disposées autour d’une place centrale. Le quartier de Notre-Dame-La-Riche se divise en deux parties : le secteur nord est circonscrit par la rue de la Victoire, le boulevard Preuilly, la rue Léon-Boyer et le côté nord de la rue Rouget-de-Lisle ; tandis que le secteur sud est bordé par le côté sud de la rue Rouget-de-Lisle, la place des Halles de Tours, le boulevard Béranger et la rue Léon-Boyer.

2-Le decumanus est un axe est-ouest dans une ville romaine.

Le quartier Saint-Pierre-des-Corps s’est développé à l’est du decumanus de la ville romaine, marqué par l’établissement d’une nécropole à incinération durant le Haut-Empire. Cette nécropole constituait l’entrée et la sortie est de la ville romaine. Au début du IVe siècle, la ville se replie dans son castrum, rendant la nécropole hors usage. Entre le IXe et le Xe siècle, l’église Saint-Pierre-des-Corps est érigée, tirant son nom de la proximité avec l’ancienne nécropole. Reconstruite au XIe siècle, une place se forme à l’ouest devant l’église. Au XIIe siècle, le quartier est peu urbanisé, encadré par l’abbaye de Marmoutier au nord, le prieuré Saint-Loup à l’est, et l’église Saint-Jean Descous au sud. Le faubourg s’étoffe au siècle suivant avec des maisons à pans de bois et pignons sur rue. Au XIVe siècle, la construction de la clouaison relègue la paroisse de Saint-Pierre-des-Corps hors des murs, tout en préservant son statut de faubourg. Proche des berges de la Loire, il abrite des bateliers et des commerçants. Plusieurs maisons de cette époque, avec des pignons sur rue, subsistent, dont la plupart des façades ont été restaurées en tuffeau, et d’autres présentent des murs gouttereaux sur rue.

La position du faubourg le long des rives de la Loire le rend vulnérable aux inondations, en particulier celle de 1520 qui fut extrêmement violente. Cette même année, François Ier a ordonné la construction d’une nouvelle muraille englobant le quartier Saint-Pierre-des-Corps, intégrant ainsi l’ancien faubourg à la ville. La construction de l’enceinte ne débuta réellement que sous Henri IV et s’acheva en 1690. La Révolution a ensuite transformé Tours en commune pendant la Restauration.

Le canal reliant le Cher à la Loire a été construit pour stimuler la navigation fluviale de l’ancien faubourg. Ouvert en 1828, il marque l’extrémité ouest du canal de Berry, commencé en 1808 pour rendre le Cher navigable. Cependant, malgré sa fonction de déversoir, le canal n’a pas pu prévenir les graves inondations causées par les crues simultanées de la Loire et du Cher en 1856.

En 1902, la création de la rue Mirabeau, qui devait connecter les quais aux boulevards établis sur l’emplacement des anciens remparts du XVIIe siècle, a divisé le quartier en deux. En 1904, la rue du Faubourg-Saint-Pierre-des-Corps a été renommée par la municipalité en rue Blanqui.

Le quartier de Saint-Pierre-des-Corps se divise en deux parties distinctes, séparées par la rue Mirabeau : à l’est, s’étendant de la Loire au nord jusqu’au boulevard Heurteloup, et à l’ouest, bordé par les rues Mirabeau et de Loches, également jusqu’au boulevard Heurteloup.

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Sources; divers site du net, Wikipédia

https://www.facebook.com/groups/3006510122825004/posts/les-quartiers-du-vieux-tours/3121660374643311/

Photos: Wikipédia

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