Balade dans le passéHistoireVilles et villages de Touraine

L’HISTOIRE DE CORMERY

La Ville de Cormery présente dans son aspect actuel les traces d’un passé plus que millénaire et doit son existence et son développement à la fondation d’un établissement monastique (1) qui deviendra l’abbaye (2) Saint-Paul.

L’histoire de l’abbaye est étroitement liée à celle de Tours par l’intermédiaire de Saint-Martin, grand évangélisateur de la Gaule, évêque métropolitain de Tours (entre 371 et 397+), fondateur des premiers véritables monastères de la Gaule (Ligugé près de Poitiers, Marmoutier près de Tours). À sa mort, son tombeau devient un grand centre de pèlerinage européen.
Avec l’arrivée des carolingiens (752, couronnement de Pépin le Bref, puis 800, couronnement de Charlemagne, empereur), l’abbaye de Saint-Martin devient une des trois grandes abbayes royales avec Reims et Saint-Denis. C’est dans ce contexte que « Locus Cormarico » (a) est choisi parmi les possessions de Saint-Martin de Tours.


Fidèles à des traditions de famille, les princes mérovingiens, avant de descendre dans la tombe, avaient coutume de partager leurs états entre tous leurs enfants. Rarement, dit-on, un acte d’héritage fut un acte d’amitié. En ce temps-là, surtout, le plus fort ou le plus fin trouvait souvent que la portion de ses frères était la meilleure. Du mécontentement aux plaintes il n’y avait pas loin ; des plaintes on passait vite aux injures ; la querelle était aussitôt engagée. De là ces agitations sans fin qui ébranlèrent nos provinces. La guerre, le plus terrible des fléaux, désolait sans cesse nos campagnes. Entre ces princes turbulents, que de naïfs chroniqueurs, en cela semblables ai tant d’autres historiens, appellent des héros, il n’y avait ni repos ni trêve. Partout retentissait le bruit des armes. Je me trompe ; au milieu de tant de désordres, il y avait des asiles de paix. Chose étonnante, ils étaient respectés de gens qui violaient sans scrupule les serments les plus sacrés. C’étaient les monastères. À l’ombre du cloître, on trouvait la sécurité, inconnue ailleurs. La religion élevait des remparts au pied desquels venaient expirer la violence, la vengeance, et toutes les passions humaines.

Situé dans la vallée de l’Indre à proximité de la Loire, le monastère de Cormery fut fondé par l’abbaye de Saint-Martin de Tours à la fin du VIIIème siècle et resta en fonction jusqu’à la Révolution française. Par la suite, les bâtiments monastiques furent vendus et l’église fut peu à peu détruite, à l’exception de la tour-clocher qui est toujours en élévation aujourd’hui. Dans les années 1990, le site fit l’objet de relevés architecturaux et de photographies par la DRAC qui mirent en avant l’important degré de conservation du monastère1. L’acquisition de plusieurs bâtiments par la mairie et les aménagements réalisés depuis lors ont ouvert de nouvelles possibilités d’étude, qui ont débuté en 2014 sous la forme d’un doctorat en archéologie ; une recherche qui s’inscrit dans un contexte de renouveau des études monastiques menées sur les établissements bénédictins comme à Cluny, Marmoutier, Aniane ou encore Lagrasse. Cette enquête diachronique et multi-scalaire repose sur le croisement de sources diverses : les fonds d’archives textuelles médiévaux et modernes, les données planimétriques et iconographiques et, enfin, les sources matérielles obtenues par des fouilles archéologiques et des relevés de bâti. Le site a fait l’objet d’une campagne de relevé laser exhaustive en 2015, qui a été complétée par des relevés photogrammétriques supplémentaires lors des visites des bâtiments individuels situés dans l’emprise du monastère. En parallèle, des sondages archéologiques ont été menés en 2017 au sein de la galerie sud du cloître ainsi qu’à l’emplacement du transept nord de l’église abbatiale. L’analyse architecturale, topographique et fonctionnelle de l’établissement monastique sur la longue durée constitue la problématique principale de ce travail de thèse. En complément, l’approche monographique du site s’est appuyée sur un corpus comparatif constitué de huit autres abbayes bénédictines situées dans l’emprise de l’ancien diocèse de Tours et, pour la plupart, fondées au cours du xie siècle

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