Hebdotouraine

Au pays des châteaux

Un château est à l’origine une construction médiévale destinée à protéger le seigneur et à symboliser son autorité au sein du fief. Les premiers châteaux étaient construits en bois souvent sur une élévation de terre (motte castrale ou féodale), puis en pierre afin de résister aux nouvelles armes de guerre. On les appela les châteaux forts. À la Renaissance, les rois de France, bientôt imités par leurs vassaux, décidèrent de construire ou d’aménager leurs châteaux non plus pour la défense mais pour leur agrément et leur confort.

Documentaire, 1h30 minutes
Touraine Est :
C’est une véritable œuvre architecturale que le roi se plaît à montrer à des souverains et ambassadeurs comme un symbole de son pouvoir inscrit dans la pierre. Le plan du château et ses décors ont été conçus autour d’un axe central : le fameux escalier à doubles révolutions, inspiré par Léonard de Vinci, spirale ascendante qui mène au foisonnement des cheminées et chapiteaux sculptés, sur les terrasses.
Sud Touraine :
betz-le-chateau

Le bourg de Betz fut bâti sur un site défensif naturel. Au  Xème et XIème siècles, les seigneurs de Betz occupaient un château de bois, situé sur la motte castrale visible au chevet de l’église.

En 1961, l’aménagement d’un parking a entamé la motte et mis à jour l’emplacement du fossé de défense, des ponnes et le foyer culinaire.
Au XVème siècle, la famille de Betz fit construire le château actuel. En 1987, une nécropole gallo-romaine fut mise à jour. Plusieurs pièces funéraires sont visibles au mini-musée de la mairie. Forteresse du XVème siècle, le château de Betz fut construit entre 1444 et 1476. Il comprend encore un important corps de logis flanqué de deux tours, l’une cylindrique, l’autre carrée ou subsistent les rainures de l’ancien pont-levis. Malgré la beauté et la majesté de ses vieilles pierres, la curiosité de cet édifice réside surtout dans ses souterrains. Il est impossible de les dater mais on peut affirmer qu’ils sont au moins du XIème siècle, sans doute antérieurs, peut-être même ont-ils été creusés à l’époque des invasions barbares (Vème siècle).


Touraine de l’ouest :

Le château d’Ussé, le château de la Belle au Bois Dormant.
Tours et ses environs :
Au nord de la Touraine :

La Touraine féodale (Xème siècle au début du XIIIème siècle)

Ayant ainsi compris que Tours n’était pas encore de son parti, le comte d’Anjou Foulques III Nerra se résolut à l’investir à long terme : d’où désormais son effort systématique pour hérisser la Touraine de points forts qui, solidement tenus par d’actives garnisons, couperaient progressivement les communications de Tours avec les autres domaines de Thibaud et d’Eudes. Foulques Nerra possédait déjà d’importants ouvrages forts gênants pour ses adversaires : Amboise bloquait la rive gauche de la Loire ; la vallée de l’Indre était triplement verrouillée par BuzançaisChâtillon et Loches ; toute diversion par le Poitou était devenue difficile par la possession de la Haye, Loudun et Mirebeau ; et déjà Foulques s’était assuré en Touraine du Nord une voie de liaison entre Amboise et l’Anjou. Cet itinéraire est ainsi précisé par Thomas Pactius ou Thomas de Loches dans les Gesta consulum Andegavorum : “D’Amboise le comte, traversant la Loire, logeait dans la demeure qu’il avait lui-même fortifiée, anciennement appelée Caramantum (Chéramant, sur le territoire actuel de Saint-Nicolas-des-Mottets), et maintenant Villa Moranni (le bourg de Morand). Ensuite par Semblanchiacum (Semblançay) qu’il avait aussi fortifié pour lui même, et par la terre d’un homme qui était son ami, Hugues d’Alluye qui était seigneur d’une forteresse appelée Castellum (Château, plus tard la Vallière) et de Saint-Christophe, de là il entrait dans la Vallée, et descendait ainsi jusqu’à Angers comme bon lui semblait (ad libitum) malgré le mauvais vouloir des habitants de Tours.”

Le comte d’Anjou commença aussitôt l’aménagement d’autres points forts : Montrésor dominant la vallée de l’Indrois, Montrichard celle du Cher, Sainte-Maure celle de la Manse ; puis, de plus en plus prêt de Tours : Langeais et Montboyau sur la Loire, Montbazon sur l’Indre. L’année 994 fut surtout marquée par une contre-attaque d’Eudes Ier, qui pour rompre l’encerclement de Tours, et profitant que son adversaire combattait en Bretagne, s’empara des châteaux de Montbazon et de Langeais, à peine terminés.

(Histoire de Touraine et d’Indre -et-Loire. PierreLeveel, C.L.D.) 3 mars 2021

L’Archéologie source de l’Histoire – Le château médiéval de Semblançay

Le château de Semblançay n’a été étudié qu’une seule fois, il y a soixante dix ans, par Edouard Gatian de Clérambault, en un mémoire qui reste très sommaire pour ce qui est des parties romanes de la forteresse (1). A bien des égards ce travail, estimable en son temps, reste dépassé. Il convient donc de rouvrir le dossier archéologique de ce monument, dont l’importance mérite d’être soulignée (2). Aucun texte ne nous renseigne sur la construction des parties romanes de l’actuel château de Semblançay. La forteresse existait déjà à une époque antérieure aux guerres de Foulque Nerra. En 888 un seigneur de Semblançay avait aidé Ingelger, ancêtre des comtes d’Anjou, dans ses luttes contre l’évêque d’Auxerre (3). Plus tard, vers l’an mil, Foulque Nerra s’empara de la place, sans doute pour contrôler les environs septentrionaux de la ville de Tours. Ce contrôle était d’ailleurs renforcé par l’alliance entre Foulque et Hugues d’Alluye, qui tenait le château voisin de Saint-Christophe (4). Au contraire de LangeaisMontbazonMontrichardMontboyau, etc., Semblançay n’a pas compté au nombre des fortins fondés en Touraine par Foulque Nerra.

Mais nous verrons que la topographie de Semblançay, qui incitait à la conception d’un programme de construction peu habituel en Touraine, ne faisait tout de même pas obstacle à la mise en œuvre des principes chers au comte angevin : le donjon et ses parties attenantes ont été édifiés sur un massif rocheux qui émergeait d’un étang ; celui-ci a été asséché au XVIIIe siècle et était auparavant alimenté en eau par un modeste ruisseau affluent de la Choisille. L’étang était assez vaste : ses berges, qui ont été maçonnées au nord-est par Jacques de Beaune au XVIe siècle, ont un tracé vaguement circulaire accusant un diamètre d’environ 150 mètres. Le ruisseau permettait une abondante alimentation en eau. En effet, outre que ce cours d’eau emplissait, en amont, les douves des châteaux du Grand Launay et de Dolbeau, de nos jours il concourt au fonctionnement, à un kilomètre en aval, des « Grands Moulins de Semblançay », établissement industriel en pleine exploitation. Or, ce fonctionnement est conditionné par une vaste retenue d’eau formant une sorte de petit lac de barrage.

De nos jours, le donjon et les courtines qui l’entourent dominent d’environ dix mètres la prairie qui servait d’assiette à l’étang. Venant du nord, le ruisseau traverse cette prairie d’où il ressort par l’est après avoir contourné l’ensemble fortifié par l’ouest et le sud. On voit ainsi qu’à Semblançay le château n’a pas été une forteresse sur éperon, comme à Langeais, Montbazon, Saint-Christophe, Montrichard, Chinon, Amboise, Loches, Montrésor, Lavardin, Blois, etc. Ce château n’était pas non plus établi sur une île, comme à Azay-le-Rideau ou à l’Ile-Bouchard, ni sur une berge, comme à la Haye ou à Tours, ni sur un mamelon aux pentes douces comme à Sainte-Maure, pas plus que sur un rebord de falaise, comme à Rochecorbon. Semblançay était planté sur un petit massif de rochers entouré d’un étang sans doute assez fourni en eau. Ce massif rocheux n’avait à l’origine qu’environ 25 ares de superficie et s’élevait au maximum à cinq ou six mètres au-dessus du niveau du ruisseau (5). Mais, dans les premiers temps, l’étang n’entourait pas complètement les rochers : ceux-ci se prolongeaient en épine vers le nord-est, comme le prouve la présence dans la prairie d’un gros bloc témoin de cette épine.

 Celle-ci ne fut supprimée qu’à une époque tardive, peut-être vers la fin du XIIe siècle. L’élévation de ce bloc-témoin donne une idée à peu près exacte de celle qu’avait l’épine rocheuse avant sa suppression. Elle permet de déduire que, du côté de cette épine, c’est-à-dire vers l’est, le massif rocheux était moins haut que vers l’ouest ; mais nous reparlerons de cet important détail topographique.

Gatian de Clérambault a fort judicieusement daté le donjon de la deuxième moitié du XIIe siècle.

Cette opinion se vérifie d’abord par la facture des maçonneries (moyen appareil de tuffeau à joints assez fins) ; ensuite par un plan carré, alors qu’à l’époque précédente les ingénieurs préféraient le plan barlong (Montbazon, Sainte-Suzanne, Loches) ; enfin — et surtout — par un caractère résidentiel mieux affirmé que partout ailleurs, au moins en Touraine.

 Pour construire cet édifice on a arasé presque totalement la motte qui, au temps de Foulque Nerra, recouvrait dans sa plus grande partie le massif rocheux, de sorte que notre donjon est fondé à même le roc. Toutefois — et ceci nous paraît important — les rochers ont une élévation plus sensible vers l’ouest, où ils affleurent en falaise, que vers l’est, où ils sont encore recouverts par des remblais de terre ayant appartenu aux terrassements de la motte. Ainsi, le constructeur du donjon trouva, pour élever son monument, des assises plus sûres à l’ouest qu’à l’est : il lui a fallu asseoir une bâtisse cubique, de plan carré, sur un substrat rocheux très inégal et sans doute artificiellement nivelé, ici et là mais surtout vers l’est, par des terrassements. Cette topographie, nous le verrons, explique certaines particularités du donjon. Nous ignorons quelle fut la composition du château de Semblançay au temps de Foulque Nerra.

 Cependant, la topographie permet de supposer qu’elle s’apparenta à celle que nous avons pu définir par l’étude des fortins fondés par Foulque Nerra et par celle des grandes forteresses (Amboise, Loches, Chinon) dont les Angevins se rendirent maîtres avant le milieu du XIe siècle.

Nous avons montré qu’en contrebas d’une motte située vers la racine du promontoire le comte établissait, à la pointe de l’éperon et donc à l’endroit le mieux protégé, un domicilium qui était le logis du maître de la forteresse (6). Or, le massif rocheux, qui porte le donjon de Semblançay, s’avance, au sud-ouest, en une sorte de cap en forte saillie sur l’ancien étang.

A un tel emplacement, le domicilium eût été entouré par les eaux sur trois côtés ; il eût, en outre, été surélevé assez sensiblement par sa situation à l’endroit où les rochers atteignent leur plus haut niveau. Cette hypothèse, qu’à défaut de fouilles je donne pour telle, est renforcée par deux considérations.

D’abord la motte n’eût pu recouvrir ce cap, à moins de dissimuler sous elle l’entier massif rocheux, ce qui est peu vraisemblable si on observe que ce massif, diminué du cap, a un tracé vaguement circulaire qui convenait trop bien au support d’une motte.

 Ensuite, lorsqu’au XVIe siècle Jacques de Beaune s’installait à Semblançay, il relia les bâtiments d’habitation, qu’il venait d’édifier au sud du donjon, à une tour préexistante qui est plantée actuellement sur le cap et qui, construite au XIVe siècle, a peut-être servi à agrandir et à compléter le domicilium encore conservé à cette époque : ouverte à la gorge et assez curieusement dotée d’une cheminée (7), cette tour, dont les parois sont d’ailleurs minces, avait un rôle résidentiel que ses faibles dimensions (4 mètres dans œuvre) devaient limiter. Aussi d’autres bâtiments devaient-ils la compléter : une tour ouverte à la gorge est, en principe, difficilement chauffable ; ici sa cheminée, pourtant, n’a pas été ménagée pour rien.

 Cette tour a été conservée par Jacques de Beaune comme annexe à ses bâtiments. Il est vraisemblable qu’elle avait servi aussi à compléter un ensemble monumental antérieur et destiné à l’habitation, qui ne lui était pas nécessairement contemporain.

Le donjon est élevé sur plan rigoureusement carré. Hors œuvre, ses dimensions sont de 13 m X 13 m. Au rez-de-chaussée, les murs ont 2,40 m d’épaisseur, ce qui réduit les dimensions dans œuvre à 8,20 m X 8,20 m.

Par l’effet d’une retraite interne de 0,60 m, l’épaisseur murale n’est que de 1,80 m à l’étage. Sur chacun de ses côtés, le donjon est épaulé par trois contreforts qui méritent un examen particulier.

Les douze contreforts du donjon n’épaulent la bâtisse qu’au niveau du rez-de-chaussée, contre les parties hautes duquel ils s’amortissent en glacis. La plupart de ces glacis sont d’ailleurs très détériorés sinon ruinés. Comme nous le verrons, le donjon, qui n’a aujourd’hui qu’un premier étage au -dessus du rez-de-chaussée, en avait au moins un second à l’origine.

Les étages du donjon, comme l’actuel premier étage, n’étaient donc pas épaulés par des contreforts. D’autre part, les contreforts sont beaucoup plus importants du côté oriental que sur les autres faces du donjon. A l’est les contreforts d’angle ont deux ressauts, tandis qu’aux autres angles ils n’en ont qu’un. Quant au contrefort médian de la face orientale, sa saillie atteint 1,02 m et son épaisseur 2 mètres. De telles dimensions sont insolites, si on considère que les autres contreforts médians n’ont en saillie que 0,45 m sur la face occidentale et 0,35 m sur les faces nord et sud ; quant aux épaisseurs elles ne sont que de 1,60 m à l’ouest, 1,30 m au sud, les 2 mètres étant cependant atteints au nord.

Donc, sur la face orientale, les contreforts sont beaucoup plus puissants, tant en épaisseur qu’en saillie, que sur les autres faces. De telles différences ne sauraient être fortuites. En effet, nous avons vu que le substrat rocheux qui porte le donjon atteint à l’ouest un niveau plus élevé qu’à l’est, où il se dérobe et où les terrassements artificiels, issus sans doute de l’ancienne motte, ont racheté de sensibles inégalités de niveaux.

Sur le front oriental, on a donc été contraint de renforcer les contreforts du donjon pour bien équilibrer une bâtisse assurément fondée, de ce côté, plus bas que sur les autres.

L’élévation réduite de tous les contreforts qui, nous l’avons vu, est égale à celle du rez-de-chaussée du donjon, et leur plus grande puissance du côté où le substrat rocheux se dérobe, constituent deux faits qui autorisent à déduire qu’à Semblançay les contreforts ont eu autant pour fonction d’équilibrer la bâtisse, de bien l’arrimer et de la river au mieux à un fond rocheux inégal, que d’épauler une élévation qui s’est passée de tels renforcements au moins sur deux étages.

Doit-on en tirer une conclusion générale sur la fonction et l’utilité des contreforts ? Bien que la saillie des contreforts fût souvent trop faible pour un épaulement efficace (Huriel, Loudun et même Loches), bien que, dans bien des cas, il n’y eût pas de contreforts, nous ne nierons pas que” ces éléments aient eu pour utilité d’augmenter la puissance d’un donjon en renforçant ses murs.

Mais il arrivait que la puissance et la répartition des contreforts fussent variables à un même monument.

J’en ai donné une explication pour le donjon de Montbazon (8). Mais le phénomène se remarque ailleurs, à Arques, à Chauvigny, par exemple, et pourrait s’expliquer par une étude attentive du substrat, rocheux ou non, qui porte le monument.

 En tous cas, à Semblançay, où on avait peut-être dans un premier projet envisagé une plus sensible élévation des contreforts ; leurs différences de puissance prouvent que leur utilité a surtout consisté à bien équilibrer une bâtisse qui n’était pas fondée sur un sol d’assiette égal.

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Le village de Buzançais s’est développée autour du château établi en ce lieu, au bord de l’Indre, à la fin du IX siècle. La première fortification de Buzançais remonte à l’époque des invasions normandes. Elle fut faite, avec l’aide du roi Louis VI le Bègue, à la demande d’Ingelger, père de Foulques dit le Roux, premier comte d’Anjou. On peut voir en ville des vestiges appartenant à deux châteaux. Le “château vieux” correspond au castrum mentionné en 1089, pris par Philippe Auguste en 1173, pour Louis VII et en 1188. Il comprend les restes d’une motte, signalée dans la topographie urbaine par une rue circulaire dite de la Motte. Dessus se dresse un important massif de maçonnerie, dernier vestige du donjon de Buzançais qui était de plan rectangulaire. L’état du comté de Buzançais rédigé en 1632 le décrit ainsi: “le chastel dudit Buzançais, que l’on appelle le chastel viel, est composé d’ung donjon assis et enlevé sur une motte et moisson de terre proche les murailles de la ville dudit Buzançais, composé de huit chambres à feu, une salle basse, une salle haulte, grenier et galletas, avec cour, puy et cave, boulangerie et offices, lequel donjon est entouré de faulces brayes. A la sortie dudit donjon y a une belle basse cour, grange fort spacieuse avec deux grandes et belles allées. à l’un des costés de laquelle cour est le chastelneuf, proche duquel chastelneuf y avoit un grand pont dormant, au bout duquel y a à présent un pont-levis pour entrer audit donjon”. Le château neuf construit après 1531 par Philippe Chabot a été brûlé en 1944. De la construction du milieu du XVIe siècle subsistent une partie du mur de soubassement occidental et cinq épais contreforts, dont quatre tronqués. D’après une description de 1565 le “neuf chastel était basty de deux grands pavillons, l’un à l’occident, l’autre à l’orient accompagné d’un beau jeu de paume et sur le midi d’un des plus beaux colombiers de France, lequel est de forme ronde, bâti sur pied, ayant par le dedans de 7 à 8 toises de diamètre et de 12 à 13 toises de hauteur”.
Buzançais était close et enceinte de haultes murailles, tours et profonds fossés. L’enceinte a été agrandie vers le sud pour englober le Châteauneuf, avec ses dépendances, sa cour et ses jardins. En 1632, la ville “est d’assez bon circuit, enlevé de beaux et bons fossez et murailles hors d’escallade, fort espaisses, garnies de plusieurs tours, pour la deffense de ladicte ville, avec une grande fontaine et deux beaux et forts pourtaux maschicolizez pour entrer et sortir de ladicte ville”. Un aveu de 1668 donne les précisions suivantes: elle a “murailles avec parapets, canonnières, grands fossés derrière à fond de cuve, deux grandes portes, une au-dessus et l’autre au-dessous de madite ville dans deux pavillons flanqués et machicoulizés, où il y a grands et petits ponts-levis, une autre petite poterne ou huisset et une autre grande porte qui va de mon château en maditte ville”. De cette enceinte restait une portion de muraille conservée le long de la place des Jeux depuis la rue Neuve et récemment masquée. De l’autre côté de la rue Neuve, dont le tracé a coupé le rempart à l’emplacement de l’ancienne tour aux Couteaux, une vingtaine de mètres de la muraille est encore visible dans un jardin, aboutissant à la tour de l’angle nord-ouest des fortifications dont seule la base subsiste. Une autre portion du rempart se trouve à l’est, dans le jardin du presbytère, dans le prolongement des anciens bâtiments conventuels de Sainte-Croix. À l’angle de ceux-ci se trouvait la Tour à la Pie. Des vestiges du pont joignant le Châteauneuf à la ville ont été découverts en fouille. Restent aussi les murs d’une maison accolée à l’enceinte. Les deux principales portes, dites Porte de Dessus et Porte de Dessous, qui fermaient les extrémités de la Grand’Rue ont été détruites avant la fin du XVIIIe siècle. À l’intérieur des remparts se trouvaient l’église Saint-Honoré avec son cimetière, les halles publiques et l’auditoire de justice servant de maison commune, le couvent de Sainte-Croix, le four banal, le grenier à sel et la maison du collège. À l’extérieur, où plusieurs faubourgs se sont développés, l’Hôtel-Dieu, le cimetière, la chapelle de Saint-Lazare, l’église de Notre-Dame, la chapelle de Saint-Jean, la maison dite du Landais, le champ de foire, les grands moulins, l’église paroissiale de Saint-Étienne et la chapelle de la commanderie de Beauvais.
Eugène Hubert propose comme étymologie l’adjectif rallu, usité selon lui dans le dialecte berrichon dans le sens de gaieté. La Ralluère évoquerait donc un lieu de réjouissance, ou l’heureuse humeur de son constructeur. En 1408, La Raluère est un fief dépendant du chäteau d’Argy et comprenant “un hostel (comprenez maison) et hébergement avec garenne” et quelques terres. En 1568, Roland d’Orléans, écuyer, vend La Raluère pour 10500 livres. Le domaine est acquis en 1649 par Jean d’Aubépin dont les descendants le possèdent jusqu’en 1782. Le manoir seigneurial se compose à l’origine d’un quadrilatère flanqué aux quatre coins de cinq tourelles. Trois subsistent, mais les bâtiments ont été considérablement modifiés vers 1890 par le propriétaire d’alors, M. Babuty. Dans une des tourelles se trouve une ancienne chapelle dont la porte s’orne d’un écusson armorié.

Château fort de Chatillon-sur-Indre. Le château joua un rôle important dans les luttes entre Henri II d’Angleterre et Philippe-Auguste. Henri II fit construire une puissante forteresse entre 1160 et 1185 (dont subsiste le donjon, de forme légèrement conique, et sa chemise), le château fut réuni au domaine royal début XIIIe siècle. En 1272 fut construit un logis. Philippe III continua les travaux qui furent terminés vers 1289. Une chapelle à deux niveaux est accolée au logis sa charpente fut reprise au XIVe ou au XVe siècle. Contre la courtine nord s’appuie un bâtiment qui servit de prison jusqu’au XIXe siècle, sa charpente fut mise en place entre 1379 et 1384. Le château fut délaissé par la royauté dès le début du XVIe siècle. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la grande salle du logis abritait l’auditoire de justice. Elle fut aménagée en salle des fêtes par A. Laprade en 1933. On remarque la présence de peintures murales de la fin du XIIIe siècle dans les cinq salles hautes du logis (frises à décor géométrique, blasons encadrés de motifs végétaux)

Histoire du château de Châtillon-sur-Indre
Le château de Loches :

Lorsque Louis le Bègue, fils de Charles le Chauve, fit de Tours une préfecture royale, il en nomma Ingelger préfet. En reconnaissance de ses services, il lui donne une partie du comté d’Anjou et lui fait épouser la fille du comte de Gatinais. Leur fils Foulques le Roux épousera Roscille de Loches qui lui apportera la forteresse de Loches. C’est ainsi que naîtra la puissante famille des comtes d’Anjou. Le donjon fut réalisé par Foulques Nerra, quatrième comte d’Anjou. Une analyse dendrochronologie réalisée sur des restes de poutres situe la construction entre 1013 et 10353.

Au xiie siècle, Henri II Plantagenêt fait ériger les magnifiques remparts et les douves qui entourent la ville haute, les chefs-d’œuvre de cette époque toujours visibles actuellement. Donné à Philippe-Auguste par Jean Sans Terre, en 1193, Il est repris par Richard Cœur de Lion l’année suivante, lors d’un siège de trois heures, selon une légende.

Loches constitue l’une des forteresses médiévales les mieux conservées d’Europe. Construite au bord de l’Indre, elle doit son existence à un éperon rocheux dominant la vallée, premier lieu d’implantation.

Loches est citée pour la première fois au VIe siècle par l’historien Grégoire de Tours, qui mentionne la fondation d’un prieuré par l’ermite Ursus (saint Ours). Un castrum gallo-romain existe alors avec certitude au sommet de l’éperon rocheux, sans que l’on puisse encore déterminer sa forme. Vers l’an 900, la ville entre dans les possessions angevines. Durant plus de trois siècles, les comtes d’Anjou, bientôt rois d’Angleterre, font de Loches une forteresse imprenable. De Foulques Nerra à Richard Cœur de Lion, en passant par Henri II Plantagenêt, les comtes d’Anjou ont été les bâtisseurs d’un ensemble fortifié exceptionnel encore en grande partie conservé : une tour maîtresse (le donjon) et un palais comtal (disparu) aux dimensions presque inégalées ; une collégiale (actuelle église Saint-Ours) au profil unique ; une double ceinture de remparts protégeant l’ensemble du promontoire rocheux, munie de plusieurs portes fortifiées et de trois tours en amande monumentales. Malgré ses atouts, la forteresse de Loches est prise en 1205 par le roi de France, Philippe Auguste. À partir de 1249 et jusqu’à la Révolution française, Loches détient le statut de ville royale, administrée directement par des gouverneurs. Du XIVe siècle au début du XVIe siècle, plusieurs rois de France séjournent à Loches (Charles VII, Louis XI, François Ier). La construction de logis royaux au nord de l’éperon rocheux, en remplacement de l’ancien palais comtal, en témoigne. Dès le XIIIe siècle, une ville s’installe au pied de la forteresse, protégée à son tour d’une enceinte, dont deux portes subsistent. Au XVIe siècle, elle connaît une certaine prospérité, bénéficiant d’une situation importante sur la route commerçante de Paris en Espagne. Parallèlement, Loches est dotée de tous les grands services administratifs, judiciaires et financiers. À ce titre, elle tient un rôle majeur en Touraine, comparable au pouvoir d’Amboise et de Chinon. Enfin, la ville se dote de nombreuses constructions publiques et privées de style Renaissance, dont certaines constituent des exemples d’innovations exceptionnels pour l’époque, comme l’hôtel de ville, la tour Saint-Antoine et la Chancellerie. Après la Révolution, Loches devient sous-préfecture, statut qu’elle conserve. Sous le Second Empire, elle s’équipe de plusieurs bâtiments publics comme le palais de justice, la gendarmerie ou les anciennes écoles de filles et de garçons.



Le comte d’Anjou commença aussitôt l’aménagement d’autres points forts : Montrésor dominant la vallée de l’Indrois, Montrichard celle du Cher, Sainte-Maure celle de la Manse ; puis, de plus en plus prêt de Tours : Langeais et Montboyau sur la Loire, Montbazon sur l’Indre. L’année 994 fut surtout marquée par une contre-attaque d’Eudes Ier, qui pour rompre l’encerclement de Tours, et profitant que son adversaire combattait en Bretagne, s’empara des châteaux de Montbazon et de Langeais, à peine terminés.

(Histoire de Touraine et d’Indre -et-Loire. PierreLeveel, C.L.D.)


Le château de Puy-Gibault est une construction du 19ème siècle du style néo-renaissance. Il appartient à l’hôpital de Loches. Mais n’ayant jamais pu être utilisé pour des activités hospitalières, il a été laissé à l’abandon durant de nombreuses années. Actuellement, il se trouve enclavé dans l’enceinte du site Hospitalier du même nom (L’Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (E.H.P.A.D) Situé Route de Puygibault appartenant à l’Hopital de Loches, et l’internat du lycée privé Saint Denis International School, construit en 1991.

Historique.
Le manoir de Puy Gibault, qui figure encore sur le premier cadastre de 1826, s’élevait au bord du chemin et affecte curieusement le même plan que l’hôtel de la rue du château qui les abritera plus tard. Il fut remplacé en 1885 par l’édifice actuel, élevé par l’architecte Collet, qui collabora avec Guérin pour le palais de justice de Loches en 1866. Il est l’un des témoins de cette architecture contemporaine à laquelle on commence à prêter quelque attention. Il est donc particulièrement regrettable de le voir laisser à l’abandon et promis à une ruine certaine, ce qui pourrait motiver sa destruction, ce qui serait un vrai scandale. Il n’est sans doute pas inutile de revenir sur ce domaine de Puy Gibault, dont le nom reste attaché à cette branche de la famille Haincque, et d’essayer d’en retrouver l’histoire. Selon Carré de Busserolle qui lui donne comme propriétaire en 1542 Guillaume Sauvage, ce serait un ancien fief. Mais il n’est pas mentionné à ce titre dans le rôle de 1639 et les actes du XVIIIe siècle que nous avons pu consulter ne parlent pas du: « fief, terre et seigneurie de » suivant la formule consacrée, mais plus simplement du « lieu, métairie et closerie de Puy Gibault ». Les bâtiments et une partie des terres relevaient essentiellement de la seigneurie de May à Chanceaux, à laquelle était due une rente de quatre boisseaux et demi (de blé sans doute) et deux boisseaux d’avoine.

La question se pose de savoir jusqu’à quelle époque la famille Haincque resta propriétaire de Puy Gibault, qui selon le dictionnaire d’Indre et Loire, serait passé dès 1702 à Gabriel Dalonneau, lequel fut inhumé le 17 juillet de cette année là ? Les documents retrouvés ne donnant pas d’origine de propriété pour cette première moitié du XVIIIe siècle, il y a là une lacune que nous n’avons pu combler à ce jour. Mais on remarque que Pierre Haincque ne fait jamais suivre son nom de celui de Puy Gibault, ce qui semble indiquer qu’il n’en eut jamais la possession. Cependant, dans son acte de mariage, son père est appelé « Adrien Haincque de Puy Gibault» et dans son testament rédigé en 1758, sa mère se dit veuve « du sieur de Puy Gibault ». Il apparaît pourtant certain qu’à cette date le domaine n’était plus dans leur patrimoine, car il appartenait à Gilles Moreau, receveur au grenier à sel de la ville et à son épouse Anne-Catherine Durifflé. Leur mariage avait été célébré à Saint-Ours le 25 octobre 1700 et elle était veuve lorsqu’elle fut enterrée à Saint Antoine le 5 janvier 1761. Ses trois enfants et uniques héritiers: Anne-Catherine, demeurant au couvent des dames religieuses de l’Hôtel Dieu de Loches, Gilles-Denis marchand à Montlouis, et Jacob receveur des tailles à Chinon, vendirent le 6 juin 1763: « les lieux, métairie et closerie de PuyGibault et la borderie de la « Gaignotterie», consistant en maison pour le maître, le métayer, le closier et le bordier, cellier, «coulombier» et autres bâtiments», la métairie de Champboisson à Azay le Chadieu et un « lopin » de pré dans la prairie de Mauvières pour 11 800 livres à Jacques-Prudent Bruley et son épouse. La somme était payable « en leurs commodités » mais les intérêts, 590 livres, devaient être versés chaque année .

Il y a, reconnaissent les vendeurs, un certain nombre de réparations « tant de maçon, charpente et couverture », c’est pourquoi il sera fait un procès verbal de visite « pour être remboursés sur les quittances qu’ils en rapporteront ». Le 9 juin suivant, en présence de Me Robin, eut lieu la prise de possession suivant le curieux cérémonial prévu par la coutume, de Puy Gibault et de la «Gagnotterie», située à proximité. Ce lieu est encore mentionné sur la carte de Cassini, mais il n’en est plus question par la suite. Pour acquitter les droits de vente, il fut procédé le 2 août 1765 à la ventilation du domaine. Il en ressort que Puy Gibault et la Gagnotterie, pour une valeur de 3450 livres, relevaient de la seigneurie de May à Monsieur le marquis d’Argenson, des vignes et des prés pour 1600 livres au fief de Mauvières à Monsieur de Baraudin. Quant à la métairie de Champboisson, elle dépendait d’Azay et quelques pièces de terrain, situées dans la seigneurie de Bergeresse à la Chartreuse du Liget.

L’acquéreur, Jacques-Prudent Bruley, né à Paris le 24 septembre 1725, était le fils de Prudent Bruley, procureur du Châtelet de Paris, qui eut onze enfants dont quatre seulement ont eu une postérité. Il est donc l’oncle du célèbre Prudent-Jean Bruley, président trésorier de France, qui sera Maire de Tours en 1790 et Député à l’Assemblée Législative (24). Jacques-Prudent, qui est seulement bourgeois de la bonne ville de Loches, s’était uni le 23 février 1756 à Anne-Jeanne Auger. Or celle-ci était la fille de François Auger, garde-marteau de la maîtrise des Eaux et Forêts de Loches et seigneur de la Roche Bertaud à Ciran depuis 1723 et de dame Magdeleine-Gabriel Haincque, inhumée dans l’église Saint-Ours le 30 octobre 1747, soeur d’Adrien Haincque III et donc tante de Pierre Haincque. Anne Auger rentrait donc en possession du domaine ancestral de Puy Gibault.

Jacques-Prudent Bruley ne semble pas très fortuné et se trouve parfois dans une situation difficile, et ses deux frères se chargèrent de pourvoir à l’éducation de ses enfants (24). Il en eut au moins quatre, dont Anne et Jeanne mortes dans leur jeunesse. L’un des garçons, Jean-Prudent, disparut également avant son père qui décéda à 73 ans le 5 pluviôse an VII ( janvier 1799) En 1793 il devait encore sur l’acquisition de Puy-Gibault une somme de 7226 livres 12 sols…

La suite sur : Bulletin de la Société archéologique de Touraine T. XL Année 1984. Page 1027.


Les collègiales :
Les autres châteaux (ceux qui ne se visitent pas).
En attendant de sortir, “Panorama pittoresque de la France”
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