Hebdotouraine

Sorties insolites

En Touraine, des légendes au sujet des Géants se racontaient d’autant plus que l’on découvrit un certain nombre de squelettes de taille respectable. Ainsi à la Croix-Blanche, route de Chamay, sous une croix disparue depuis, on se racontait de génération en génération qu’une fosse y fut découverte conservant dans la chaux de “très longs squelettes”. Les mêmes dires populaires rapportent qu’après la bataille de 732, de nombreux Sarrasins auraient été enterrés au pied du menhir dit des “Arabes” (Draché) et que les fosses ainsi que les squelettes étaient d’une “grandeur stupéfiante”.
Quarante squelettes, dont plusieurs de deux mètres, furent découverts à Peu Mulot, près de Restigné, au pied d’un monument mégalithique. L’énigmatique squelette découvert en 1500 par le gouverneur du château de Loches, François de Pontbriand, se trouvait assis dans un cachot souterrain. C’était un géant qui tenait sa tête entre ses deux mains. Il avait huit pied de hauteur. Son crâne et quelques côtes furent conservés longtemps en l’église de Loches… Le reste étant tombé en poussière. L’on supposait que ce géant pouvait être un Danois d’une grandeur monstrueuse. Une légende rapporte que le lieu-dit Isoré à Beaumont-env-éron rappellerait le souvenir d’un géant.

Comme un vaisseau de pierre, les ruines de la Collégiale des Roches Tranchelion d’Avon les Roches
Les carrières souterraines de Loches
La carte des sorties vers les mystères et miracles de la Touraine

Durant de longs siècles, les Turons se logèrent dans les grottes des collines, comme de Rochecorbon à Langeais, dans les huttes de glaise comme sur les points culminants des vallées, ou dans les cabanes des plateaux dont à retrouvé les fonds ou fosses, par exemple au Breuil près de Mazières. A travers les forêts, les landes et les marécages, ils avaient à défendre leur vie contre les ours, les loups et les sangliers. Les annales de ces hommes à la taille élancée , aux yeux bleus et aux longs cheveux relevés sur la tête, furent calmes ou mouvementées suivant la fortune de la Gaule.
Le fracas des armes des légions romaines troubla cette vie tranquille, et, pour maintenir les Turons dans la dépendance, Jules César et ses lieutenants entourèrent la capitale tourangelle de camps retranchés : Amboise, de Montboyau, Larçay, Luynes…

(Extrait de la Touraine à Travers les Ages, Louis Dumont 1920)

La cave aux sculptures de Dénézé ne livrera pas facilement ses secrets. Elle traverse les siècles en demeurant très mystérieuse… Qui a sculpté quand ? Mystère… Résoudrez-vous l’énigme? Depuis près de 30 ans des chercheurs proposent des hypothèses.

La plus grande partie du plateau d’entre Indre et Vienne, au sud-ouest du canton, est occupée par la forêt de Chinon et divisée entre les communes de Saint-Benoît-la-Forêt et de Cheillé, dans sa partie centrale une vaste zone d’activités héritée d’un ancien camp militaire américain, qui déborde sur les territoires de Rivarennes et de Cheillé.

En pleine guerre froide, quelques 100.000 Américains sont venus s’installer en France… Ils sont restés plus de 15 ans, et leurs bases militaires ont profondément marqué les régions qui les ont accueilli… Au début des années 50, un convoi de l’armée américaine arrivé d’Allemagne, a installé ses tentes et construit un campement dans un secteur boisé le long de la route principale de Chinon à Tours. Vers 1956, la plupart des moyens opérationnels étaient réunis au “Chinon Engineer Depot” dans les constructions préfabriquées, la “Old area” le long de la route fut abandonnée et utilisée seulement comme “Tent City” à l’occasion d’exercices ou de manœuvres.

Dans les années quatre-vingts, je pars avec des amis reconnaître une coupe de bois. Et je trébuche sur ce qui semble être un guidon de vélo. C’était une baïonnette dans son fourreau.

Alain Gauthier, habitant de Chambon-sur-Cisse (Loir-et-Cher) ne le sait pas encore, mais il est en train de fouler un camp d’entraînement de la guerre 14-18 situé dans la forêt de Blois. Une découverte d’importance puisqu’il s’agit de l’unique site de ce type connu en France. Il a d’ailleurs reçu en juillet dernier le label national par la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale. Les Rendez-vous de l’histoire qui vont se tenir du 10 au 13 octobre à Blois, consacrés à la guerre, ont intégré dans leur programme la visite du camp.
Les tranchées qui ont servi aux exercices sont toujours visibles. Elles n’ont pas été totalement comblées parce qu’elles se trouvent dans un domaine protégé par l’Office national des forêts (ONF). C’est d’ailleurs dans ses archives privées, jamais déposées, qu’Alain Gauthier a trouvé réponse à ses questions une fois la retraite arrivée et après de très longues recherches. « Je suis tombé sur le carnet du garde de triage Henri Perthuisot, détaille notre historien amateur. Il décrit par exemple en mars 1915 un incendie dû à l’imprudence d’un soldat : ” Le lieu de l’incendie n’est éloigné que de 70 m de la parcelle 34 où les troupes de la garnison de Blois ont campé et excentré des travaux de fortification passagère (tranchées, abris, etc.) “.» Sur le terrain, il a répertorié les tranchées dédiées aux tirs et aux combats.

Située sur le faîte escarpé dominant la vallée, au nord du bourg, l’église primitive de Mouliherne fut construite dès le XIème siècle, non loin d’un puissant château fort détruit en 1049. C’est en effet sur cette crête d’accès difficile, que le Duc de Normandie, Guillaume le Conquérant, à l’appel d’Henri 1er, Roi de France, remporte sa première victoire dans une bataille rangée contre Geoffroi Martel, Comte d’Anjou.

La construction de cette église, classée monument historique, s’est étalée entre le XIème au XVème siècle. De style gothique Plantagenêt, sa série de voûtes, remarquée par le célèbre architecte Viollet-le-Duc, en fait une des plus belles églises de l’Anjou. La flèche tors ou hélicoïdale du clocher, construite vers 1690, en fait une autre de ses particularités. Comme la plupart de ces clochers, la pauvreté des sources historiques ne permet pas de donner l’origine de sa torsion (volontaire ou déformation naturelle) mais il contribue à l’élégance et à la beauté de notre village.

Au centre de l’église, derrière l’autel, sont également exposés des sarcophages carolingiens taillés dans la pierre coquillère, après leur découverte en 1975 dans le vieux Mouliherne. Enfin, cette église bénéfice d’un magnifique environnement avec un chemin pavé médiéval d’origine gauloise.

Sarcophages carolingiens taillés dans la pierre coquillère

Situé à deux kilomètres à l’Est du bourg d’Avon Les Roches, dans un site pittoresque, se trouvent les ruines du château et de la collégiale des Roches Tranchelion.

En 1420, le fief des Roches appartenait à Guillaume Ouvole, dont la fille épousa Guillaume de Tranchelion et reçu le fief en dot. En 1469, ce domaine passa aux mains du Pannetier de Louis XI, Hardouin de la Touche. Il fut plus tard la propriété de la famille de Montgomery, puis de celle des Dufort, des De Beauvau et des Choiseul-Praslin. C’est dans ce château que le Roi Charles VII assemble son grand Conseil le 17 juillet 1449 et part pour la dernière campagne militaire qui bouta les Anglais hors de France et termina la Guerre de Cent Ans. En 1559, le chateau a servi de refuge temporaire au Comte de Montgomery (1) après qu’il ait provoqué involontairement la mort du Roi Henri II lors du tournoi du 30 juin 1559, il choisit de s’exiler en Angleterre dès le mois d’août.

Le Château.
Le château fut construit au XVe siècle, il reste quelques ruines dont les vestiges de la porte d’entrée fortifiée, de casemates creusées dans le rocher qui supporte la collégiale, il reste une partie du mur septentrionale avec une tour carrée, ainsi que des restes de muraille au Sud de la terrasse. Ces ruines donnent une idée de l’importance qu’avait cette forteresse à l’époque.

La Collégiale.
Elle fut fondée en 1527 par Lancelot de la Touche, fils de Hardouin. L’église en fut consacrée par l’archevêque de Tours, Martin de Beaune. Les ruines de cette église sont des plus intéressantes et sa façade Ouest, malgré les mutilations, est digne d’admiration. Cette façade constitue un des plus beau reste de l’art religieux du XVIe en Touraine. Avec sa porte, ses niches à colonnettes, ses pinacles et ses médaillons représentant des seigneurs du lieu. L’église elle-même, comportait qu’une seule nef de deux travées, éclairées seulement au midi, un transept dont les bras septentrionaux a conservé un fragment de voûte, et un chœur semi-octogonal. Dans ce bras de transept, il faut remarquer une jolie niche avec dais richement sculpté. Sous le cœur se trouve une crypte funéraire creusée dans le rocher et voûtée d’un berceau soutenu par quatre gros doubleaux et une nervure longitudinale. Sous l’ensemble se trouvent les cuisines où on peut apercevoir un ancien four à a pain.

La collégiale était desservie par cinq chanoines dont l’un avait le titre de doyen. La collation des canonicats appartenaient aux seigneurs. Le château et sa collégiale sont classée monument historique en 1914.

La légende.
« Tranchelion », un nom bien curieux pour ces seigneurs du moyen âge, un nom dont la légende nous révèle l’origine. Cela se passait au temps des croisades, lorsque les preux chevaliers partaient pour de longs mois, voir des années combattre l’ »Infidèle ». Revenant de Terre Sainte où il s’était brillamment illustré, un seigneur de Touraine apprit par la rumeur que durant sa trop longue absence, sa jeune épouse, lasse de d’attendre chaque jour son retour, n’avait pas résisté aux avances d’un séduisant écuyer. En réalité, la rumeur comme toujours, exagérait énormément les faits. Tout au plus, les deux jeunes gens avaient-ils échangés quelques doux propos, quelques billets doux, histoire pour la châtelaine de tromper son ennui.

La dame et l’écuyer avaient beau clamer leur innocence, le doute persistait dans l’esprit du seigneur des lieux. Aussi pour en avoir le cœur net, celui ci décida de soumettre le jeune homme à la redoutable épreuve du « Jugement de Dieu ». Pour cela, il fit entrer l’écuyer, armé seulement de son épée dans un souterrain du château ou il gardait un énorme lion ramené de Palestine. Dieu, jugea-t-il l’épreuve trop sévère ? Considéra-t-il que la faute des deux jeunes gens était bien vénielle ? En tout cas, il donna la victoire à l’écuyer. Dès lors, celui-ci fut surnommé « Tranchelion » en souvenir de son exploit, et il ajouta sur ses armoiries un lion transpercé d’une épée.

Édifice consacré par l’archevêque de Tours Martin de Beaune. Disparition en 1791
4 chanoines (sans les dignitaires) en 1527
2 enfants de choeur
1 doyen en 1527
2 chanoines en 1636
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Référence Mérimée : IA37000290
historique La collégiale a été consacrée en 1527. Elle s’élève à l’emplacement d’une ancienne chapelle castrale placée sous le vocable de Marie-Madeleine, fondée en 1440 par Guillaume de Tranchelion qui avait fait bâtir le château situé à proximité. Lancelot de la Touche fit édifier la collégiale destinée à abriter en sa crypte les sépultures familiales. Le chantier commence vers 1510 et s’achève vers 1524. La vocation de l’église est à la fois funéraire et paroissiale, comme l’indique son acte de fondation. Mise à mal durant les guerres de religion, la collégiale est finalement désertée vers 1600, puis desservie épisodiquement jusqu’à la Révolution, avant d’être totalement abandonnée.
description L’église bâtie sur un plan en croix latine possède une large nef de deux travées sans bas-côtés, seulement éclairée par les baies du mur gouttereau sud. La croisée du transept s’ouvre sur une abside à 3 pans précédée d’une travée droite. Le bras nord du transept est flanqué d’une tour d’escalier hexagonale. La crypte creusée sous le choeur est voûtée. Une grande arcade s’élève sur toute la hauteur de la façade ; celle-ci est remarquable par son décor qui associe le répertoire flamboyant à celui de la première Renaissance. représentation ornement végétal ; ange ; tête : homme façade ouest : de chaque côté de la grande arcade, deux registres superposés sont divisés verticalement par des pilastres décorés de losanges et de rosaces. Les deux registres supérieurs sont ornés de médaillons à profils et à rosaces à feuilles d’acanthe. Les compartiments de la voussure sont ornés de séraphins surmontés d’une coquille. sous la clé de la voussure figure en haut-relief Dieu le Père bénissant de la main droite et tenant le globe dans la main gauche. Deux anges se tiennent debout à ses côtés. – protection MH 1914/05/09

– « La Touraine de Contes en Légendes… » de Bernard Briais. Edition CPE, 2006. Page 23.
– Souvenir des Roches Tranchelion, J. Maurice – Bulletin – Amis du vieux Chinon. VII,3 1969. Page 24.

Collégiale-Saint-Jean-Baptiste-des-Roches-Trachelion. Cne d’Avon-les-Roches. Esglize collegialle, chapittre et communauté, qui s’appellera esglize collegialle de Monsieur Saint Jean Baptiste des Roches Tranchelion, 13 août 1527 (acte Soizeau-Tours, acte de fondation par Lancelot de la Touche, seigneur des Roches-Tranchelion) ; Prise de possession du canonicat des Roches Tranchelion fait à la requeste de Me Pierre Dargé, 15 mai 1714 (acte Gilloire-Chinon) ; Prise de possession du doyenne des Roches Tranchelion par Me Pierre Candide Ferrand, prêtre du diocèze de Tours, 1er mai 1768 (acte Soreau-Tours) ; Chapitre des Roches Tanchelion, archiprêtré de Lille Bouchard, 1781 (A.D. 37-G 11, fol. 363). A.D. 37-G 344.

(1) Gabriel de Lorges, comte de Montgomery, capitaine de la garde écossaise.
La tradition situait un trésor caché au château des Roches-Tranchelion, en aménageant les abords de la chapelle, des jeunes gens voient s’ouvrir un trou de 6 à 7 mètres sous leurs yeux: Au fond de celui-ci, 214 pièces d’or française et espagnole datées de 1563 à 1618…
Source: Le journal du Figaro du 27 avril 1966.

(Source : Touraine Insolite, Mikerynos )

30 septembre 1954, Marcilly-sur-Vienne, Indre-et-Loire
Les sept ouvriers de la carrière de Marcilly-sur-Vienne nous ont raconté leur étrange aventure

Les sept témoignages concordants des ouvriers d’une carrière de Marcilly-sur-Vienne qui, jeudi, vers 16h30, ont vu tout près d’eux un engin mystérieux et son passager, ont intrigué les gens de la région. Nous avons pu interroger M. Georges Gatey, chef du chantier et principal témoin de l’événement, ainsi que ses six camarades. Nous en rapportons l’impression que ces hommes sont sincères et dignes de foi. Leurs déclarations, ils les ont confirmées vendredi et samedi à des enquêteurs professionnels qui n’ont pas manqué, à leur tour d’être impressionnés par l’accent de sincérité des témoins. M. Gatey et ses cinq ouvriers étaient occupés à tirer du sable et du gravier dans une carrière en bordure de la route près de Marcilly. Chacun était à son poste, les uns à la pelle mécanique, les autres au monte-charge. M. Gatey se trouvait à l’écart, plus près de la sortie de la carrière. C’est lui qui, le premier, vit l’engin, un appareil de forme circulaire surmonté d’un dôme, équipé, semble t-il, de pales semblables à celles d’un hélicoptère. L’engin se tenait en vol immobile à un mètre du sol, les pales tournant très rapidement. Il ne s’est d’ailleurs pas posé sur le terrain.

Un homme de petite taille, 1.50m à 1.55m environ

Coiffé d’un casque en matière opaque, ressemblant à du verre brouillé, vêtu d’une combinaison de ton neutre, chaussé de bottillons, se trouvait à côté. Il avait à la main une sorte de gros revolver ou un tuyau et sur la poitrine un disque très brillant, émettant un jet d’une lumière intense. Personne, dans la carrière, qui se trouve en contrebas de plusieurs mètres par rapport à la route et aux terrains environnants, n’avait vu arriver l’appareil et ne l’avait entendu. Chacun était occupé d’ailleurs à son travail et les machines qui fonctionnaient en même temps étaient très bruyantes. M. Gatey est formel: l’engin est resté une demi minute, temps largement suffisant pour pouvoir l’examiner. Le chef de chantier est un excellent dessinateur. Son premier réflexe, après son ébahissement, fut de courir à la tente du chantier pour prendre un papier, un crayon et tracer le croquis de

Le Courrier des soucoupes…

SUITE DE LA PAGE 1

l’extraordinaire machine et de son occupant.

J’avais les jambes coupées

“Mais j’avais les jambes coupées, nous a-t-il dit, et je ne pouvais pas faire un pas, cloué au sol certainement par les effets du rayon lumineux émis par l’homme.

M. Gatey se trouvait à ce moment-là à une quinzaine de mètres de l’engin et à deux mètres en contrebas. Il le voyait donc du dessous. L’engin, précisons-le, était à l’entrée de la carrière, sur le bord de l’excavation, à 3 mètres de la route. Sur cette route arrivait un camion qui venait charger à la carrière, conduit par M. Amirault, qui vit les carriers regarder vers l’entrée du chantier et il a regardé à son tour. Il a vu “quelque chose de gris” qui ne se trouvait pas là habituellement. Ce quelque chose s’est élevé dans l’air.

C’est bien ça

M. Gatey nous a encore dit: “L’homme est remonté dans son engin sans que je puisse dire par où, puis l’appareil a prit de la hauteur, à la verticale, par saccades en sifflant comme le font les moteurs à réaction des avions de chasse. A 200 mètres d’altitude, à peu près, il a émis un brouillard qui l’a dissimulé complètement et a disparu à nos regards.”

“C’est bien ça”, ont opiné les autres témoins de la scène.

Emus jusqu’au voisinage de la peur, les hommes ont tacitement tu leur aventure de l’après-midi quand le soir ils se sont retrouvés au petit restaurant de Parçay-aux-Vienne où ils prennent leur repas.

Ce n’est que bien plus tard, vers 19 h. 30 ou 20 h., qu’ils se sont décidé à parler.

Seul, je n’aurais rien dit

“J’aurais été seul, je n’aurais jamais rien dit de tout cela, nous disait M. Gatey, de peur d’être la risée du pays.”

Le chef de chantier était allé sur le rebord de la carrière voir si l’engin avait laissé des traces. Il espérait trouver de l’herbe brûlée mais il n’y avait rien de semblable, que de l’herbe salie et foulée par les camions.

Les 7 hommes, dont 6 au moins de 30 ans, sont sympathiquement connus dans la région où ils travaillent déjà depuis quelque temps et rien ne permet de supposer qu’ils aient cherché à monter une énorme plaisanterie. M. Gatey a dessiné de mémoire la silhouette de l’engin et de son passager.

Ses camarades, MM. René Rougier, André Beurrois, André Sèche, Georges Lubanowich et Maurice Dubrocs, en présence du croquis, ont affirmé: “C’est bien cette forme qu’avait l’appareil en question”. L’engin pouvait mesurer 4 m. 50 de diamètre et 2 mètres d’épaisseur. Il était de couleur grise.

Aux [?] de Bressuire

[Partie manquante]

[en]treprise Goursault de Melle, revenait de mettre en marche leur compresseur d’air.

Dans l’Indre

Châteauroux, 3. — Mme veuve Janiki, demeurant au bourg du Cerisier, commune de Levroux (Indre), à déclaré à la Gendarmerie qu’elle avait aperçu dans le ciel un engin lumineux d’un diamètre d’environ 3 mètres et qui se trouvait à la hauteur des bâtiments.

Mme veuve Lacotte a été témoin du même phénomène.

Mme Baron de Vatan (Indre), a déclaré avoir aperçu, hier soir, une boule lumineuse dans le ciel.

Elle alerta son mari, ainsi qu’une quinzaine de personnes de son voisinage qui, toutes, ont vu évoluer à une très haute altitude, l’engin de couleur jaune-verdâtre, qui montait et descendait dans le ciel.

Dans la Nièvre

Nevers, 3. — Un représentant d’une compagnie d’assurances de Clamecy ainsi que plusieurs habitants de Corbigny, ont déclaré avoir aperçu un disque lumineux de couleur orange qui se déplaçait dans le ciel.

SAINT-BRIEUC

Plusieurs personnes ont affirmé avoir vu, à 300 ou 400 mètres d’elles, hier soir, vers 20 h. 45, un “cigare volant”, à une altitude de 50 mètres environ.

LILLE

M. Anicet Corneille, ouvrier agricole, a déclaré avoir aperçu hier soir, à Comines, un engin ayant la forme d’un cigare, de 8 à 10 mètres de longueur sur 3 m. de largeur, qui évoluait à une quarantaine de mètres de hauteur et dégageait une vive lueur violette.

MONTCEAU-LES-MINES

Deux ouvriers maçons, MM. Romain Sébastiani et Buratto, tous deux coureurs cyclistes, ont déclaré avoir aperçu, en bordure de la route de Blanzy à Montceau, un engin décoller avec un sifflement strident.

Une question écrite au ministre de l’Air

Dans une question écrite, M. Jean Nocher, député de la Loire, a fait part au secrétaire de l’Air de l’émotion suscitée dans le public par les nombreux et divers témoignages concernant les “soucoupes volantes”.

Il lui demande “si ses prédécesseurs au secrétariat d’Etat à l’Air s’étaient préoccupés, comme aux Etats-Unis et en U.R.S.S., d’ouvrir une enquête sur la présence dans notre atmosphère d’objets volants non identifiés?

“Si oui, il lui demande les résultats publiables de ces investigations. Sinon, il lui demande de constituer une commission largement étendue à toutes les branches scientifiques intéressées afin d’étudier objectivement ce phénomène”.

Situé à l’entrée Nord de la commune de Ballan-Miré (Cadastre parcelles 81 et 82) situé le long de la rue de la Commanderie. Le site à la base d’une superficie de 11 hectares au lieu-dit « Les Gaudinelles » appartient au 64 hectares du bois des Touches et occupe une surface de 3 hectares sous le nom de « Hameau de valloire.

Lancé en 2006 ce chantier devait durer 6 ans et 24 millions ont déjà étaient investit lorsque le promoteur en 2010, la SCI Les Gaudinelles, se retrouve en liquidation judiciaire. Parmi les constructions déjà édifiées sur les 3 hectares, on y retrouve des équipements collectifs: une piscine, une balnéothérapie, une salle polyvalente de 450 places et un restaurant de 200 couverts.

Ce village devait se composer à l’origine de :
– 55 gîtes comprenant 151 unités d’hébergements (4 hameaux de 40 sites d’hébergements divisibles par 2)
– 3 logements de fonction
– 1 ensemble de restauration
– chambres pour le personnel
– salle polyvalente et salles modulaires
– 1 piscine couverte, sauna, salle de musculation et vestiaires – 1 terrain de tennis, 1 plateau d’évolution
– 1 espace de loisirs pour les enfants

Le tout étant desservi par un ensemble intérieur de voiries, réseaux divers (V.R.D) composé de :
– linéaire de voirie,
– un réseau d’assainissement,
– un réseau gaz,
– un réseau eau potable,
– un réseau éclairage public,
– un parking,
– et un bassin de rétention.

Le tout ayant fait l’objet d’un permis de construire délivré par le Maire de Ballan-Miré obtenu sous le n° 37 01 802 50 022 en date du 18 décembre 2002, prorogé le 8 décembre 2004. Les caractéristiques des locaux permettront une activité de village de vacances, c’est-à-dire à l’équipement destiné à accueillir les familles en vacances, les groupes divers de loisirs, du 3ème âge, mais aussi en formation, stage, séminaire, et d’une manière générale, lieu d’accueil, d’hébergement de tout public et d’activités touristiques.
En mars 2011, la société Icade, possible repreneur du projet décide de se retirer.
En mars 2013, La commune de Ballan-Miré est devenue propriétaire du « Village-vacances » depuis la liquidation judiciaire. Nouveau projet de réabilitation en cours, entre démolition, reconstruction et urbanisation.
Fin 2015, La cour d’appel d’Orléans a définitivement cassé le bail avec le promoteur à l’origine de cette affaire, la commune de Ballan-Miré va donc récupérer les terrains dont la valeur foncière est très importante. C’est la fin d’un feuilleton interminable qui a commencé en 2010 avec la faillite du promoteur. Si les 200 propriétaires du village-vacances poursuivent, eux, le combat judiciaire, la commune est maintenant libre de disposer du terrain.

village-fantome

L’église possède un groupe de cinq statues du XVIIè siècle représentant le Mariage de la sainte Vierge, avec le Grand prêtre, la Vierge, saint Joseph, sainte Anne et saint Joachim, réalisées par le sculpteur tourangeau Antoine Charpentier pour le couvent des Minimes près du château de Plessis-lès-Tours.

A l’emplacement d’un édifice antérieur, construction au 12e siècle d’une église dédiée à Notre-Dame-la-Pauvre. Au 15e siècle, l’église romane est reconstruite. Une des tours du 12e siècle dit “Pilier de La Riche” est demeuré visible jusqu’en 1785. L’église fut voûtée d’ogives, à l’exception de la nef qui conserva une charpente apparente lambrissée. Le peintre tourangeau Jean Fouquet réalisa le décor de l’église. En 1562, les Protestants mirent l’église à sac. L’église fut en partie restaurée au cours de la seconde moitié du 16e siècle. Le jubé en bois fut abattu en 1746 et remplacé par une grille en ferronnerie. En 1791, l’église fut fermée au culte puis transformée en fabrique de salpêtre. La restauration de l’église fut confiée à Gustave Guérin de 1860 à 1866 : à l’intérieur, nef couverte de voûtes d’ogives en brique;à l’extérieur, portails sud et ouest entièrement refaits. De 1991 à 1995, restauration de la façade sud”

La vierge enceinte de Notre-Dame-La-Riche !

En Touraine, des légendes au sujet des Géants se racontaient d’autant plus que l’on découvrit un certain nombre de squelettes de taille respectable. Ainsi à la Croix-Blanche, route de Chamay, sous une croix disparue depuis, on se racontait de génération en génération qu’une fosse y fut découverte conservant dans la chaux de “très longs squelettes”. Les mêmes dires populaires rapportent qu’après la bataille de 732, de nombreux Sarrasins auraient été enterrés au pied du menhir dit des “Arabes” (Draché) et que les fosses ainsi que les squelettes étaient d’une “grandeur stupéfiante”.

Quarante squelettes, dont plusieurs de deux mètres, furent découverts à Peu Mulot, près de Restigné, au pied d’un monument mégalithique. L’énigmatique squelette découvert en 1500 par le gouverneur du château de Loches, François de Pontbriand, se trouvait assis dans un cachot souterrain. C’était un géant qui tenait sa tête entre ses deux mains. Il avait huit pied de hauteur. Son crâne et quelques côtes furent conservés longtemps en l’église de Loches… Le reste étant tombé en poussière. L’on supposait que ce géant pouvait être un Danois d’une grandeur monstrueuse. Une légende rapporte que le lieu-dit Isoré à Beaumont-envéron rappellerait le souvenir d’un géant.

Les sarcophages de l’Écorcheveau

La carrière dite de l’Écorcheveau se situe sur l’actuelle commune de Saint-Avertin, elle a servi de carrière à ciel ouvert pendant l’époque romaine, puis au Moyen Age de carrière souterraine du XIe au XIXe siècles utilisé, au Moyen Âge, pour la construction de nombreux édifices de Tours, dont la cathédrale Saint-Gatien. Cette vaste carrière tire son nom de « La tranchée aux coquillages » elle comprend plus de 30 kilomètres de galeries ouvrant sur la route nationale 76 et dans lesquelles sont encore visibles les piliers de soutènements, les traces d’enlèvement au pic des gros blocs de tuffeau et le noir des fumées des lampes de carriers. Les galeries qui ont servi de refuge pour les dames et demoiselles de Saint-Avertin avant l’arrivée des Prussiens en 1871, puis pour les habitants durant les bombardements de la 2ème GM, et enfin lieu de regroupement pour les résistants, à quelques centaines de mètres d’un dépôt de munitions allemands.

L’exploitation de la carrière

L’exploitation de « la Pierre d’Écorcheveau », tuffeau jaune de la partie supérieure du Turonien, se faisait sur 2 m à 2,10 m de hauteur. Le système d’extraction par des blocs parallélépipédiques de 1,5 à 2 m3 est décrit à partir des traces existantes dans certaines galeries. Les volumes extraits sont estimés à près de 150 000 m3. Cette carrière a été l’un des plus importants sites d’extraction de tuffeau jaune en Touraine.

Les blocs taillés étaient évacués sur des chariots très bas aux roues cloutées tirés par des mulets. On a trouvé dans les virages de 3 ou 4 grandes galeries des piliers marqués à environ 0,50 m de haut par le frottement des moyeux sur les parois. René BADIER, dont nous avons fait la connaissance dans l’article précédent, y a retrouvé un squelette de mule et un pic de carrier.
Les blocs étaient ensuite acheminés par voie d’eau. Le Cher était en communication avec la Loire à l’ouest de Tours par le ruau Ste-Anne. Le ruisseau était si petit qu’il fallait débarquer la cargaison au lieu-dit « La Saulaie Ronde » (aujourd’hui disparu) et charroyer le tout à travers la plaine.
Dans les galeries, les piliers de soutènement sont encore visibles ainsi que les traces d’enlèvement au pic des gros blocs de tuffeau et le noir de fumée des lampes des carriers.

La ville de Montoire (Loir-et-Cher) est connue pour la célèbre rencontre entre Pétain et Hitler en 1940, beaucoup moins pour avoir abrité le quartier général des forces allemandes. De gigantesques constructions souterraines, dont un bunker construit pour Adolf Hitler. Aujourd’hui, les vestiges subsistent, et racontent cette histoire quasi tombée dans l’oubli. Le tunnel ferroviaire de 509 mètres. Il était prévu lors du séjour d’Hitler à Montoire en septembre 1940, que son train vienne s’y réfugier en cas d’attaque aérienne, sous plusieurs dizaines de mètre de colline en pierre de tuffeau.

Credo secret antique dans un carré magique

On a beaucoup étudié, depuis une cinquantaine d’années, une inscription antique dont les lignes, paraissant contenir chacune un mot, peuvent être lues dans quatre sens, de gauche à droite, de haut en bas, de droite à gauche, et de bas en haut, donnant toujours la même phrase :

S A T O R

A R E P O • TENET

OPERA

ROTA S

On a trouvé cette inscription sur des monuments de la plus haute antiquité, répartis sur tous les points de l’Empire romain : en Angleterre, à Cirencester, l’ancienne Circesium, à Doura Europos, sur les bords de l’Euphrate, chez les coptes d’Abyssinie, dans les ruines de Pompéi, en France, dans la région lyonnaise. M. Jérôme Carcopino a fait de tous les documents relatifs à ce carré une revue critique dont aucun détail ne peut être négligé. Le lecteur voudra bien se reporter à ses Études d’histoire chrétienne (Albin Michel, 1953). Il y verra sur quels arguments se fonde M. Carcopino pour fixer à la seconde moitié du deuxième siècle les origines du carré et les raisons qui l’ont convaincu qu’il faut lui reconnaître une origine chrétienne.

L’examen de ce « carré magique » a fait découvrir en effet que la troisième colonne et la troisième ligne, s’entrecroisant, dessinent une croix. Puis, on s’est aperçu que chacune des branches de cette croix se termine par un T, qui est lui-même la forme primitive de la croix, et que chacune de ces petites croix se trouve entourée d’un A et d’un O qui sont les équivalents latins de l’alpha et de l’oméga dont sont régulièrement accostées les croix byzantines. Une étude plus approfondie a fait découvrir que les lettres de cette inscription sont celles des mots PATER NOSTER et que l’on peut les disposer en forme de croix parfaitement symétrique 1.

1. Nous avons reproduit le texte du carré magique sous une forme qui n’est pas la plus fréquente. Son aspect le plus ancien, semble-t-il, comporte ROTAS à la première ligne, SATOR à la dernière et le reste à l’avenant

Le caveau des Guernettes est resté vide, sinon muet.

Les gens du pays l’ont surnommé « le château des Guernettes », appellation authentifiée par un graffiti près de la porte d’entrée. En effet, l’édifice affecte un aspect général de demeure cossue, modeste par sa taille, mais soignée dans sa construction : pierres de taille pour les murs, toiture d’ardoise, épis de faîtage, lucarne à fronton, corniches moulurées. Isolé sur les hauteurs de Noyers-sur-Cher, environné de vignes, le dos tourné à la forêt de Grosbois et la façade orientée plein sud, le bâtiment jouit d’une vue privilégiée sur la vallée du Cher, la ville de Saint-Aignan avec son château et sa collégiale accrochés à flanc de coteau et, tout en haut, les grues qui construisent le nouvel hôtel de Beauval. Bel endroit pour regarder le temps passer en se dorant au soleil. Mais les occupants potentiels du lieu, qui envisageaient tout simplement de s’y faire inhumer, n’en ont jamais obtenu l’autorisation ! On sait peu de chose sur ce couple, sinon qu’il appartenait à une famille de notables de Noyers-sur-Cher.

L’un d’eux, François Péan, propriétaire et notaire, qui a vécu de 1790 à 1870, a même été maire de la commune pendant trois ans (1848-1851) et aussi conseiller général. La construction du mausolée avait dû être entreprise par ses parents car elle s’est effectuée au tout début du siècle, peut-être à la suite du décret du 23 prairial an XII (12 juin 1804) qui rendait possible l’inhumation en dehors d’un cimetière.
Le caveau des Guernettes était conçu pour recevoir au moins deux occupants. Il se compose de deux ailes latérales pour les sépultures, réunies par une avancée centrale, peut-être à usage d’oratoire bien que le bâtiment soit dépourvu de tout signe religieux. On ignore pour quelle raison ses propriétaires n’ont pu obtenir l’accord de l’administration (exiguïté du terrain ?)

Loge de vigne

Toujours est-il qu’après le décès du dernier d’entre eux, mort sans postérité, l’édifice a été vendu et transformé en loge de vigne, ce dont atteste la cheminée ajoutée sur la partie centrale, tandis que les portes latérales en plein cintre et la lucarne étaient murées, pour éviter l’impôt.
Totalement désaffecté aujourd’hui, le « château » se délabre doucement. Des grapheurs plus ou moins inspirés inscrivent dans la pierre le souvenir de leur passage. La faucille et le marteau côtoient la croix de Lorraine. Mais ce sont les serments d’amour qui tiennent la meilleure place. Aurélien et Flavie, Sabrina et Robin, Cynthia et Jimmy, et bien d’autres se jurent une éternelle passion. Le tendre tuffeau fait ce qu’il peut pour conserver la mémoire de ces promesses juvéniles. Mais peut-être est-il déjà trop tard ?

NR Loir et Cher, 29/08, p.6

La chapelle St Georges, sise sur la commune de Rochecorbon est un condensé de trésors exceptionnels réuni dans un espace si réduit; d’ailleurs cette chapelle fut pendant des siècles l’église de la paroisse de St Georges, elle desservait des maisons seigneuriales de première importance, qui, continuellement l’enrichirent, la dotèrent de somptueux cadeaux… Mais cette paroisse ne résista pas à la révolution française, la noblesse avait été destituée, les biens de l’église saisis et vendus; on décida de fusionner st Georges avec la commune de Rochecorbon; l’église paroissiale perdait sa raison d’être; elle tomba dans l’oubli et devint « chapelle ».

On la redécouvrit vers 1990 lorsqu’on réalisa qu’elle possédait des fresques du XIe ou XIIe siècle, des peintures du XIIIe et récemment une charpente de 1028, c’est à dire la plus ancienne charpente romane de France! N’oublions pas une tête de Saint polychrome du XIIIe.

Le vitrail du Chœur

Mais nous nous intéresserons ici, principalement au vitrail du chœur; c’est un petit vitrail éclairant cette partie de la chapelle. Il est du XIIIe siècle et fut probablement installé lors de la rénovation de la voûte voisine. La première remarque et le fait exceptionnel de trouver un vitrail de cette période dans une chapelle qui nous parait aujourd’hui bien modeste. Il a fallu des donateurs riches pour financer une telle opération; ces donateurs ne sont pas les moines de Marmoutier, l’église ne leur appartient pas, elle dépend de l’évêché de Tours, et les travaux qui y sont réalisés sont payés par les paroissiens du lieu et les revenus de la fabrique. La haute position sociale d’une frange de la population de St Georges explique la richesse de cet investissement. Il était d’usage de faire régulièrement des dons à l’église pour mériter son salut après sa mort, En échange le curé du lieu s’engageait à prononcer régulièrement des messes pour le repos des donateurs.

Ce vitrail est classé Monument historique.

S’il parait en bon état, c’est grâce aux différentes restaurations qui furent entreprises. Elles ne furent pas toujours « heureuses »: en juillet 1890, le verrier J.Fournier, se permit, lors d’une remise en état, d’apposer sa signature en bas à droite!

À droite un personnage couronné, représentant Melchisédek, Ce nom signifie « roi de justice ». Il était roi de Salem (qu’on traduit par « paix », et future Jérusalem)  et grand prêtre,  « sacrificateur du Dieu Très-Haut. »

En face de lui Abraham, venant lui offrir la dîme, c’est à dire le dixième des dépouilles prises à ses ennemis.

La tradition voit dans cette présence de Melchisédek une annonce de la venue de Christ, mais aussi l’importance de la prêtrise dans la société, Abraham se soumet aux représentants de Dieu sur terre, c’est à dire à ses prêtres.

Le message pour les chrétiens du XIIe est clair, leur rappelant leur besoin de soumission à l’église catholique pour intercéder auprès de Dieu.

l’énigme du registre supérieur.

Ce registre est considéré aujourd’hui comme une énigme; il n’est pas interdit de le décrypter et de lui donner une signification; c’est ce que nous allons chercher à faire.

On y découvre deux personnages.

L’un est couronné, assis sur une banquette; il tient dans sa main gauche quelque chose pouvant représenter un sceptre, de sa main droite il se frappe la poitrine en signe de contrition; sur la droite, assis peut être sur des nuées, un ange tenant un drôle de bouquet entre ses mains; le bouquet à trois branches, l’ange semble le tendre au roi.

Explication possible. 
Ce tableau décrit une scène racontée dans le second livre du prophète Samuel dans son chapitre 24:

David voulu mesurer sa puissance et ordonna que soit entrepris un recensement des hommes en état de combattre. C’était un défi par rapport à son Dieu, dans la mesure où la puissance de David ne reposait pas sur le nombre de ses guerriers, mais sur la protection de Yahweh: c’était donc une offense par rapport  à son Dieu. Ce dernier devait le punir de son péché. 
Samuel raconte: 

Joab donna au roi DAVID le résultat du recensement : Israël comptait huit cent mille hommes capables de combattre, et Juda cinq cent mille hommes. Mais, lorsque David eut recensé le peuple, le coeur lui battit, et il dit au Seigneur : « Ce que je viens de faire est un grand péché ! Seigneur, pardonne cette faute à ton serviteur, car je me suis conduit comme un véritable insensé. »

Le lendemain matin, quand David se leva, la parole du Seigneur avait été adressée à Gad, le  prophète attaché à David : « Va dire à David : Ainsi parle le Seigneur : Je vais te présenter trois châtiments ; tu en choisiras un, et je te l’infligerai. » Gad se rendit chez David et lui transmit ce message : « Préfères-tu qu’il y ait la famine dans ton royaume pendant trois ans ? Ou préfères-tu être poursuivi par tes ennemis et fuir devant eux pendant trois mois ? Ou préfères-tu qu’il y ait la peste dans ton royaume pendant trois jours ? Réfléchis donc, et choisis ce que je dois répondre à celui qui m’envoie. » David dit au prophète : « Je suis dans une grande angoisse… Eh bien ! je préfère tomber entre les mains du Seigneur, car sa tendresse est inépuisable, mais surtout, que je ne tombe pas entre les mains des hommes ! » David choisit donc la peste, et le Seigneur envoya la peste en Israël dès le lendemain jusqu’à la fin des trois jours. Depuis Dane jusqu’à Bershéba, il mourut soixante-dix mille hommes.

L’ange exterminateur étendit la main vers Jérusalem, mais le Seigneur renonça au châtiment, et il dit à l’ange exterminateur : « Assez ! Maintenant, retire ta main. » Car David, en voyant l’ange frapper le peuple, avait dit au Seigneur : « C’est moi qui ai péché, c’est moi le coupable ; mais ceux-ci, le troupeau, qu’ont-ils fait ? Tourne donc ta main contre moi et ma famille ! « 


Donc le vitrail représente le roi David exprimant sa contrition devant l’ange exterminateur. Ce dernier tient dans ses mains les trois fléaux proposés en punition du péché du roi. Il n’est pas assis sur des nuées comme il avait été suggéré mais probablement sur le mont Moriah, qui plus d’une montagne était une colline que David acheta, et c’est là que son fils Salomon construisit le temple du Très-Haut, le temple de Salomon dont ne reste aujourd’hui que le mur des Lamentations. (remarque Claude Mettavant). Les thèmes exprimés par ce vitrail ne sont pas en rupture avec les autres sujets abordés par les peintures de l’église; comme nous l’aborderons dans une autre rubrique, il est probable que la peinture présentant des scènes de bataille se rapporte à la première croisade dont la prise d’Antioche par les croisés, prise précédant, en 1099, la prise de Jérusalem par Godefroid de Bouillon

Quel message cherche à faire passer ce vitrail ? car tout vitrail, peinture ou fresques sont réalisés pour l’éducation des fidèles. Cet épisode est retenu pour montrer la mansuétude de Dieu vis à vis des pécheurs repentants.

Au commencement, la paroisse

Avant la Révolution  française, la France était découpée en paroisses : c’était une division qui avait commencée à être mise en place par Saint-Martin, c’est dire si elle était ancienne. Petit à petit la totalité du territoire fut maillé de paroisses, et les rois se s’appuyèrent sur ce découpage pour leur propre Administration.

À Saint-Georges fut donc constituée une paroisse autour de son église du XIIe siècle. C’est cette paroisse que nous retrouverons lors du déclenchement de la Révolution.
À noter toutefois que des maires pouvaient être nommés bien avant la Révolution, ce qui fut (à peu près) généralisé par l’édit royal de 1787 qui uniformisait toutes les communautés, villes et villages, en prescrivant partout l’élection du « corps de ville » par les hommes de plus de vingt-cinq ans qui payaient au moins dix livres d’impôt. Ce qui fut le cas à Rochecorbon avec l’élection du maire, ou du syndic comme on disait à cette époque, Pierre Serée. Pouvaient sièger à côté de lui deux membres non élus, le prêtre, l’abbé Sorin, et le châtelain, le seigneur de Rochecorbon, le duc de Luynes.

La création de la commune

C’est le 14 décembre 1789 que l’Assemblée constituante décréta la suppression de toutes les anciennes divisions pour créer ce qui s’appellera les Communes :

Article premier. Les municipalités actuellement existantes en chaque ville, bourg, paroisse et communauté, sous le nom d’hôtel de ville, mairie, échevinats, consulats, et généralement sous quelque titre et dénomination que ce soit, sont supprimées et abolies, et cependant les officiers municipaux actuellement en service, continueront leurs fonctions jusqu’à ce qu’ils aient été remplacés.

C’en était donc fini des paroisses de Saint-Georges-sur-Loire et Rochecorbon. Le décret se poursuit :

Article 2. Les officiers et membres des municipalités actuelles seront remplacés par voie d’élection.

Article 4. Le chef de tout corps municipal portera le nom de maire.

Article 5. Tous les citoyens actifs de chaque ville, bourg, paroisse ou communauté pourront concourir à l’élection du corps municipal.

Pour autant quelques difficultés surgirent rapidement. Les très petites communes ne pouvaient assurer efficacement, avec leurs moyens, toutes les tâches dévolues :

Article 50. Les fonctions propres au pouvoir municipal, sous la surveillance et l’inspection des assemblées administratives, sont :

– de régir les biens et revenus communs des villes, bourgs, paroisses et communautés ;

– de régler et d’acquitter celles des dépenses locales qui doivent être payées des deniers communs ;

– de diriger et faire exécuter les travaux publics qui sont à la charge de la communauté ;

– d’administrer les établissements qui appartiennent à la commune, qui sont entretenus de ses deniers, ou qui sont particulièrement destinés à l’usage des citoyens dont elle est composée ;

– de faire jouir les habitants des avantages d’une bonne police, notamment de la propreté, de la salubrité, et de la tranquillité dans les rues, lieux et édifices publics.

Plusieurs paroisses ont immédiatement disparu en Indre-et-Loire : Cerçay > Bridoré, Le Châtelier > Paulmy, Oizay > Bridoré, Plaix > Draché, Pont-Amboizé > Luzé, Saint-Jouin-lès-Faye > Faye-la-Vineuse, Saint-Laurent-de-Langeais > Langeais, Saint-Michel-des-Landes > Charnizay, La Taille > Saint-Nicolas-de-Bourgueil. D’autres, pourtant muées en communes, vont aussi très rapidement disparaître.

La commune de Saint-Georges-sur-Loire, mort-née

Elle fut bien créée, mais aussitôt remise en question car trop petite pour pouvoir exercer ses missions. Notamment elle n’avait pas assez de revenus pour assurer l’entretien des routes, assurer la police, etc.
Un autre exemple des difficultés rencontrées : en l’an XI (vers 1803), le Préfet (le Général Préfet) demanda la constitution de Conseils municipaux de 10 membres au moins. Trois conditions étaient précisées : ces personnes devaient habiter la commune, elles devaient savoir lire et écrire, elles ne pouvaient avoir de relations familiales entre elles. Or à cette époque, à Saint-Georges, il n’y avait que 9 personnes qui savaient lire et écrire ! Dont deux parents. Impossible d’en trouver 10 !

L’idée était vite apparue de dissoudre la commune en la rattachant à celle voisine, Sainte-Radégonde. La future limite entre les communes de Sainte-Radégonde à l’ouest et Rochecorbon à l’est s’établirait au niveau de la rue principale (l’actuelle rue Saint-Georges).

Très rapidement, dès 1790, son territoire commençait à être dépecé : la partie ouest du bourg (Les Rochettes) était transféré à Sainte-Radégonde, la partie est du bourg était transférée à Rochecorbon.

L’annonce en 1806 de la réunion, pour le culte, de Saint-Georges à Sainte-Radégonde provoqua un vif émoi : la municipalité se plaignit de l’éloignement de l’église de Sainte-Radégonde, de son insalubrité. Mais le fond du problème était bien le rattachement à Sainte-Radégonde qui se profilait. En effet, les parties de la commune de Saint-Georges les plus éloignées (La Planche, Vaudanières, la Bouchardière) ne pouvaient pas être jointes à Sainte-Radégonde mais à Rochecorbon. C’était là un autre problème de la commune de Saint-Georges : elle comprenait trois territoires qui ne se touchaient pas ! Comment gérer les chemins vicinaux ? Comment assurer la police ? Impossible.

La contre-proposition du Conseil municipal

Dès l’annonce de la réunion de l’église de Saint-Georges avec celle de Sainte-Radégonde, le conseil municipal de Saint-Georges écrivit au préfet pour lui demander sa fusion avec … Rochecorbon ! L’argument était simple : c’était la seule façon de conserver ensemble les trois parties de la commune, car toutes ses parties étaient mitoyennes de Rochecorbon.

La Préfecture ne donnant pas suite, le Conseil revint régulièrement à la charge, en écrivant, rencontrant le préfet, s’accordant avec Rochecorbon : pas question d’accepter la fusion/démantèlement prévue.

1808 : la délivrance !

On a coutume de dire que la disparition de Saint-Georges était due à une décision inique  napoléonienne. Et que cette décision aurait été prise au grand dam de la population.

Les Archives (communales, départementales et nationales) démontrent clairement le contraire : cette décision fut un soulagement. La disparition de Saint-Georges était devenue inévitable et commençait, par petits pans, à se mettre en place.  Le territoire de la commune se démantelait, il allait exploser. Le décret impérial du 2 février 1808 stoppait l’hémorragie en fusionnant la totalité de Saint-Georges avec Rochecorbon.

Tout allait bien. Ou presque…

Car le démantèlement n’en était pas tout à fait terminé : une autre partie de Saint-Georges basculera sur Parçay-Meslay (le Calvaire, la Vallée des Ruers), une dernière sur Sainte-Radégonde (bord de Loire).

Aujourd’hui

Le souvenir de l’ancienne paroisse et commune de Saint-Georges-sur-Loire persiste au travers de plusieurs éléments :

– la Chapelle Saint-Georges, ancien église de la paroisse, remarquable monument classé (voyez les autres articles de ce blog),
– la rue Saint-Georges bien évidemment,
– et quelques panneaux …

Immédiatement à l’est des douves du château d’Amboise et presque sous l’ancien camp gaulois des Châtelliers, au pied du plateau qui tombe ici à pic sur l’étroite bande de terrain (80 m environ) qui le sépare de la Loire, un groupe d’une douzaine de caves de différentes longueurs – de 10 à 90 m – ont été creusées dans le tuffeau calcaire au cours des siècles. Elles sont toutes parallèles et orientées N.NW. L’on a donné au trois plus grandes d’entre elles, depuis le XVIIIe siècle au moins (Beaumesnil, 1784) le nom de « Greniers de César » sous lequel elles sont encore connues de nos jours, bien que l’on sache, comme nous aurons l’occasion de le voir plus loin, que le conquérant des Gaules n’ait probablement rien à voir dans l’affaire. La « Grande Cave» de 90 m de long est en même temps la plus remarquable à cause des 4 silos de briques qu’elle est la seule à posséder, de son architecture et de son long escalier: l’ensemble a attiré depuis des siècles la curiosité des archéologues et des historiens…

Description.
Nous nous bornerons ici à étudier la Grande Cave Foltz, aux 4 niveaux superposés desservis par un escalier, la plus célèbre du Quai Charles Guinot (ex-Quai des Violettes). La cave immédiatement à l’est de la précédente et qui était desservie par le même escalier, comporte plusieurs niveaux, mais pas de silos. La Grande Cave Foltz comporte 4 niveaux superposés, à savoir de bas en haut.

Coupes verticale et longitudinale des Greniers Gastignon:
Niveau 1 – Grande Cave, entièrement taillée dans le roc
Niveau 2 – Cave-grenier intermédiaire. Sol de roc. Le couloir d’accès aux silos, ouvert
avant 1830, est marqué d’un pointillé
Niveau 3 – Cave-grenier au-dessus de la précédente. Plancher sur la partie nord; manque au sud (tirets).
Niveau 4 – Cave-grenier au-dessus de la précédente et des silos, donnant accès au sommet de ceux-ci. Le plancher manque au nord (tirets) et n’existe qu’au sud (trait plein).
a) Ouvertures de remplissage en haut ; b) Trappes de vidage en bas; c) Couloirs
d’accès aux silos (1830 environ); d) Accès au puits creusé vers le haut ; E) Escalier ; S) Silos. Les hachures représentent le roc.

Niveau 1.
Grande cave à vin, en rez-de-chaussée, au niveau du jardin inférieur, entièrement taillée dans le tuffeau, débouchant dans un hangar au nord par une petite cave intermédiaire certainement plus ancienne, de quelque 6 m N-S et 8 m E-W, servant de vestibule, fermée de chaque côté par une porte à claire-voie. En comptant la précédente, la Grande Cave a quelque 90 m de long NNW-SSE ; elle est parfaitement rectiligne à partir de la 2e porte de la petite cave d’entrée. Sur 10 m, elle mesure 4 m de large, puis de là jusqu’au fond au sud, 6 m. Hauteur moyenne: 3,50 à 4,5 m. Deux anciens couloirs de communication vers les caves à l’est et à l’ouest, à 12 m de la 2e porte, ont été murés de parpaings. A 28 m plus loin (soit 48 m du hangar de sortie), s’ouvre à l’est un petit couloir conduisant à la base d’un puits de 1,30 m de diamètre qui communiquait en 1830 avec le 4e niveau, à quelque 15m plus haut; il a été bouché depuis à sa partie supérieure.

Entre 50 et 70 m de l’entrée, l’on aperçoit au plafond l’ouverture des 4 trappes débouchant au centre du sol des 4 silos. Le plafond de la cave a ici 2 m d’épaisseur. Un petit caveau à vin s’ouvre à l’ouest, à 14 m de l’extrémité sud de la grande cave; il a 4 x 4 m environ.

La Grande Cave est remarquable par sa contruction soignée: elle est absolument rectiligne sur quelque 80 m de long. Ce n’est donc pas une carrière réutilisée, comme le cas arrive dans la grande majorité des caves à vin de Touraine mais un travail accompli d’après un plan rigoureux, dans un but bien déterminé: c’est une simple partie de l’ensemble cave-greniers-silos. La petite « cave-vestibule » de l’entrée est à mettre à part; elle doit représenter le genre de petites caves préexistant au XVIe siècle.

L’escalier
C’est une autre réalisation remarquable, surtout pour l’époque considérée. Il débouche en bas au niveau du jardin inférieur, exactement à l’angle sud-est de la propriété de Mme Foltz et est parallèle, à l’est, à la Grande Cave. Lui aussi a été creusé d’après un plan rigoureux: il est absolument rectiligne du haut en bas (l’on aperçoit de la base de l’escalier la grille de la porte accédant dans le jardin supérieur, au niveau des Châtelliers). Il comporte 129 marches de 17 cm de haut en moyenne, soit quelque 22 m de dénivellation, auxquels il faut ajouter ses 2 m de hauteur et quelque 2 m de terre au-dessus de la sortie, soit donc 26 m environ entre le sol du niveau 1 et celui du jardin supérieur, la largeur de l’escalier est de 0,90 à 1,10 m. Longueur des marches: 40 cm environ. L’escalier donne accès, à partir du rez-de chaussée (niveau 1) aux niveaux 2, 3 et 4 et à ceux de la cave de l’est (Hôtel le Choiseul) Les dix derniers mètres avant la grille du jardin ont été soit creusés soit réparés fin XIXe ; la voûte est désormais arrondie et cimentée, tout comme les murs et les marches, travail effectué depuis 1830. Il a pu se produire là, avant 1818, un éboulement en cette partie sensible de l’escalier, dans le roc lacustre fissuré et de mauvaise qualité avoisinant la surface.

Niveau 2.
Creusé juste au-dessus du niveau 1, il se compose d’une grande salle de quelque 46 m de long, partant au nord du hangar extérieur. La largeur en est de 6 m environ et la hauteur jusqu’au plafond, là où il existe, de 4 m environ. Le sol commence au hangar par un plancher de bois, puis est cimenté sur 16m pour finir sur le roc nu. Un plafond de bois soutenu par des poutres transversales existait sur toute la salle: il a été retiré au Xxe sur les 15 derniers mètres au sud. L’emplacement des anciennes poutres est très visible sur les corniches de chaque côté. Une trappe de 2 x 2 m environ a été ménagée dans le plafond de bois au nord, au-dessus de l’aire cimentée, permettant de manipuler, grâce à une chaîne encore existante, les marchandises entre le 3e et le 2e niveau. Al’extrémité sud de la salle deux couloirs, un de chaque côté, murés à 4 m environ, permettaient des communications avec les caves voisines. Par un trou existant dans le couloir est, l’on peut voir que la cave du Choiseul ressemble à celle que nous étudions. Dans le mur sud de la salle, en son milieu, s’ouvre le couloir d’accès aux silos, creusé vers 1818-1830 comme nous le verrons plus loin dans l’historique. Juste au-dessus de la corniche de ce mur sud, à quelque 4 m de hauteur, donc à la base du niveau 3, sont rangés pêle-mêle plusieurs dizaines de « formes» coniques de poterie (moules à pains de sucre), entières ou brisées, de quelque 50 à 60 cm de haut, percées au sommet d’un petit trou et portant non loin l’impression en creux du nom de leur fabricant: L. GILBERT A ORLEANS.

Les silos.
Sauf une dénivellation de 3 marches à monter, le sol des 4 silos est à la même hauteur que le reste du niveau 2. ils ne communiquent entre eux et avec la salle du niveau 2 que depuis 1830 environ, lorsque le couloir d’accès a été taillé dans le roc La réalisation de ces silos n’a pas dû être une mince affaire: il a fallu tout d’abord, partant sans doute de l’orifice supérieur agrandi, creuser dans le roc leur logement. Pour se repérer et être sûr que l’on était dans le même alignement, des « conduits verticaux» ont pu être forés entre les niveaux 1 et 4, en partant soit du haut soit du bas, selon une technique utilisée pour les « souterrains aménagés» (9) et encore pratiquée aujourd’hui dans les caves de Touraine, sur les 10 m d’épaisseur de rocher séparant le sol du niveau 4 du plafond du niveau 1.

La forme donnée au « logement» de roc des silos est cylindrosphérique: 4 m cylindriques à la base et une coupole hémisphérique de 2 m de rayon et de hauteur dans la partie supérieure, la surface ainsi obtenue a été soigneusement aplanie puis recouverte d’un enduit de mortier à la chaux grasse de 1,5 à 2,5 cm d’épaisseur selon une technique bien connue de l’époque romaine à la fin du XIXe : le mortier était mêlé à du sable et à de la brique pilée, ce qui lui donne une couleur rose-clair L’on avait ainsi une première protection contre l’humidité du roc. Le sol était recouvert du même mortier.

Les ouvriers laissèrent ensuite un vide de quelque 0,20 m à 0,25 m de large entre cet enduit recouvrant le roc et le silo de briques qu’ils construisaient à l’intérieur du « logement». Ce vide était rempli, au fur et à mesure que le silo de briques montait, d’un sable de Loire très fin (« falaise ») pour renforcer encore l’isolation et prévenir l’humidité. Lors du creusement par Cornuau (début XIxe) du couloir d’accès entre le 2e niveau et les silos, une bonne partie du sable est tombée dans les silos, occasionnant des éboulements au niveau 4 autour des trappes d’entrée des grains, qui rendent difficile aujourd’hui l’accès à ces trappes. Les silos sont entièrement faits de briques plates de 20,5 x 10,5 x 3,5 cm environ, soigneusement maçonnés à la chaux grasse, le tout d’une remarquable exécution, le diamètre de leur base est de 4 m en moyenne. La hauteur de la partie cylindrosphérique de 6 m à 6,20 m, le col accédant à la trappe supérieure de 1,10 m de haut et la trappe, de 0,70 de diamètre environ. Au milieu du sol de chaque silo existe une trappe carrée de 0,50 de côté environ, qui était munie au XIXe d’une grille pour l’évacuation des grains vers la cave du niveau 1 à travers 2 m de rocher. Pour éviter les accidents, les trappes sont actuellement recouvertes de planches à bouteilles de vin. Un intervalle de 2,50 m environ sépare les silos les uns des autres.

Niveau 3.
Creusé juste au-dessus du niveau 2. La grande salle, de 46 x 6 x quelque 4 m de haut, est exactement semblable à peu de choses près à celle du niveau inférieur; plancher de bois avec trappe de communication avec le niveau 2 au nord. Le plancher manque sur les 15 derniers mètres au sud, avec trace des poutres très visibles sur les corniches de chaque côté, comme nous l’avons dit en parlant du plafond du niveau 2. C’est au niveau 3, comme nous l’avons vu plus haut, juste au-dessus de l’entrée du couloir d’accès aux silos, que sont entreposés les moules à= pains de sucre. De chaque côté de ces derniers, l’excavation du niveau 3 continue mais ne va pas bien loin.

Niveau 4.

De 70 m de long environ sur quelque 6 m de large, se rétrécissant au sud, son plafond est de roc, à quelque 17,70 m de hauteur au-dessus du niveau de base 1. L’on ne peut circuler que dans sa partie sud sur 40 m car le plancher de bois manque au nord; il a été laissé sur une dizaine de mètres au sud afin de permettre l’accès entre la porte de l’escalier et le sommet des silos. Et encore est-il peu solide car un grand éboulis existe à l’est entre l’entrée et le roc qui forme plancher sur les 30 m de l’extrémité sud. Une balustrade de protection marque au nord l’endroit où le plancher cesse. Les bouches circulaires d’entrée des silos dans le sol de roc sont entourées, sauf pour le silo 4, d’une zone d’éboulement dûe au vide occasionné par le sable qui s’est écoulé lorsque l’on a pratiqué les couloirs d’accès aux silos au niveau 2. Ces bouches étaient, vers 1841, fermées par des pierres de 80 cm environ de diamètre. Il faut circuler avec prudence autour des bouches.

A noter la forme irrégulière du boyau sud de ce niveau 4 et le moins grand soin de la construction mais n’oublions pas que la surface du jardin est à moins de 10 m au dessus du plafond de ce niveau et le roc moins solide, comme le montrent les éboulis du côté est du côté de l’escalier et peut-être la réfection (?) de la partie supérieure de l’escalier, comme nous l’avons vu plus haut. Tout près et à l’est du débouché du silo 1, l’on devrait retrouver le sommet du puits par lequel, partant de ce niveau 4, un ouvrier est ressorti en 1818 par la cave du bas (voir PERSON, 1830, p. 3-4). Nous n’avons rien remarqué à cet endroit. Tel est donc l’ensemble cave escalier-greniers-silos : son ampleur, son audace, le soin de sa réalisation, expliquent pourquoi il a frappé les imaginations. d’autant plus qu’on l’a longtemps attribué aux Anciens…

Il est cependant tout à fait exact que le sommet du plateau a été occupé à une époque très ancienne: le camp des Châtelliers a fourni du matériel d’Age du Bronze. L’on ne prête qu’aux riches, dit le proverbe. Il était tout naturel donc, il y a quelques siècles, que des lettrés aient donné le nom de César à une construction antique ou même seulement relativement ancienne, comme c’est souvent le cas. Il est très probable que de petites caves ou carrières aient été creusées anciennement au pied de la falaise des Châtelliers, que devait border de fort près à l’époque la Loire mais par contre, il est à peu près certain qu’un quartier troglodytique ait existé dès l’époque romaine et peut-être avant, vers le haut du coteau exposé plein sud dominant la vallée de l’Amasse, à proximité immédiate des Châtelliers, entre le château d’Amboise et le Clos Lucé. Ce quartier existe toujours d’ailleurs (rue
Victor Hugo).

Nous possédons malheureusement peu de documents sur l’apothicaire Jehan Gastignon – qui, dit en passant, devait être un homme fort riche pour faire exécuter un travail semblable -. Par un acte de vente du 16 mai 1556, on sait que « feu Jean Gastignon» possédait des vignes aux Châtelliers et par un autre de 1566, qu’il avait possédé des « caves. Mais Gastignon – riche apothicaire – ne doit être considéré que comme le « promoteur » en notre affaire. Qui a été l’architecte-ingénieur qui a conçu et réalisé nos greniers et silos? L’on pense immédiatement à un personnage comme Dominique de Cortone, l’un des Italiens que Charles VIII ramena à la cour de France à Amboise. estables et appartenances » au faubourg des Violettes, proche l’église des Bons-hommes»

Un arrêté préfectoral du 5 sept. 1856 autorisait M.H. Bailly, marchand de vin, à « augmenter pour y établir de vastes magasins pour les vins l’étendue des caves en roc dont il est propriétaire et connus sous le nom de greniers de César». Il était spécifié que « les nouvelles galeries qui seront creusées dans le roc ne pourront avoir plus de 6 m de largeur et devront laisser entre elles ou avec les anciennes excavations, des épaisseurs doubles au moins de celle de la galerie (40). Celles de l’ouest ont d’ailleurs été jusqu’en 1968 la propriété de la famille Foltz ; or le beau-père de Mme S. Foltz était établi depuis 1870 environ à Amboise et employé chez ce même Bailly, dont il devait racheter plus tard l’affaire..

Beaucoup reste à faire, à Amboise même, pour compléter la présente étude, tant par celle des caves voisines et de celles qui ne doivent pas manquer de se trouver sous le château même. Le troglodytisme amboisien et ses relations possibles avec les Châtelliers mériteraient aussi que l’on s’y attache..

M. Raymond MAUNY (Extraits)

Le château de Puy-Gibault est une construction du 19ème siècle du style néo-renaissance. Il appartient à l’hôpital de Loches. Mais n’ayant jamais pu être utilisé pour des activités hospitalières, il a été laissé à l’abandon durant de nombreuses années. Actuellement, il se trouve enclavé dans l’enceinte du site Hospitalier du même nom (L’Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (E.H.P.A.D) Situé Route de Puygibault appartenant à l’Hopital de Loches, et l’internat du lycée privé Saint Denis International School, construit en 1991.

Historique.
Le manoir de Puy Gibault, qui figure encore sur le premier cadastre de 1826, s’élevait au bord du chemin et affecte curieusement le même plan que l’hôtel de la rue du château qui les abritera plus tard. Il fut remplacé en 1885 par l’édifice actuel, élevé par l’architecte Collet, qui collabora avec Guérin pour le palais de justice de Loches en 1866. Il est l’un des témoins de cette architecture contemporaine à laquelle on commence à prêter quelque attention. Il est donc particulièrement regrettable de le voir laisser à l’abandon et promis à une ruine certaine, ce qui pourrait motiver sa destruction, ce qui serait un vrai scandale. Il n’est sans doute pas inutile de revenir sur ce domaine de Puy Gibault, dont le nom reste attaché à cette branche de la famille Haincque, et d’essayer d’en retrouver l’histoire. Selon Carré de Busserolle qui lui donne comme propriétaire en 1542 Guillaume Sauvage, ce serait un ancien fief. Mais il n’est pas mentionné à ce titre dans le rôle de 1639 et les actes du XVIIIe siècle que nous avons pu consulter ne parlent pas du: « fief, terre et seigneurie de » suivant la formule consacrée, mais plus simplement du « lieu, métairie et closerie de Puy Gibault ». Les bâtiments et une partie des terres relevaient essentiellement de la seigneurie de May à Chanceaux, à laquelle était due une rente de quatre boisseaux et demi (de blé sans doute) et deux boisseaux d’avoine.

La question se pose de savoir jusqu’à quelle époque la famille Haincque resta propriétaire de Puy Gibault, qui selon le dictionnaire d’Indre et Loire, serait passé dès 1702 à Gabriel Dalonneau, lequel fut inhumé le 17 juillet de cette année là ? Les documents retrouvés ne donnant pas d’origine de propriété pour cette première moitié du XVIIIe siècle, il y a là une lacune que nous n’avons pu combler à ce jour. Mais on remarque que Pierre Haincque ne fait jamais suivre son nom de celui de Puy Gibault, ce qui semble indiquer qu’il n’en eut jamais la possession. Cependant, dans son acte de mariage, son père est appelé « Adrien Haincque de Puy Gibault» et dans son testament rédigé en 1758, sa mère se dit veuve « du sieur de Puy Gibault ». Il apparaît pourtant certain qu’à cette date le domaine n’était plus dans leur patrimoine, car il appartenait à Gilles Moreau, receveur au grenier à sel de la ville et à son épouse Anne-Catherine Durifflé. Leur mariage avait été célébré à Saint-Ours le 25 octobre 1700 et elle était veuve lorsqu’elle fut enterrée à Saint Antoine le 5 janvier 1761. Ses trois enfants et uniques héritiers: Anne-Catherine, demeurant au couvent des dames religieuses de l’Hôtel Dieu de Loches, Gilles-Denis marchand à Montlouis, et Jacob receveur des tailles à Chinon, vendirent le 6 juin 1763: « les lieux, métairie et closerie de PuyGibault et la borderie de la « Gaignotterie», consistant en maison pour le maître, le métayer, le closier et le bordier, cellier, «coulombier» et autres bâtiments», la métairie de Champboisson à Azay le Chadieu et un « lopin » de pré dans la prairie de Mauvières pour 11 800 livres à Jacques-Prudent Bruley et son épouse. La somme était payable « en leurs commodités » mais les intérêts, 590 livres, devaient être versés chaque année .

Il y a, reconnaissent les vendeurs, un certain nombre de réparations « tant de maçon, charpente et couverture », c’est pourquoi il sera fait un procès verbal de visite « pour être remboursés sur les quittances qu’ils en rapporteront ». Le 9 juin suivant, en présence de Me Robin, eut lieu la prise de possession suivant le curieux cérémonial prévu par la coutume, de Puy Gibault et de la «Gagnotterie», située à proximité. Ce lieu est encore mentionné sur la carte de Cassini, mais il n’en est plus question par la suite. Pour acquitter les droits de vente, il fut procédé le 2 août 1765 à la ventilation du domaine. Il en ressort que Puy Gibault et la Gagnotterie, pour une valeur de 3450 livres, relevaient de la seigneurie de May à Monsieur le marquis d’Argenson, des vignes et des prés pour 1600 livres au fief de Mauvières à Monsieur de Baraudin. Quant à la métairie de Champboisson, elle dépendait d’Azay et quelques pièces de terrain, situées dans la seigneurie de Bergeresse à la Chartreuse du Liget.

L’acquéreur, Jacques-Prudent Bruley, né à Paris le 24 septembre 1725, était le fils de Prudent Bruley, procureur du Châtelet de Paris, qui eut onze enfants dont quatre seulement ont eu une postérité. Il est donc l’oncle du célèbre Prudent-Jean Bruley, président trésorier de France, qui sera Maire de Tours en 1790 et Député à l’Assemblée Législative (24). Jacques-Prudent, qui est seulement bourgeois de la bonne ville de Loches, s’était uni le 23 février 1756 à Anne-Jeanne Auger. Or celle-ci était la fille de François Auger, garde-marteau de la maîtrise des Eaux et Forêts de Loches et seigneur de la Roche Bertaud à Ciran depuis 1723 et de dame Magdeleine-Gabriel Haincque, inhumée dans l’église Saint-Ours le 30 octobre 1747, soeur d’Adrien Haincque III et donc tante de Pierre Haincque. Anne Auger rentrait donc en possession du domaine ancestral de Puy Gibault.

Jacques-Prudent Bruley ne semble pas très fortuné et se trouve parfois dans une situation difficile, et ses deux frères se chargèrent de pourvoir à l’éducation de ses enfants (24). Il en eut au moins quatre, dont Anne et Jeanne mortes dans leur jeunesse. L’un des garçons, Jean-Prudent, disparut également avant son père qui décéda à 73 ans le 5 pluviôse an VII ( janvier 1799) En 1793 il devait encore sur l’acquisition de Puy-Gibault une somme de 7226 livres 12 sols…

La suite sur : Bulletin de la Société archéologique de Touraine T. XL Année 1984. Page 1027.

Les billes miraculeuses de la fontaine de Jouvence du moulin de Touvoie

 ~ CLAUDE METTAVANT

Mais jusqu’où iront-ils ?

La légende de la fontaine de jouvence

Les Rochecorbonnais connaissent bien cette fontaine de jouvence située dans le parc du moulin de Touvoie, si cher à Cocteau. Les sources de jouvence sont une légende classique universelle, apparue dans la mythologie grecque sous le nom d’Hébé, mais qui prit sa définition actuelle dans la mythologie romaine sous le nom de Juventas (juventa = la jeunesse).

Il est amusant de constater que si Juventas était la déesse de la jeunesse et la beauté des jeunes hommes, et incidemment de la puissance de l’empire romain, elle est ensuite devenue la déesse de la beauté des femmes ! Sic transit gloria mundi.

Le moulin de Touvoie, au nord de Rochecorbon, s’enorgueillit donc de posséder une source de jouvence. Le folklore local situait quelques sources bénéfiques dans les environs, mais c’est en 1824 que tout va changer : le nouveau propriétaire, Alexandre Gay, médecin-chirurgien parisien, décide de vendre à Paris l’eau de sa source. Il reprend alors à son compte la légende de cette source miraculeuse de jouvence, et en propose le classement en eau minérale. Hélas, cette eau très pure et très limpide ne contient que très peu de minéraux : aujourd’hui on l’appellerait ainsi eau de source et non eau minérale. L’affaire capote et il ne reste plus que la légende.

Le rebondissement

En 2016, un rebondissement totalement inattendu remet cette légende au goût du jour. Une entreprise allemande propose le Tachyon Energy, «une énergie infinie, inépuisable qui imprègne le cosmos tout entier», et qui ne demande plus qu’à être activé pour pénétrer votre corps pour y créer «de l’ordre à partir du chaos».

Comment activer cette énergie potentielle ? L’entreprise a sa réponse : grâce aux billes de la fontaine de jouvence de Touvoie, en allemand Kugel Jungbrunnen von Touvoie ! Elle les propose sur un grand site internet de vente par enchères.

Curieusement, c’est en m’intéressant à Yolande d’Aragon, la prodigieuse belle-mère du Dauphin, qui monta de toutes pièces l’Affaire Jeanne d’Arc et qui possédait le château de Baugé, que je me suis heurté au mystère des “clochers tors”. En effet, à quelques lieues au nord de Saumur, il existe cinq églises, dont les clochers présentent l’étrange caractéristique d’être littéralement “vrillés”.
 Disputes de spécialistes. Ces tours énigmatiques sont groupées dans un petit pays charmant – le Baugeois – où s’est également déroulée une célèbre bataille, qui vit l’armée française, sous la conduite du Dauphin, écraser les Anglais, le 22 mars 1421, victoire que les historiens ignorent superbement, Dieu sait pourquoi ?

Les “clochers tors” ont suscité de nombreuses querelles entre spécialistes, se voulant plus informés les uns que les autres. Mais on ne m’enlèvera pas de l’esprit qu’en l’occurrence, certains silences se révèlent particulièrement éloquents si j’ose dire ! En fait, nul ne connaît la vraie raison de ces remarquables anomalies, qui marquent le paysage, mais ne retiennent guère l’attention des cohortes d’automobilistes survoltés. Jusqu’ici, quantité de chercheurs ont en vain tenté de percer le secret de ces insolites architectures. D’après certaines statistiques, il existerait 79 clochers “tordus” en Europe – 35 en France, 19 en Allemagne, 8 en Autriche, 8 en Belgique, 3 en Angleterre, 2 au Danemark, 1 en Italie et 3 en Suisse – dont l’immense majorité se présente sous forme octogonale. Sur le total, 46 flèches “tournent” de gauche à droite, alors que 26 “virent” de droite à gauche. Et l’ensemble de ces mouvements giratoires ne dépasse jamais le huitième de tour, ce qui – sur pareille hauteur – ne représente qu’un pourcentage marginal, suffisant pourtant pour retenir l’intérêt d’un observateur moyen.

Où est la vérité ?

Les méthodes restrictives, voire ésotériques, utilisées jadis pour la coupe et le séchage des bois, n’ont nullement empêché les charpentes de “vriller”, pas plus d’ailleurs que les procédés modernes, qui permettent d’abattre des arbres quasi en toutes saisons et d’utiliser des poutres à peine sciées. On notera qu’il existe des “tordus” de tous les âges. Il va de soi que les villageois, voyant leur clocher prendre de curieuses allures, ont échafaudé de truculentes légendes. Presque chaque bourg possède la sienne. L’imagination populaire s’y donne libre cours et la plupart d’entre elles évoquent la main des fées ou tournent autour de facéties du diable, qui aurait – pour de multiples raisons – mis à mal l’édifice religieux local. D’autres font état de noces où, pour mieux contempler la fête, la flèche se serait courbée et le Ciel aurait éternellement puni sa curiosité… Plus intéressante serait l’influence du vent, qui aurait exercé une sorte de torsion, à force de souffler dans la même direction.

Cette hypothèse me semble bien hasardeuse et ne s’expliquerait que dans le cas de charpentes légères et fragiles… et encore!

Quant au bois trop frais – qui se tord de gauche à droite en vieillissant – il ne résoud pas tous les problèmes, il s’en faut de beaucoup. D’aucuns ont évoqué la pluie, à la suite de la perte d’ardoises, d’autres ont prétendu que certains charpentiers “arrosaient” un peu trop leur ouvrage… sur place! Tout ceci reste, bien entendu, à démontrer. Un “ésotéricien” imaginatif s’est donné bien du mal à élaborer une thèse farfelue, mettant à contribution la Lune et ses pouvoirs attractifs et magiques!

Les Compagnons

A mon modeste avis – si quelque phénomène a pu se produire dans l’un ou l’autre cas pour l’une des raisons ci-dessus invoquées – l’œuvre géniale des “clochers tors” revient aux Compagnons et à eux seuls. Dans un domaine aussi complexe que la charpente, il est exclu d’attribuer à d’autres qu’à des spécialistes, détenteurs de secrets immémoriaux, une œuvre d’une aussi grande exigence, doublée d’une invraisemblable régularité. Certaines de ces flèches ont pu se courber ou s’affaisser sous le poids des ans ou la violence des éléments (comme celle du clocher de Plougrescant que nous avons montrée dans le N° 41 de Science & Magie). Mais qu’un clocher devienne “tors” se révèle autrement difficile. On en connaît qui sont “vrillés” jusqu’à mi-course, puis droits ensuite. Du grand art ! Par leur dextérité, les Compagnons du Bois ont voulu montrer à tout un chacun qu’il n’est rien d’impossible à celui qui – possédant des procédés de fabrication réservés à une toute petite élite – est en mesure de réaliser ce que le vulgaire ne songera même pas à comprendre… (Sylvio Curmondo)

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Près de cette gentilhommière se tient une fontaine miraculeuse élevée au XVIIIème siècle. La source est surmontée sur l’un de ses côtés d’un mur possédant un joli fronton, sur lequel le temps a laissé des traces d’érosion. L’accès à l’eau, qui avait la réputation de guérir les maladies des yeux et, aussi, de faire maigrir, est protégé par une grille. Un lavoir a été installé à proximité, il est alimenté par cette source.

Genillé est un ancien bourg occupé dès le Néolithique et dont les romains firent une place forte. En 1515, Genillé devient le centre d’une châtellenie. Le seigneur en est Adam Fumée, il y fait construire une demeure seigneuriale (le château qui occupe encore aujourd’hui le centre du bourg). Il est le fils homonyme d’un homme qui fut médecin des rois Charles VII, Louis XI et Charles VIII. En 1591, la seigneurie de Genillé revient à la famille de Menou qui restera à la tête du village jusqu’à la Révolution. En 1662, Louis de Menou fait rénover le château, acquiert celui de la Bourdillière où il fonde un prieuré de femmes qui deviendra couvent royal en 1688. Son entretien étant devenu trop lourd, le couvent est dissout en 1770.

C’est à partir du dernier tiers du XIIe siècle, que les textes signalent des édifices qualifiés de maison forte, ou maison fortifiée. Ces constructions, plus simple que des châteaux, sont les résidences de la petite aristocratie, installées le long de routes principales ou à la frontière d’une grande seigneurie. Ce phénomène qui se poursuivra largement dans la première moitié du XIIIe siècle, prendra fin au début du XVIe siècle. La maison forte de Montaigu est une bâtisse isolée au fond d’un vallon (c’est un ancien fief cité dès 1212), elle servait à protéger la route allant de Blois à Loches. Près de cette gentilhommière se tient une fontaine miraculeuse élevée au XVIIIème siècle. La source est surmontée sur l’un de ses côtés d’un mur possédant un joli fronton, sur lequel le temps a laissé des traces d’érosion. L’accès à l’eau, qui avait la réputation de guérir les maladies des yeux et, aussi, de faire maigrir, est protégé par une grille. Un lavoir a été installé à proximité, il est alimenté par cette source.

Septembre 1619, un grand événement se préparait à Montbazon et à Couzières. Sous l’influence de Richelieu, la reine mère MARIE DE MEDICIS, sortie de son exil imposé par le roi LOUIS XIII, son fils, se rendit en Touraine en vue d’une réconciliation avec ce dernier.

Hercule DE ROHAN, Duc de Montbazon, proposa son château de Couzières pour cette entrevue secrète. Parmi les seigneurs figurait un jeune et élégant chambellan du roi, Yves de KARVANEC. Sa fiancée, Renée du BREIL, demoiselle d’honneur de Marie DE MEDICIS, était arrivée au donjon de Montbazon. Ce jeune homme plein de fougue souhaitait retrouver sa fiancée. Une nuit, il scella son cheval et se dirigea de Couzières vers le château de Montbazon. Mais pour cela, il fallait franchir le ruisseau du MARDEREAU, peu profond mais entouré de marécages. Le jeune cavalier n’a jamais rejoint sa belle.

L’année suivante, un laboureur nommé GAYGNIER passait sur le ponceau du Mardereau (passage en guise de petit pont), surpris par une odeur nauséabonde qui émanait des roseaux, il découvrit le cadavre d’un jeune homme et celui d’un cheval. Il décida de planter un jeune chêne face au marais fatal. Dans les temps jadis, il était dit que par les belles nuits de septembre, le fantôme d’un cavalier passait silencieusement près du chêne. Ce lieu où disparu Yves de KARVANEC portera le nom de l’EFFONDRÉE. Vérité ou belle légende romantique ?
Au centre bourg de Veigné, empruntez la rue Jules FERRY vers Montbazon, sur votre droite, avant le petit pont Saint Joseph, vous verrez ce chêne qui, malgré son grand âge, donne encore de l’ombrage aux promeneurs.

La fontaine Saint-Marc se trouve au bout du pont, au pied du coteau, juste à côté d’une vieille demeure typiquement tourangelle.

Depuis la source, située dans le coteau, les eaux dévalent doucement  en taillant, dans l’avancée du tuf, une goulotte, comme une rigole. A l’extrémité se crée un champignon de tuf dont la forme rappelle la tête d’un chameau, d’un éléphant de mer ou d’un dinosaure selon l’imagination de chacune et chacun. Cet « animal » avance de plus de deux mètres au-dessus d’un bassin où l’eau se déverse. Sa croissance est rapide. On l’estime à plus d’un centimètre par an. Il est donc nécessaire de le tailler tous les trente ou quarante ans. Cette « apophyse » est consolidée par la colonisation de mousses fixatrices de calcaire sur les zones les plus humides. Les « bajoues » sont formées par des excroissances recouvertes de mousses et d’hépatiques moins exigeantes en humidité. Ce dépôt à la forme étrange est le plus spectaculaire que l’on puisse observer en Touraine.

Nombre de légendes ont accompagné cette fontaine au fil du temps. Entre autre, on prête des pouvoirs thérapeutiques à son eau malgré qu’elle ne soit pas potable. Son débit est fort variable selon les saisons, jusqu’à devenir insignifiant durant des étés caniculaires.

A la période du néolithique, cette fontaine était déjà un lieu de culte. On y a découvert un nombre important de pointes de flèches barbelées en silex et des haches polies votives en grès.

Juste au-dessus de la source, en 1891, un édicule à colonnettes surmonté de la statue de Saint-Marc a été érigé. Au début du chemin qui monte à la fontaine, on peut voir la reproduction de la grotte de Lourdes et la copie d’une muraille médiévale avec une tour et ses canons factices en zinc, construite en 1893 pour honorer la visite de Monseigneur Renou, archevêque de Tours.

Jusqu’en 1970, chaque année, en septembre, un important pèlerinage partait de cet endroit. S’enfonçant dans la végétation, on grimpait à flanc de coteau en suivant un long chemin de croix jalonné de grottes abritant de magnifiques statues représentant des scènes bibliques.  Cette manifestation attirait des milliers de personnes. Aujourd’hui, malheureusement, ce chemin prometteur s’arrête à la fontaine Saint-Marc. Propriétés privées, son accès est interdit et la végétation a envahi le site et détruit la plupart des monuments.

textes et photos : Michel Brouard

Source : Site Internet de Chaumussay

La Fontaine Saint-Marc de Chaumussay

C’est dans un cartulaire (titre fixant les propriétés des seigneuries) de l’évêché de Tours au 13ème siècle qu’est cité pour la première fois Chaumucayum, c’est à dire Chaumussay en latin. Le premier seigneur dont le nom soit connu était Jehan de Gastineau (1225-1240) frère d’un chanoine de Saint-Martin de Tours, auteur d’une vie de Saint-Martin et d’un rituel. Possession de Jean le Meingre dit Boucicaut, maréchal de France au 14ème siècle, elle fut également le siège d’un prieuré dépendant de l’abbaye de Fontgombault.

A l’entrée de ce charmant petit village, niché au creux de la vallée de la Claise, au pied du coteau, coule la Fontaine Saint-Marc. Après la source située au dessus, les eaux descendent sur plus de vingt mètres dans une goulotte presque transformée en conduit du fait de la croissance du tuf, le carbonate de calcium s’étant déposé de part et d’autre de la rigole. Au dessus du bassin recevant l’eau de source, une formation calcaire qui avance au fur et à mesure que celui-ci se dépose. Mesurant plus d’un mètre cinquante, son apparence fait imaginer une tête de chameau. Ces concrétions sont réputées comme parmi les plus belles de Touraine.

La source est protégée par un édifice carré à colonnades surmonté d’une statue à l’effigie de Saint-Marc. Ce site était un lieu de pèlerinage très important, les eaux de la fontaine avaient la propriété de guérir les problèmes de vue.

Source : Fontaines de France

Les vestiges romains d’Aubigné-Racan sont édifiés dans la plaine à proximité du Loir, aux anciennes frontières des peuples Cénomans, Andes et Turons. Plus haut, l’éperon fortifié du « Camp de Vaux » est occupé  dès l’âge du bronze. En contrebas, à l’emplacement du futur théâtre antique, une nécropole gauloise a été mise à jour. C’est donc sur un territoire déjà occupé à l’époque gauloise que les monuments romains vont être édifiés entre les années 60 et 150 de notre ère. Le site archéologique gallo-romain de Cherré montre qu’Aubigné devait être un centre important à partir du Ier siècle. Le site qui s’étend sur 15ha est propriété du Département depuis 2002 et combine des ressources patrimoniales et environnementales en étant un des 4 sites naturels sensibles gérés directement par le Département.

Le complexe gallo-romain, dont la construction débute vers la fin du ier siècle, connaît son apogée aux iie et iiie siècles et s’étend alors sur plus d’une quarantaine d’hectares. Toutefois, il ne semble pas faire l’objet d’une occupation permanente, comme en témoigne l’absence de trace probante d’habitat ou de voirie structurante. À cette époque, le complexe de Cherré se présente comme une « agglomération secondaire à fonctions religieuses dominantes », dédiée au culte impérial ou à un culte guerrier, lieu de rencontres saisonnières, commerciales et religieuses. Son utilisation cesse au ive siècle. Ses monuments, dès lors abandonnés, servent de carrière de pierres pour de nouvelles constructions au Moyen Âge, églises romanes notamment. Ses ruines, qui se situent sur la rive droite du Loir, sont connues dès le début du xviiie siècle, mais il n’est formellement identifié comme site antique qu’en 1875 et son étude approfondie ne débute que dans les années 1970. Les fouilles d’État, entreprises en 1976 par Claude Lambert et Jean Rioufreyt, et poursuivies jusqu’en 2006, permirent de mettre au jour la nécropole halstattienne, un théâtre antique de 3 000 places, un bâtiment peut-être à double vocation (forum et macellum), deux temples, dont l’un assez semblable extérieurement à la Maison Carrée de Nîmes, des thermes romains, et enfin un aqueduc alimentant l’ensemble du site. D’autres bâtiments, dont la fonction n’est pas connue, sont localisés mais restent à étudier. Cherré est un site naturel classé depuis 1975. Le théâtre est classé au titre des monuments historiques en 1982 et, en 1991, ce sont tous les autres vestiges qui font l’objet d’une protection par inscription. Le site est une propriété du conseil départemental de la Sarthe qui, depuis la seconde moitié des années 2000, procède à des aménagements permettant un accès facilité aux ruines antiques et une meilleure information du public.

C’est à la découverte d’une nouvelle énigme historique que je vous convie aujourd’hui. Une énigme d’autant plus difficile à percer qu’elle se situe dans des temps relativement reculés. Je me proposerai donc de vous rafraîchir la mémoire pour mieux, ensuite, vous plonger dans un abîme de perplexité (…)

Aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, ce n’est pas tant de politique dont nous allons parler que d’amour et de beauté. Vaste et ambitieux sujet à la hauteur de l’exigence du lectorat de qualité que vous êtes mais qui, en l’espèce, se réduira modestement à l’évocation d’une personnalité au croisement des rubriques « politique », « people » et « fait divers » des gazettes (s’il y en eut) médiévales. Politique et coups tordus, amour et intrigues (à moins que ce ne soit l’inverse…) et mort mystérieuse : voici ce que le cette chronique vous réserve aujourd’hui !  Retrouvons-nous donc en 1450 et remettons-nous le contexte en tête (ce n’est pas du luxe). Nous sommes alors en pleine Guerre de Cent ans contre l’Anglais. Celle-ci a commencé déjà depuis 1337. Résumons-là rapidement. En 1328, le roi de France Charles IV le Bel, troisième et dernier fils de Philippe le Bel (ces trois-là sont les fameux « rois maudits » du livre de Maurice Druon) meurt sans héritier. C’est la fin du « miracle capétien » qui avait vu, depuis 987 et l’élection d’Hugues Capet au trône de France, une lignée ininterrompue de souverains qui avaient tous eu un héritier mâle pour leur succéder. A cette date, trois solutions s’offrent donc pour trouver le nouveau roi : Accepte-ton une femme sur le trône de France ? Le roi pourrait alors être… une reine : Isabelle de France, la propre sœur de Charles IV le Bel : la succession est toute trouvée. Refuse-ton une femme (quel pays de phallocrates que la France) ? Le roi pourrait très bien alors être le fils d’Isabelle de France, Edouard III d’Angleterre. Ni femme, ni Anglais (franchement, on est difficile …) ? Alors il n’y a plus qu’à choisir le plus proche cousin de Charles IV, Philippe dit « de Valois ». C’est ce qui sera fait : Philippe de Valois va monter sur le trône de France et sera sacré sous le nom de « Philippe VI (ci-contre). » A cette date, notons que la fameuse loi « salique » (= des Francs saliens) n’est pas encore invoquée pour justifier l’éviction des femmes du trône. Cet argutie juridique (car il s’agit d’une disposition coutumière de droit privé excluant les femmes de l’héritage de la terre) ne sera exhumé que 50 ans plus tard, pour justifier a posteriori les décisions initiales. Quoiqu’il en soit, la solution retenue ne pouvait satisfaire Edouard III Plantagenêt qu’à condition que celui-ci reçût des compensations territoriales. Bernique. Or la radinerie des Français, peu disposés à donner des terres aux Rosbifs, était compliquée par la question de la Guyenne. Cette région du sud-ouest était un fief d’Edouard III d’Angleterre qui devait donc reconnaître Philippe VI de France comme suzerain, le second ayant autorité sur le premier dans cette zone : une situation évidemment inacceptable pour l’Anglais. Tout cela conduisit les deux rois à vider leur querelle sur le pré : c’est le début de la Guerre de Cent ans. Le début de ce conflit (qui durera finalement 116 ans) est marquée par de nombreuses victoires anglaises. De 1337 à 1364, les Britanniques étendent leur contrôle sur une grande partie de la France par les Anglais : une situation entérinée par le Traité de Brétigny. De 1364 à 1380 en revanche, Charles V, successeur de Philippe V entame une patiente reconquête du territoire. Il privilégie la conquête une par une des places fortes et délaisse les grandes batailles rangées où les troupes anglais sont les plus fortes. Il développe parallèlement une propagande destinée à faire émerger un véritable (et inédit pour l’époque) sentiment national. Mais à partir de 1380 et la mort de Charles V, le jeune âge puis la folie de son fils Charles VI fragilisent le pouvoir royal français. Les ambitions personnelles des Grands du royaume se déchaînent (guerre civile entre les Ducs de Bourgogne et d’Orléans). Le nouveau roi d’Angleterre Henri V (ci-contre en bas) reprend alors du terrain sur le continent. En 1420, il obtient même de Charles VI d’épouser sa fille Jeanne, renforçant les prétentions dynastiques des souverains anglais sur le trône de France (c’est le Traité de Troyes). Le dauphin Charles (futur Charles VII, âgé de 17 ans à l’époque, ci-contre) est déshérité par Charles VI au passage.
Ouste ! Les juristes français rappellent doctement que Jeanne, fille de Charles VI et femme d’Henri V, n’a aucun droit à la couronne (et son mari encore moins !) et affirment qu’un roi ne peut déshériter son successeur légitime. Il n’empêche : ça va mal. En 1429, Henri V d’Angleterre contrôle en effet une bonne moitié de la France et fait face à des Français divisés par des luttes internes. Mais là : paf ! Coup de théâtre immanent ! En 1429 même, Henri V d’Angleterre meurt ! Son fils n’a que quelques mois : c’est la stupéfaction et la désorganisation dans le camp anglais. Car l’espoir va changer de camp. A cette époque, dans l’entourage du Dauphin de France (qui a , plutôt désemparé, débarque une jeune lorraine née en 1412 (elle a 17 ans), habillée en homme et qui prétend avoir entendu des voix célestes et eu des visions positives sur la légitimité et l’avenir du Dauphin : Jeanne d’Arc. L’irrationnel fait par là une entrée tonitruante dans une situation militaire où, rationnellement, le Dauphin Charles est en difficulté. Et pourtant… Galvanisés par la victoire aussi foudroyante qu’inattendue de la Pucelle à Orléans, le Dauphin reprend confiance, lève une armée et repousse progressivement les Anglais vers le Nord. En 1429, après la bataille victorieuse de Patay, il est couronné roi à Reims sous le nom de Charles VII. L’année 1435 voit le camp Français se rabibocher enfin avec le ralliement des Bourguignons au souverain légitime. Quinze ans plus tard, l’expulsion des Anglais est imminente : ils ne contrôle plus guère que les régions de Rouen (Normandie) et Calais (Nord). Entre-temps, Charles VII a réorganisé le royaume avec habileté et efficacité, établissant des universités nouvelles, codifiant les privilèges de l’Eglise, limitant l’autorité des grands féodaux, levant des impôts de façon plus régulière et assainissant la monnaie afin de favoriser l’investissement. Un des facteurs de soutien de Charles VII, tout au long de son règne, fut le soutien de sa riche et puissante belle-famille, celle de la reine Marie d’Anjou. Or donc, voilà où nous en sommes en 1450 pour ce qui est de la situation militaire. Mais sur le plan personnel, quid de Charles VII et de la reine Marie d’Anjou ? Après les pages « relations internationales » puis les « pages politique » et « économie », voici venue la rubrique « people »… Avouez que vous n’attendez que cela, hein ?  Charles VIl n’avait pas vingt ans lorsqu’il a épousé le 22 avril 1422, la reine Marie d’Anjou. Elle n’est pas très belle, les chroniqueurs de l’époque assurent même qu’elle a « un visage à faire peur aux Anglais eux-mêmes »… (merci pour elle). Qu’importe, Charles VII lui-même est décrit comme ayant peu d’allure, un nez crochu et un caractère à la volonté inhibé. Ils auront treize enfants ensemble : Louis (futur Louis XI) mais aussi Jean, Radegonde, Catherine, Jacques, Yolande, Jeanne, Philippe, Marguerite, Jeanne (encore) et sa sœur jumelle Marie, Madeleine et enfin Charles. Marie d’Anjou, quoiqu’il en soit, de l’avis général, va être une reine aimante et fidèle. Le roi Charles VII, toutefois, ne semble pas dédaigner la bagatelle extra-conjugale. Faisons une petite digression juridico-conjugale. Jusqu’à Charles VII, traditionnellement, les rois ne se privent pas d’une intense activité hors-mariage. Ces relations, toutefois, prêtent si peu à conséquence que les chroniqueurs contemporains ne prennent même pas la peine de consigner le nom des heureuses ( ? ) élues. Quant à la préoccupation de l’Eglise, ce n’est pas celle de l’adultère royal en soi, contrairement à ce que laissent supposer les démêlés qu’elle avait eu au Xème siècle avec Robert le Pieux (996 – 1031, le fils d’Hugues Capet). Votre serviteur en a débattu autrefois avec l’éminent médiéviste Jacques Le Goff lors d’une empoignade épistolaire dans la rubrique « courrier des lecteurs » du numéro 247 (octobre 2000) du magazine L’Histoire. Cette préoccupation ecclésiastique est double : elle vise d’abord à assurer l’autorité morale de l’Eglise en imposant le principe de l’indissolubilité du mariage prononcée par un prêtre. A la suite d’une telle célébration, seule l’Eglise elle-même peut déclarer nulle ce mariage. Le divorce est donc exceptionnel, y compris pour le monarque qui, à titre conjugal, doit se soumettre aux prescriptions religieuse. Comme n’importe quel gueux du royaume ! Il ne lui est donc pas permis de répudier ses épouses, sinon, c’est le retour aux monarchies barbares pré-chrétiennes. Soyons civilisés : la bagatelle, oui, le divorce, non. La reine peut dormir tranquille (d’autant plus qu’elle dort seule…) Pourquoi une telle rigidité teintée, on le voit, d’une belle hypocrisie ? Est-ce par désir de faire émerger, à travers l’exemple des droits de la reine, un nouveau statut pour la femme médiévale ? Est-ce pour faire passer celle-ci du statut de simple objet domestique à celui d’être humain respectable, ce qui ouvre la porte au culte des saintes et notamment de la vierge Marie ? C’est que qu’affirme le très catholique Jacques Le Goff, se fondant sur l’essor, à cette époque, des communautés de moniales (les « bonnes sœurs ») et de celui du culte marial. Est-ce par désir de faire émerger, à travers l’exemple des droits de la reine, un nouveau statut pour la femme médiévale ? Est-ce pour faire passer celle-ci du statut de simple objet domestique à celui d’être humain respectable, ce qui ouvre la porte au culte des saintes et notamment de la vierge Marie ? C’est que qu’affirme le très catholique historien Jacques Le Goff, se fondant sur l’essor, à cette époque, des communautés de moniales (les « bonnes sœurs ») et de celui du culte marial. C’est inexact. Votre serviteur a (vous vous en doutez) une vision moins poétique et plus… politique de la question. Car voici le second volet des préoccupations de l’Eglise de France en matière d’institution conjugale.  La stabilité conjugale du couple royal est surtout nécessaire pour garantir la validité des prétentions au trône des différents héritiers.

Comment et pourquoi ?

La guerre de Cent Ans a permis, on l’a vu, l’affirmation juridique des principes dynastiques de la monarchie française qui sont donc tout récents. Les prétentions politiques des souverains britanniques Plantagenêt (et notamment d’Henri V, qui a épousé Jeanne, fille de Charles VI et sœur de Charles VII) ont conduit les juristes français à clarifier les deux piliers principaux de la dévolution de la couronne française. Ces deux piliers sont la masculinité et la primogéniture. En clair : en France, c’est l’aîné des garçons qui hérite la couronne, les femmes n’ont aucun droit. Mais ce n’est pas tout . Car, et c’est là qu’intervient l’Eglise. Encore faut-il que ces héritiers soient légitimes. Et pour qu’ils soient légitimes, ils doivent être issus d’une union légale, consacrée par un mariage, lui-même célébré par un prêtre et, on l’a vu, quasiment indissoluble. Ce système verrouillé restreint donc fortement le risque d’éventuelles guerres de succession pour le trône de France. Il renforce clairement la stabilité de la monarchie autant que le pouvoir de l’Eglise : il n’y a qu’un souverain légitime et, pour régner, celui-ci doit en outre être sacré par un représentant de l’Eglise. Pour garantir sa propre existence (le christianisme est religion d’état), l’Eglise a intérêt à la solidité du Trône, à laquelle elle participe activement. Pouvoir religieux et pouvoir politique sont étroitement liés. Par conséquent, les « bâtards » du roi peuvent bien être tolérés, puisqu’ils n’ont aucun droit. En matière dynastique, les enfants illégitimes font tapisserie et ne constituent de menace, ni pour la stabilité du Trône, ni pour la position de l’Eglise. D’où le laxisme de la religion à l’encontre des maîtresses des souverains et de leur éventuelle progéniture illégitime. Ceux qui espéraient que l’Eglise soit un instrument délibéré de libération de la femme en sont donc, sur ce point du moins, pour leurs frais. Mais, après ce court intermède de droit médiéval qui vous aura, j’en suis sûr, passionné, revenons aux galipettes de Charles VII car c’est dans ce contexte (enfin éclairci) qu’apparaît une dénommée… Agnès Sorel.

Les historiens érudits divergent sur le lieu de naissance d’Agnès Sorel : Fromenteau (près de Tours) ou Coudun (Picardie) ? Elle a en tout cas quatre frères et est la fille de Jean Sorel (seigneur de Coudun et mercenaire au service du roi) et de Catherine de Maignelais (châtelaine de Verneuil-en-Bourbonnais). Elle va recevoir une éducation soignée car ses relations familiales lui permettent de briguer le poste prestigieux mais peu rémunérateur de dame de compagnie de la belle-sœur de la reine (la femme du frère de Marie d’Anjou). En 1443, à 21 ans, elle arrive donc à la cour de Charles VII. La beauté d’Agnès Sorel, évaluée selon les canons de l’époque, frappe d’emblée ses contemporains (et sûrement aussi ses contemporaines). On lui prête une taille fine, un teint de lait, un front haut et bombé, des cheveux d’or, de grands yeux en amande. Elle est présentée au roi. Ils ont près de vingt ans d’écart mais celui-ci, moins d’un an après, en fait sa maîtresse et la présente officiellement comme telle. C’est une innovation. Depuis 1444 (nous avons dit que c’était une innovation) la relation entre le roi Charles VII et sa maîtresse Agnès Sorel est officielle. Dédaignant ostensiblement l’infortunée reine Marie d’Anjou, Charles VII s’affiche avec elle sans complexe ni retenue. Ce rôle effectif de « première dame » de France donne à la belle une influence à la cour dont elle ne se prive pas d’user. Elle bouleverse l’étiquette, jusqu’ici plutôt compassée en matière vestimentaire, pour mettre en valeur sa sensualité. Elle provoque le scandale mais finit par imposer, pour les dames, le port de robes à décolletés profonds ainsi que le port de chapeaux extravagants (elle les affectionne en forme de pyramides !). Des chroniqueurs de l’époque (tels Thomas Basin et Jean Jouvenel des Ursins), soucieux des bonnes mœurs de la cour, s’offusque publiquement et jugent cela « ribaudise et dissolution » ! Agnès Srel n’en a cure. Elle devient une client assidue de Jacques Cœur, le richissime argentier royal qui la fait fournir en fourrures, bijoux et étoffes précieuses. Elle s’affiche avec des atours dont la traîne est parfois démesurée (jusqu’à huit mètres pour l’une de ses robes !)

Le roi, très amoureux, dépense des fortunes pour elle. En 1444, il lui offre pour 20 600 écus de bijoux dont le premier diamant taillé connu. Il lui octroie ensuite des terres (seuls gages de revenus, à cette époque) en fief : Vernon, Issoudun, Roquesezière, Loches et Beauté-sur-Loire. Par jeu de mots, Agnès Sorel hérite alors du surnom (enviable) de « Dame de Beauté »…. Il va même s’épaissir car, en 1777, le corps d’Agnès Sorel est retiré du cercueil et « réduit » (on récupère les restes) : on les place dans un saloir à cochon (!) de 43 X 35 cm. Avec la Révolution et les troubles qui l’accompagnent, c’est pire. La sépulture d’Agnès Sorel à Loches est profanée : le saloir est brisé et ce qui reste du corps est directement enterré dans la terre. Quelques années plus tard, toutefois, on procède à des fouilles de l’endroit et on recueille pieusement des résidus de ce que l’on croit appartenir au corps d’origine pour le mettre alors dans un pot en grès. Mais comment savoir si cette drôle de bouillie un peu nauséabonde est bien ce qui reste du corps (charmant) de la célèbre favorite de Charles VII ?

Impossible…

Impossible jusqu’au tournant du XXIème siècle. Car avec la découverte de l’ADN (1944), la science moléculaire fait, spécialement à la fin des années 1990, des progrès de géant. Ainsi, au printemps 2004, le Conseil Général d’Indre-et-Loire décide-t-il de solliciter le CHU (Centre Hospitalier Universitaire) de Lille pour faire expertiser les soi-disant « reliques » d’Agnès Sorel. Il lui verse pour ces travaux une subvention (royale) de… 5 000 euros. Ce vont alors être au total 22 scientifiques de 18 laboratoires différents qui vont travailler (quasiment pour la gloire !) sur cette question sous la férule d’un nommé Philippe Charlier.Une des nombreuses spécialités de ce ponte français de la médecine légale est d’être, précisément, en plus, l’un des 200 seuls « paléopathologistes » mondiaux. Quid ? C’est simple : Philippe Charlier est l’homme qui se rend sur les lieux d’une découverte archéologique lorsque les archéologues (qui ont une formation de scientifiques et d’historiens mais pas de médecins) pensent y avoir découvert des corps. L’intervention de Charlier est alors décisive. En effet, déplore-t-il (Le Point, mars 2005), « les archéologues prennent souvent pour de simples racines ce qui sont en fait les coronaires de la cage thoracique ou, encore confondent les calculs rénaux avec de simples cailloux ». Pas lui. Et grâce à ces minuscules débris, il glane des informations capitales sur la santé de l’individu mort depuis des siècles : sexe, âge, taille (suivant la dimension des os disponibles), habitudes alimentaires et sexuelles, bactéries, virus, maladie, couleur de la peau et des cheveux… « C’est fou, dit-il, ce que les morts rendent le passé vivant ! » Puis il les transmet éventuellement aux laboratoires de la gendarmerie pour reconstituer, grâce à des logiciels utilisés en matière de recherches criminelles, la physionomie du mort dans son ensemble. Le pot en grès qui est remis à Philippe Charlier le 8 septembre 2004 contient, c’est une chance, une véritable mine de matériaux : du jus de putréfaction, des cheveux, des dents (sept), des fragments de peau desséchée, des morceaux d’os du crâne et des mandibules, des muscles, des cartilages, des sourcils et même quelques poils pubiens… C’est plus qu’il n’en faut pour que Philippe Charlier fasse « parler » le (ou la) mort(e) et accumule des indices confondants… Mais qui prouvent quoi ? Nous l’allons voir. Dans les débris organiques qui entourent les restes, Charlier trouve d’abord du chêne, du cèdre et du plomb : les trois matières du cercueil originel du corps d’Agnès Sorel, on l’a vu. Bon début. Mais l’âge des os ? On utilise alors le rayonnement au « carbone 14 » : celui-ci livre une datation d’environ 550 ans soit l’année 1450. C’est bien. Quid du sexe du mort ? Les sutures des os du crâne indiquent que c’est une femme. C’est mieux. Son âge ? Charlier poursuit ses investigations.Très facile pour un médecin légiste : ces mêmes sutures crâniennes ainsi que l’usure des dents correspondent à une femme d’environ 30 ans (Agnès Sorel était morte à 28 ans). La qualité des dents (une seule carie pour sept dents) indique une bonne hygiène alimentaire et leur tartre, gratté et débarrassé de leur calcaire après un passage dans un bain d’acide acétique, révèle que la morte bénéficiait d’une alimentation équilibrée avec des fibres aussi végétales que carnées. Ce n’est pas tout, loin de là. Il y a encore du boulot. Passons maintenant aux muscles et aux tissus. Nettoyés, les cheveux apparaissent blonds. Les fragments de peau contiennent très peu de mélanine (cette substance qui, activée par le soleil, nous rend bronzés). La jeune femme avait donc la peau plutôt blanche. Blondeur et blancheur : des caractéristique qui participaient de la beauté d’Agnès Sorel, selon ses contemporains. En revanche, l’analyse d’un fragment de la cloison nasale révèle une malformation qui devait sans doute faire ronfler la belle durant son sommeil !  Nulle n’est parfaite… L’analyse des viscères permet de découvrir que la jeune femme était, en outre, atteinte d’une affection parasitaire fréquente à l’époque : l’ascaridiose. Il s’agit de la présence de vers blanchâtres de 2 à 25 centimètres ( ! ) qui infectent le tube digestif et provoque chez le malade des douleurs abdominales, des diarrhées et des selles sanglantes… Comment soignait-on (de façon fort primitive) cette affection à l’époque ? Par l’ingestion de fougères mâles et des doses modérées de mercure… Gardons cela en mémoire. Philippe Charlier en est maintenant convaincu : les vestiges qui lui ont été remis corroborent à chaque étape la description faite par ses contemporains des traits physiques d’Agnès Sorel et de ses derniers moments, caractérisés par des maux de ventre et des diarrhées. Passons alors à l’autre mission donnée à Philippe Charlier : découvrir les causes exactes de la mort d’Agnès Sorel, puisqu’il s’agit bien d’elle. C’est pile-poil (ah ! ah ! c’est le cas de le dire !) la spécialité de ce médecin légal. Charlier va s’atteler à l’analyse du contenu des phanères (poils et sourcils) et utiliser notamment un « cyclotron » : ce n’est pas une invention du professeur Tournesol, c’est un accélérateur de particules pour isoler les substances découvertes.

Quod adveniat ?

D’arsenic, poison fréquemment utilisé à cette époque, on ne trouve aucune trace. En revanche, on découvre une dose astronomique de… mercure. Provient-il du sarcophage originel en plomb ? Non. Les débris de celui-ci ne contiennent de mercure qu’en quantités insignifiantes. La présence de ce métal lourd, alors, est-elle due aux produits utilisés pour la conservation du corps ? Non, car ses produits sont en général insérés dans les fosses nasales de la défunte lors de l’embaumement : en l’occurrence, les tissus retrouvés n’en contiennent pas. A l’évidence, ce mercure provient de la médication administrée à Agnès Sorel pour ses douleurs de ventre. On l’a vu : le mercure était habituellement utilisé comme vermifuge, pour soigner l’ascaridiose, ce dont Agnès Sorel était précisément atteinte. A l’examen de la quantité de mercure retrouvée, Philippe Charlier conclut vite : c’est à une absorption massive de mercure sur une durée très courte qu’Agnès Sorel a succombé. Disons le mot : c’est un empoisonnement. Mais comment le médecin d’Agnès Sorel, Robert Poitevin, très renommé à l’époque, aurait-il pu par erreur en prescrire à cette dose ? Il reste à conclure à un accident ou au fait que, comme dans un roman d’Agatha Christie, une main criminelle a donc fait absorber à Agnès Sorel un médicament selon une dose qui, loin de la soigner, l’a, au contraire, achevée… On a le cadavre. On a l’arme du crime. L’enquêteur du passé se pose alors les mêmes questions que le détective actuel. Qui en voulait à Agnès Sorel et pourquoi ? Qui a eu l’opportunité de commettre le crime en se trouvant dans l’entourage immédiat de la victime dans les instants qui ont précédé sa mort ? A ces questions simples, l’on n’a, hélas, pas de réponse et les historiens en sont réduits à de simples conjectures que je vous rassemble ici. Jacques Cœur : ce célèbre financier bourguignon, proche d’Agnès Sorel, désigné par elle comme exécuteur testamentaire, a été soupçonné dès le début car, dans un contexte de santé chancelante de Charles VII, il tentait à ce moment de nouer des relations plus étroites avec son successeur Louis XI. Aurait-il fait plaisir à ce dernier par un crime cynique ? Rien de tangible n’a étayé cette thèse qui a plutôt été abandonnée. Le dauphin, futur Louis XI et qui la détestait notoirement, n’était pas présent au moment du crime. Cela ne l’innocente pas pour autant : un (futur) roi ne se serait de toutes façons pas sali les mains en commettant lui-même un crime. Le chroniqueur contemporain Jacques Du Clercq (1424 – 1467) écrira explicitement que « le Dauphin avait déjà fait mourir une damoiselle nommée la belle Agnès (…) totalement en amour avec le roi son père ». Louis XI apparaît donc comme un coupable plausible, idéal, désigné, facilement trouvé. Un peu trop facilement ? Robert Poitevin : un médecin assassin ? Cela fait froid dans le dos mais, après tout, pourquoi celui-ci n’aurait-il pas été l’exécuteur des basses œuvres d’un autre commanditaire ? Une piste toutefois, n’a pas été évoquée… Car le poison n’est-il pas une arme traditionnellement… féminine ?

Le mystère reste, là, vraiment entier.

Bonne journée à toutes et à tous.

Ce site unique en Europe, classé aux Monuments Historiques, révèle les étonnantes vocations des troglodytes : le grand refuge souterrain à l’époque des Vikings ; la chapelle; les caves « cathédrales »; la ferme troglodyte; la cave à vin et le four, sans oublier la prestigieuse carrière de sarcophages mérovingiens retrouvée par les archéologues.

Vous voyagez à travers 1500 d’histoire.

Vous voyagez à travers 1500 d’histoire. Il y a seulement 27 ans, une découverte exceptionnelle a été faite par Michel Cousin, archéologue, dans cet univers surprenant qu’est le monde souterrain Et pourtant l’histoire de ce lieu remonte à plusieurs millions d’années en arrière. La mer des faluns, cette vaste étendue de sable coquillé, façonnée il y a 10 à 15 millions d’années par l’océan,  n’a pas fini de  nous réserver des surprises. Posé sur cette imposante poche de falun, Doué la Fontaine s’est construit autour, avec et au-dessus.

Les installations sont grandioses : les lavabos sont en marbre et les plonges en cuivre, les sols de marbres polychromes, les boiseries sont sculptées dans la masse et les chapiteaux de colonnes décorés de feuilles de lierre, d’acanthe, de laurier… La cuisine est de marbre blanc, la pâtisserie de marbre rose et vert et la lingerie, sur deux étages, comporte 140 placards en bois de citronnier ou en ébène de Macassar incrustés de nacre…

Les travaux commencèrent en 1912 pour s’achever en 1929. Mais François Coty y résida peu puisqu’il s’éteignit en 1934″ “La « Conférence monétaire internationale » y réunit les ministres des Finances des Cinq plus grandes puissances mondiales (dont Valéry Giscard d’Estaing). En avril 1976 s’y déroula une rencontre discrète entre le Président de la République et son futur successeur, François Mitterand. Artigny a accueilli nombre de personnalités telles que la Reine-mère d’Angleterre et en 1963 Halié Sélassié 1er, dernier Négus d’Ethiopie

Les souterrains du chateau de Véretz. Longeant le Cher, la D976 qui va de Saint-Avertin à Veretz, en passant par Larcay est surplombé par le coteau qui est instable. Le secteur sous-cavé est particulièrement vaste à Veretz, pendant longtemps les caves ont fourni du travail à des carriers, puis à des champignonnistes. Elles ont également servi de refuges lors des guerres mais aussi pour les tous premiers hommes lors de la préhistoire. Une partie de ces caves sert aujourd’hui de lieu de stockage, principalement pour le vin, mais une grande majorité d’entre elles reste abandonnée et sont méconnue des habitants. Plus de 6200 m2, c’est la superficie de la zone sous-cavée sous le bourg de Veretz, soit plus de 8 hectares sur la commune répartit sur 13 caves et une carrière, comme celles de la Rue Chaude.

Autrefois fortifié et niché à 54 mètres d’altitude, au milieu d’un parc de 12 hectares aux arbres séculaires, le château de Véretz défendait le passage du Cher. Sa position excellente tenta vite les Anglais envahisseurs qui s’en emparèrent et s’y fortifièrent en vue d’une occupation prolongée, qui prit fin au traité de Brétigny en 1360. En 1361, le château est démantelé. Le seigneur de Véretz, Pierre d’Avoir, est déjà un puisant personnage dont le nom se trouve associé à celui de Du Guesclin. Le château ne possède pas de souterrain refuge, mais il possède des kilomètres de galeries souterraines qui datent du XIIe siècle, qui sont plus des carrières que des souterrains, transformée en champignonnière puis abandonnée. Cet ensemble se trouve sous le parc du château face et parallèle aux dépendances situées le long du Cher. Ici, le coteau est truffé d’un inextricable labyrinthe de caves, qui furent creusées pour l’extraction du tuffeau. Certaines caves sont ornées de fresques remarquables qui auraient été réalisées par des soldats cantonnés dans ces endroits. Après la deuxième Guerre Mondiale, la culture des champignons se développa dans ces galeries, jusqu’en 1997.Cette carrière est relativement propre et saine, mais elle est inondée par endroit et la température est, comme c’est souvent « sous terre », de 11 à 12 degrés. il faut également signaler la présence d’un des trois tronçon de l’aqueduc de Fontenay, qui alimentait Tours en eau depuis Bléré (Une partie se trouve à droite de la D976 juste après la maison des « Isles » (réception du camping) et l’autre au Château de Beauregard)

L’aqueduc de Luynes construit entre le II et IV siècle, captait les eaux de la pie noire et alimentait un habitat antique. D’une longueur totale de 1800 mètres, il était composé d’une partie aérienne de 600 mètres qui continuait ensuite sous terre sur une longueur de 1200 mètres. Il ne reste plus qu’une quarantaine de piles plus ou moins bien conservées sur les 90 d’origine.  Neuf sont tout de même reliées entre elles par des arcs en plein cintre. C’est l’un des aqueducs antiques les mieux conservés du nord-ouest de la France. Des travaux plus récents, au début des années 2000, permettent de progresser dans la connaissance de ce monument, mais, en même temps, suscitent de nouvelles interrogations sur sa chronologie et sa fonction. Son tracé aval, souterrain et long de plus d’un kilomètre, n’est pas attesté, bien que certains indices aient été révélés par la photographie aérienne, et sa ou ses destinations finales restent ignorées, au sein d’un vaste complexe de maçonneries antiques du site de Malliacum (Luynes à l’époque antique) qui n’ont fait l’objet que d’études détaillées mais ponctuelles.

L’aqueduc est tout d’abord aérien, pour franchir un vallon sur le flanc duquel se situaient ses probables captages dont l’emplacement n’est pas précisément identifié. C’est cette partie aérienne qui est connue, de manière réductrice, sous le nom d’aqueduc de Luynes : les vestiges, sous forme de quarante-quatre piles dont neuf sont encore réunies par huit arches consécutives, s’étendent sur une longueur d’environ 270 mètres, sur les 500 mètres que le pont-aqueduc parcourait pour franchir le vallon. Son tracé aval, souterrain et long de plus d’un kilomètre, n’est pas attesté, bien que certains indices aient été révélés par la photographie aérienne, et sa ou ses destinations finales restent ignorées, au sein d’un vaste complexe de maçonneries antiques du site de Malliacum (Luynes à l’époque antique) qui n’ont fait l’objet que d’études détaillées mais ponctuelles. La date de sa construction n’est pas connue, mais il a été manifestement l’objet de plusieurs campagnes de construction ou de réfection ; il a même probablement succédé, au moins sur une partie de son parcours, à une ou plusieurs autres structures dont la nature et la fonction ne sont pas déterminées ; l’hypothèse qui ferait de l’une de ces structures (un mur continu) le mur porteur d’un aqueduc antérieur est posée. Propriété de la commune de Luynes, il est classé monument historique dès 1862.

Luynes, à une quinzaine de kilomètres en aval de Tours, sur la rive droite de la Loire, au flanc du coteau qui la surplombe, est, dans son implantation contemporaine, une création médiévale, mais de nombreux vestiges antiques sur le coteau, à l’est du noyau urbain, laissent supposer la présence d’importants bâtiments construits sous l’Empire romain. D’autres vestiges d’habitats ont été mis au jour à l’extrême nord du territoire communal. Malliacum est déjà citée au vie siècle par Grégoire de Tours, qui y mentionne le tombeau d’un chrétien au centre d’édifices antiques ruinés au rebord du coteau. Des ruines sont à nouveau évoquées au xie siècle. Des pans de murs antiques, dont l’affectation demeure encore mal définie, sont signalés au xviiie siècle au niveau de l’ancien prieuré de Saint-Venant. D’autres ont été découverts depuis et la prospection archéologique aérienne a révélé de nouvelles traces. Si certaines d’entre elles semblent être celles d’établissements ruraux, d’autres ne se rapportent à aucun édifice identifié.

Tous ces vestiges s’inscrivent dans un rectangle allongé de plus d’un kilomètre de long sur deux cents mètres de large, à l’est du centre-bourg moderne de Luynes, sur le rebord du plateau de la rive droite de la Loire. Un chemin de crête gaulois, reliant Tours à Angers, traverse le site sur toute sa longueur ; il a été dans un second temps remplacé par une voie antique au pied du coteau6. Même en l’absence de vestiges probants, le tracé de ces deux voies est très plausible.

Situé sur une propriété de plus de 6 hectares, au « Moulin de Marnay », près d’Azay-le-Rideau, le musée Maurice Dufresne abrite une impressionnante collection de véhicules, machines et objets d’époque, véritable patrimoine mécanique des années 1850 aux années 1950. Maurice Dufresne a installé, dans l’ancienne papeterie du site datant de 1820, ses trésors patiemment amassés, conservés et restaurés, persuadé qu’il était important de préserver ces pièces mises au rebus au profit d’un certain progrès technique. Il créa ainsi une sorte de refuge pour machines du passé qui, aujourd’hui peut être considéré comme un lieu de sauvegarde de notre patrimoine commun.

La fontaine Siant-Mandé atteste comme bon nombre d’artifices religieux portant le nom de Saint-Mandé dans notre pays, de la popularité du culte autrefois voué à ce saint originaire d’Irlande qui évangélisa plusieurs régions de France. Des guérisons miraculeuses ayant été attribuées à son eau, cette fontaine fût jusqu’au début du XXè siècle, un lieu prisé de pèlerinage. Elle est surmontée d’un édicule en pierre marqué à l’arrière “Novembre 1868 – M. Durois” dans lequel est placé la statue de Saint-Mandé. Si l’on ouvre la porte, on voit que le bassin mesure 2m50 de profondeur alors que c’est la voûte qui reflète au fond. En regardant sous certains angles, on devine les pierres du fond à une profondeur d’environ 1m20. C’est au Larçon que la fontaine abandonne ses eaux qui autrefois guérissaient des des fièvres, des anémies, du rachitisme et des pâles couleurs.

Balade dans les lieux-dits abandonnés ou disparus autour de Saint-Christophe-sur-le-Nais. Suite à l’effondrement du chemin de la Peuleverie (voir l’article de Monique Royer) j’ai décidé de consacrer une rubrique de ce site aux lieux-dits de St Christophe qui n’existent plus ou qui ne sont plus habités. Voici un plan de la commune sur lequel j’ai mentionné des numéros en rouge, chacun correspond à un lieu-dit étudié. Les internautes ne connaissant pas bien St Christophe pourront ainsi situer le lieu-dit présenté.

Après la conquête de la Gaule chevelue, Caesarodunum fut fondée et cette capitale des Turons, située au carrefour de deux grandes voies gallo-romaines allant de l’est à l’ouest et du sud au nord, devint rapidement une cité importante, étant donné que les romains développèrent les voies (viae) déjà nombreuses en Gaule avant leur arrivée. Notre premier travail a été de dresser une carte précise et complète des voies gallo-romaines dans le pays des Turons ; pour cela, nous avons été aidés par : Les travaux de plusieurs historiens, notamment ceux de Pierre Audin, Jean-Mary Couderc, Jacques Dubois, Jean-Paul Lecompte, Sylvain Livernet et Raymond Mauny, qui ont publié des études partielles très bien documentées. La présence des mégalithes (dolmens et menhirs) ainsi que des anciennes agglomérations gauloises, qui, le plus souvent, étaient situées à proximité des oppida ou qui étaient des centres commerciaux dont le souvenir reste, par exemple, dans les communes dont l’ancien nom était terminé par le gaulois –magus = marché, comme Manthelan*; en effet la plupart des voies gallo-romaines continuent des voies gauloises, qui, elles-mêmes, continuaient des voies préhistoriques. De la même façon, les routes mérovingiennes reprennent généralement des voies gallo-romaines et ont aussi été pour nous une indication (voir Saunay* et la voie A2, par exemple).

Le chevêtre de l’église de Marcilly conserve les souvenirs de l’ancienne marine de Vienne ainsi que de nombreuses marques des crues. Ces témoignages sont considérés par les historiens comme une source particulièrement riche de l’histoire locale et de la vallée de la Vienne. Voilà les marques par date d’ancienneté. 1530, crue du 18 décembre. Hauteur NGF [1] 43.06 m  Dans l’histoire de l’abbaye Notre-Dame-de-Noyers, juste en face de Marcilly, un moine a écrit : cette année-là, les rivières de Creuse et de Vienne débordèrent si fort que la plupart des maisons du bourg tombèrent par terre. 1626 (crue en avril ?) Hauteur NGF 43.04 Cette crue n’est marquée qu’à Marcilly. R. Mauny et D.Kleinmann, qui ont recensé toutes les marques de crues de la basse Vienne, ne l’ont trouvée nulle part ailleurs. (Bulletin des amis du Vieux Chinon Tome IX, n° 1 — 1988. Page 189 et suivi). 1638, crue du 4 février.
Hauteur NGF 42.67 m Le moine précité dit que la plupart des vieux bâtiments de l’abbaye tombèrent par terre et qu’il en coûta plus de 3000 livres pour les réparations. Cette crue emporta le pont de l’Ile-Bouchard. 1661, crue du 11 janvier. Hauteur NGF 42.84 m La description de cette crue nous est donnée par les archives de la France monastique  qui décrit ainsi la crue à l’abbaye de Noyers : les 10 et 11 janvier 1661, la rivière de Vienne déborda et il y eut 10 pieds d’eau dans tout le monastère. La maison de la chambrerie, qui servait aux religieux réformés de dortoir, de réfectoire, de boulangerie et de cuisine fut en très grand danger d’être renversée et de les ensevelir sous les ruines. Se voyant entourés d’eau, qui avait déjà gagné la sixième marche, les religieux s’exposèrent, au péril de leur vie, pour gagner le logis abbatial où ils ne purent rentrer que par les fenêtres. Ils virent de leurs yeux les murailles du jardin et un autre logis au bout du réfectoire renversés par les flots. La plupart des habitants du bourg, qui était tout inondé, se retirèrent sur les voûtes de l’église où l’eau était au-dessus du grand autel. Cette crue serait aussi marquée sur les murs de l’abbaye de Noyers, mais nous n’en avons pas trouvé la trace. 1740, Crue du 6 décembre. Hauteur NGF 42.74 m. 1792, Crue du 13 juillet. Hauteur NGF 43.39 m C’est la plus haute crue jamais enregistrée, conjuguant crue de la Creuse et de la Vienne.. À Chinon elle détruisit plus de 40 maisons et emporta la digue près de Saint-Lazare.

Classée monument historique, l’apothicairerie de l’Hôtel-Dieu de Baugé, ouverte en 1675, recèle une collection de plus de 650 pots et boîtes, l’une des plus riches de son temps. Leurs contenus aux noms mystérieux amuseront petits et grands : sang de dragon, yeux d’écrevisses, poudre de cloportes… d’authentiques remèdes d’époque !

MONTBAZON est dominé par les ruines du château des Comtes d’Anjou. Sur l’angle nord du donjon se dresse une grande statue de la Vierge Marie : Il s’agit d’une des fameuses Vierges Noires… En revenant des Croisades, des chevaliers chrétiens ramenèrent des prisonnières maures converties au Christianisme. L’une d’elles, se voyant remplacée dans le cœur de son seigneur par une jeune femme au teint très blanc, vint en larmes devant la statue de la Vierge dont le visage était aussi très blanc. La fille de Palestine interpella Marie et celle-ci lui répondit ! Elle était née dans le même pays que cette captive et la vraie couleur de sa peau, brune… Suite à cette apparition miraculeuse, on vénéra dans le Poitou et en Touraine la Vierge Noire.

https://touraine-insolite.clicforum.fr/t36-La-Vierge-Noire-de-Montbazon-en-Touraine.htm

L’enceinte circulaire du Grand Moléon est située 2 km à l’est du bourg d’Auzouer, sur le côté nord de la route de Morand, et à 180 m au nordouest de la ferme du Grand Moléon. Elle mesure près de 75 m de diamètre intérieur; elle est entourée de fossés eux-mêmes bordés par un léger talus externe (de 0,50 m au sud) et par un très haut talus interne dominant l’intérieur. de 4 m de hauteur au sud (fig. 9). Le fossé sud est large de 10 m entre les crêtes des talus (fig. 10). On peut y voir deux entrées, l’une au sud-sud-est qui devait être protégée, l’autre au nord où le talus interne s’abaisse et le fossé se réduit à 5 m. Or cette enceinte paraît bien datée par la découverte, dans la partie est, de tessons et de tuiles du Haut-Moyen Âge (Audin, 2012).

Située autour du puits creusé dans la roche, elle garde des témoignages de deux mille ans d’occupation humaine. Au 6e siècle, ce lieu de culte païen fut christianisé par un saint ermite, Jean de Moûtier ou Jean de Chinon, déjà mentionné par Grégoire de Tours. Il y disposait d’une cellule, d’un oratoire et d’un petit jardin avec un verger. C’est là qu’il reçut la visite de sainte Radegonde qui venait de Tours où elle avait vénéré le tombeau de saint Martin. La sainte reine se dirigeait vers la terre de Saix où elle avait l’intention de fonder un hospice. Les lieux existent toujours sous le nom de chapelle Sainte-Radegonde. Il y avait, à l’époque, des lauriers.

Il a existé un antique sanctuaire à côté d’un antique village. Charles Martel serait venu s’y s’agenouiller après sa victoire sur les Maures, encore appelés Sarrasins. Jeanne d’Arc reçut la mission de récupérer l’épée personnelle de Charles Martel offerte et laissée là par l’ancêtre de Charlemagne. Tel est l’héritage que l’église locale n’a cessé d’affirmer dès sa restauration, timidement à partir des années 1850, et surtout plus fortement après la guerre de 1870-71 La légende raconte que Charles Martel, en 732, après avoir remporté la bataille de Poitiers, aurait exterminé les dernières troupes dans les bois qui avoisinaient alors Sainte-Maure. Pour remercier Dieu de cette victoire décisive sur les Maures, Charles-Martel aurait fait construire en ce lieu sauvage appelé Fierbois (ferus bocus) une petite chapelle, dédicacée à sainte Catherine d’Alexandrie, patronne des soldats. En ex-voto de purification, il y déposa, derrière l’autel, son épée. Cette histoire de dépôt n’apparaît en fait qu’après l’épopée de Jeanne d’Arc.

Dans le coteau rive droite de l’Indre, à quelque 50m de la rivière, au bord du C.D.84. C’est le plus ancien ouvrage décrit de la région et, indispensablement aussi, le plus complexe avec ses quatre étages, creusés en grande partie dans un mauvais calcaire pétri de rognon de silex. Des trois ouvertures actuelles situées au niveau de la route, celle du milieu (A) est la seule qui réponde à une interprétation « fonctionnelle » de la partie inférieure de l’ouvrage. Cette entrée, sans aucun doute remaniée aujourd’hui, se fermait par une porte dont la trace du linteau subsiste au plafond, et donnait accès à une première grande salle B par une chatière de 0,60 m X 0,40 m, ouverte à hauteur et flanquée d’un trou de visée juste à côté. Les autres passages actuels, qui ne se concevraient pas conjointement avec la chatière, ont dû être ouverts par la suite. Cette salle B, de près de 10 m de longueur et comportant un pilier réservé communique par un passage rétréci muni de feuillures avec une autre salle C, trapézoïdale, plus étendue encore et également avec pilier de soutènement. Au fond, un escalier s’enfonce en tranchée dans le sol et conduit a un étroit couloir, coudé et surbaissé au début, puis sinueux et plus élevé (1,70 m) par la suite. C’est le fameux couloir malaisé et inondé qui m’a laissé de si mauvais souvenirs  et qui, en fait, ne recèle guère que 0,50 m d’eau sur une longueur d’environ 20 m. Après un développement total d’une trentaine de mètres, il aboutit a un goulot des plus typiques, de 0,50 m x 0,55 m de section et 0,90 m de longueur, lequel débouche dans une grande salle terminale a deux piliers réservés, de 8,50 m x 8 m dans ses plus grandes dimensions. Si maintenant nous revenons a la première salle B, nous y trouvons a l’Est un petit couloir coudé qui conduit, après feuillure, à une salle E. Il s’y ouvre un couloir ascendant, avec un escalier pour ainsi dire en vis, qui mène à une salle supérieure (F). Au fond (le celle-ci, une petite galerie surbaissée aboutit à un goulot vertical de 0,60 m X  0,45 m qui mène à l’étage le plus élevé de l’ouvrage.

Ce dernier, très endommagé, se réduit aujourd’hui à une entrée coudée ouverte sur le coteau et munie de deux systèmes de feuillures successifs, conduisant, d’une part au goulot vertical ci-dessus,  d’autre part, à une entrée latérale à une grande salle irrégulière, éventrée et en partie détruite par d’énormes éboulements. A noter un trou de visée à côté de l’entrée. D’autres portions de cavités restent visibles, attestant des extensions de ce niveau supérieur et peut-être des communications avec d’autres parties inférieures. Il existe notamment sous les éboulis, les restes d’une salle asSez  importante. Il n’est pas possible de dissocier cet ouvrage de la «  Butte » située juste au-dessus sur le rebord du plateau, motte de défense entourée de deux fossés larges et profonds et d’un énorme vallum demi-circulaire couvrant la fortification côté plateau, alors qu’elle surplombe le coteau abrupte du côté de l’Indre et commande toute la vallée. Il parait bien probable que la communication ait été assurée, entre la motte et les parties supérieures du souterrain, par un dispositif d’escalade dissimulé dans les branches le long du coteau, où se voient des trous superposés ayant probablement répondu à cette fin.

En résumé, souterrain qui. bien qu’amputé dans ses parties supérieures et assez remblavé dans les inférieures, revêt pour la région un intérêt exceptionnel par la complexité de sa structure verticale et par son association à un remarquable site de défense féodal.

Vestige d’une forteresse qui fut édifiée au XIème siècle par Foulques Nerra, de 991 à 995, au moment ou le comte d’Anjou enveloppait là Touraine d’une ceinture de camps et de forteresses, pour arracher cette province à la maison de Blois.  Cet ensemble de fortification comprenait un baille carré, de la contenance d’un demi-hectare, entouré d’un mur épais, et protégé en outre du côté de la campagne, par de larges fosses. Aucune tour n’appuyait ces murailles, et l’entrée seule en était défendue par un pavillon solide, dans lequel on passait sous un porche vouté après avoir franchi le pont-levis. La tour est ronde, implantée isolément au milieu du baille, et haute de quarante pieds. Elle a été mise à mal lors de la Guerre de Cent Ans : le chemin de ronde avec ses créneaux et meurtrières a disparu ; le mur d’enceinte également, sauf quelques éléments repris dans une construction moderne. C’est une ancienne châtellenie qui relevait du château de Montbazon à foi et hommage-lige. Elle s’étendait dans les paroisses d’Athée, de Truyes, de Cigogné et d’Azay-sur-Cher, et était pourvue d’une importante forteresse qui occupait, avec ses dépendances et ses fossés, une surface d’un demi hectare. De cette forteresse il ne reste aujourd’hui qu’une tour haute de quatorze mètres environ et dont la circonférence est de trente mètres.

L’épaisseur de la muraille est d’un mètre soixante centimètres. Elle est construite en pierre meulière et l’appareillage des moellons offre une très grande régularité. Prés d’elle étaient des bâtiments d’habitation fort anciens et qui ont complètement disparu. Le tout était défendu par des fossés larges et profonds, et par une forte muraille qui existait encore en 1583, ainsi que le constate un aveu rendu le 25 juillet de cette année, par Louis de Rohan, seigneur de Montbazon. On pénétrait dans l’enceinte par un pont-levis, au bout duquel se trouvait un porche voûté. L’aveu du 25 juillet 1583, dont nous venons de parler, nous apprend que la tour avait été « depuis longtemps ruinée en partie par les Anglais et que dans l’enclos environné de murailles fort anciennes, étaient plusieurs maisons». D’après Maan et d’autres auteurs, la tour du Brandon aurait été construite par Foulques-Nerra et elle aurait été destinée à communiquer, au moyen de feux allumés sur la plate-forme, avec les forteresses d’Amboise et de Loches. La première assertion parait s’accorder avec le caractère architectural de l’édifice. Cependant on pourrait objecter que les tours élevées par Foulques-Nerra étaient toutes de forme carrée, tandis que celle dont nous parlons est ronde. Quant à la seconde assertion, elle est conforme sans doute à la coutume qui se pratiquait au moyen âge de faire des signaux par le feu, du haut des donjons, notamment pour avertir de l’approche de l’ennemi; mais il serait peut-être téméraire d’affirmer que la tour avait été spécialement construite pour cet usage. Il n’existe, en effet, à notre connaissance du moins, aucun document pouvant être invoqué à l’appui de cette opinion. Sous la forteresse s’étendent des souterrains voutés en plein cintre, auxquels on accède maintenant par des escaliers extérieurs ; certains sont devenus des caves à vins.

L’ancienne église de Vernantes : transformée en mairie, elle renferme le tombeau des seigneurs de Jalesnes (12e siècle). La partie la plus remarquable de ce monument, classé par les beaux-arts le 17 février 1911, est son clocher du 12e siècle. La physionomie de la façade a été profondément modifiée au cours du 19e siècle. Jusque-là en effet, la nef principale avançait sur la place. Lorsque la foudre détacha une partie du clocher qui vint détruire en tombant, le portail et l’avancée de la nef. L’église déjà trop petite, devint insuffisante non seulement pour abriter les enfants le dimanche, mais la foule des paroissiens aux fêtes carillonnées. On construit alors en avant de l’édifice, une galerie en bois couverte en appentis. Cinquante ans plus tard, la galerie de bois est devenue vétuste. Le conseil municipal écarte l’idée de la reconstruire. Certains conseillers proposent la destruction de l’ancienne église et l’édification d’une église neuve au même endroit. D’autres, fort heureusement, sont d’avis contraire. Mais la discussion se prolonge de 1854 à 1867, année où, le 10 février, le conseil prend enfin la délibération suivante : la nouvelle église se trouvera au centre du bourg et sur un emplacement renfermant les cendres de beaucoup de membres de chaque famille. On démolit alors l’abri de bois pourri qui servait d’église. Le chœur resté béant est muré. La façade est cachée derrière un triple portique faisant office de parvis couvert.Le clocher réparé en 1911 et très sommairement en 1969, est largement fissuré et demande une réparation sérieuse. La voute de la nef principale a été consolidée aux frais de la commune en 1974. La mise hors d’eau et la réfection des charpentes et toitures ont été entreprise dès 1975. Elle restera le témoignage toujours vivant d’un passé-présent auquel les Vernantais ont raison de rester très attachés.

Entre Montrésor et Chemillé-sur-Indrois on trouve les aqueducs de la Ronde. Des galeries souterraines creusées dans le rocher par les romains permettaient d’alimenter une villa et des thermes. On peut ainsi voir plusieurs de ces galeries dans lesquelles sont aménagés des canaux pour acheminer l’eau. Les aqueducs souterrains gallo-romains de la Ronde reliaient Chemillé et Montrésor. Pour y accéder, le plus simple est de se rendre au parking du bureau de poste de Montrésor et de suivre les panneaux indiquant cet édifice.

Présentation de l’Aqueduc. Les parties connues de ces aqueducs se trouvent sur la rive gauche de l’Indrois à environ 300 en aval de Montrésor. Deux aqueducs souterrains sont connus. Le premier aqueduc que l’on nommera aqueduc du Gravier, se manifeste sur le coteau par la présence des restes du specus qui sort d’une tranchée couverte aujourd’hui en partie effondrée. A quelques dizaines de mètres, vers le sud-est, en suivant le coteau, en creusant des caves dans le coteau l’aqueduc a été coupé, laissant apparaître deux remarquables coupes de la construction. La première nous montre une tranchée aujourd’hui complétement obstruée qui était creusée dans le rocher et couverte d’une voûte. La seconde est une galerie creusée dans le rocher qui s’enfonce sous le plateau vers le sud, on peut parcourir la galerie sur 20m, ensuite une l’accumulation de terre et de pierres empêche toute progression. A environ 50m de cette entrée souterraine, un puits d’accès a été redécouvert en 2006, d’une profondeur d’environ 4m50. Il comporte un bassin de décantation. A quelques pas de ce puits, on a aussi redécouvert en 2005, la sortie de ce conduit ; au fond d’un trou creusé par les blaireaux apparaissait une cavité presque totalement obstruée. La cavité s’est révélée être la sortie de l’aqueduc souterrain. Dans les remblais, on pouvait trouver quelques morceaux d’imbrex et de tegulae. Ensuite l’aqueduc devait franchir un petit vallon et continuer son chemin par une autre section souterraine. En effet, a environ 200 m, au sud-est un autre puits selon le témoignage de la propriétaire du terrain présentait les caractéristiques d’un puits d’accès à l’aqueduc, il est aujourd’hui comblé. Le second aqueduc, aqueduc de la Ronde est à environ 130 m au nord-ouest du précédent. On peut pénétrer débout dans la galerie. L’entrée de cette aqueduc a été reculée d’environ 1m à 1m50 lorsque la ligne de chemin de fer Loches Montrésor a été construite en 1889. Son exploration mène à 33m50 de l’entrée à un puit possédant une aération avec la surface. Après ce puit un passage étroit doit être franchi pour retrouver une galerie un peu plus haute mais qui progressivement se comble au bout d’environ 30m. Si on en croit les rares écrits sur ces édifices, les aqueducs ont été, au moins pour partie, redécouverts à la fin du XIXème siècle. En 1883, M. Gautier signale ainsi que «des travaux récents ont mis à découvert une couche assez épaisse de béton, extrêmement solide, établit en forme de voûte, au milieu de laquelle a été ménagé un canal. Dans les terres qui encombraient ce canal, on a trouvé du charbon, des pierres ayant subi l’action du feu, des débris de vases aujourd’hui perdus, et des tuiles à rebords. » En effet, l’aqueduc de la Ronde peu encombré a été probablement découvert au XIXe siècle et déblayé dans les années 70.

Le tracé des aqueducs Les courtes sections de galerie connues, permettent seulement d’émettre des hypothèses sur l’origine de l’eau transportée. L’aqueduc du Gravier semble longer la vallée de l’Indrois, il allait probablement collecter l’eau de sources entre Villeloin et Loché sur Indrois. Pour l’aqueduc de la Ronde l’eau provenait de sources captées dans la vallée du ruisseau d’Aubigny. L’abbé Plat situait plus précisément le départ des aqueducs près du lieu dit l’Etang Rompu. Cette hypothèse sous-entend l’existence d’une galerie souterraine longue d’environ 3000m. Près de la Tourtoirie un puit d’accès à la galerie aurait autrefois été découvert, malheureusement on ignore le lieu précis de la découverte. Néanmoins, le témoignage sur la présence de ce puit renforce l’hypothèse d’une galerie souterraine traversant le plateau. Dans la vallée de l’Aubigny au lieu dit la Perrée on peut encore voir les restes d’un pont probablement très ancien. C’était, selon l’abbé Plat, le lieu de passage d’une voie gallo-romaine. En amont de ce lieu, on relève des aménagements et terrassements qui sont peut-être en rapport avec le captage de l’eau de certaines fontaines.L’eau était destinée à une villa et peut-être mêmes à des bains privés localisés entre Montrésor et Chemillé à environ 300m de la sortie de ces aqueducs.

Puits de visite et bassin de régulation. Deux puits sont connus, ils permettaient lors du creusement de la galerie, dans un premier temps d’évacuer la pierre et de contrôler le tracé du conduit, dans un second temps de descendre les matériaux nécessaires pour couler le canal. Après, ils servaient de regards de visite pour l’entretien de l’aqueduc. Le premier puits dégagé sur l’aqueduc de la Ronde est creux d’environ 3,50m et forme une pièce ovoïde de 1m sur 1m10. On note dans ce puits deux petites cavités latérales en forme de fente, trace peut-être d’un système de vanne. Dans le second puits sur l’aqueduc du Gravier se trouve un bassin de régulation. Un bassin circulaire taillé dans le rocher était destiné certainement à purifier l’eau, une galerie latérale qui reste obstruée permettait probablement de vidanger ce bassin et de réguler l’arrivée d’eau. Deux autres puits auraient été découvert près de la Tourtoirie. Un lieu dit sur les terres de la Gaillardière nommé avant la Révolution le puit aux chiens rappelle peut être l’existence d’un puit d’accès à l’aqueduc.

Le Canal ou Specus. Dans ces galeries ont été coulés des canaux dans un béton romain épais d’environ 30 cm. Les canaux sont dans les deux aqueducs de dimension semblable 17 cm sur 17 cm. Dans ce béton, on note la présence de terre cuite et de graviers. Le chenal est recouvert d’un enduit qui devait favoriser l’écoulement de l’eau. Dans ce chenal notamment à la sortie sud-est on trouve un dépôt calcaire qui peut atteindre 3 cm d’épaisseur. Ce dépôt n’a pu se faire que sur une durée relativement longue, une étude plus précise du dépôt montre la présence d’une strate plus sombre témoignant probablement d’une période de chômage du canal. Ce canal dans les parties non souterraines est couvert par des pierres. A la sortie sud de l’aqueduc du Gravier, on trouve des grosses pierres sur les côtés du canal sur lesquelles reposaient des pierres plus petites et plus plates vraisemblablement posées en encorbellement de façon à recouvrir progressivement le canal. A partir de la taille de ces canaux, on peut tenter d’estimer la quantité d’eau fournie en prenant une vitesse d’écoulement de 0,25 m/s, c’est environ 300 à 400 m3 par jour qui étaient fournis par chaque canal.

Les Galeries. Les galeries sont hautes de 1,60 m à 1,80 m et large de 55 cm. Dans ces galeries, on remarque de petites niches ménagées régulièrement dans la paroi destinées à accueillir des lampes. Il existe d’autres niches plus grandes dont la fonction est plus difficile à déterminer. Le conduit de l’aqueduc de la Ronde nous fournit des renseignements sur les techniques de construction, les traces des piques montrent que l’on a commencé à creuser le conduit à partir de l’entrée et du puits d’extraction.La jonction des deux conduits se caractérise par la présence d’un coude prononcé dans le tracé de la galerie. Un élément dans l’aqueduc du Gravier souligne les difficultés du creusement de ces galeries souterraines car on a été obligé de remblayer une partie de la galerie pour couler le radier.Cette situation est liée certainement à la difficulté de maintenir et de contrôler exactement le niveau des conduits lors de leur creusement et c’est lors de la construction du canal que l’on a du corriger l’erreur.

À 1 km de Cravant-les-Coteaux, le Sanctuaire Carolingien de Cravant (localement dénommé « la Vieille Église du Vieux Bourg« ) se love sur les rives du ruisseau St-Mexme, au coeur du Parc Naturel Régional Loire-Anjou-Touraine et des chemins ombragés tant convoités par les amateurs de randonnées. Cet harmonieux monument, riche du premier art roman tourangeau, est l’un des plus intéressants du Val de Loire et sa nef reste l’un des rares types bien conservés de l’architecture religieuse carolingienne. Les coteaux alentour, réputés pour leur production de vin de garde, révèlent bon nombre de manoirs et de curiosités archéologiques.

Avec certaines de ses parties remontant au IXe siècle et construites sur des traces du VIIe, cet harmonieux monument riche du premier art roman est historique à plus d’un titre : classé lui-même Monument Historique depuis 1913, les deux piliers mérovingiens qu’il contient le furent à leur tour en 1963, et la fresque de la chapelle Sud représentant l’allégeance à Notre Dame fut enfin inscrite à l’Inventaire Supplémentaire en 1975. Ancien évêque d’Autun, Léger fut assassiné dans le bois de Sarcin (forêt de Lucheux) le 2 octobre 678 sur ordre du maire du palais du royaume mérovingien de Neustrie, Ebroïn, qui déjà l’avait martyrisé deux ans plus tôt en lui faisant arracher les yeux, la langue et les lèvres… Bouleversé par un tel acharnement, le roi convoqua un synode pour autoriser le culte des reliques du saint martyr et ses dépouilles furent transportées à Poitiers, au Monastère de Saint-Maixent où il avait été abbé. C’est en souvenir de ce transfert abondamment relaté par Grégoire de Tours, que le site fut placé sous son vocable. Désaffecté par le Culte près de mille ans plus tard, en 1863, à l’occasion du déplacement du bourg, le sanctuaire Saint-Léger de Cravant échappa miraculeusement à la démolition et fut mis en vente aux enchères publiques le 8 janvier 1865. Il fut alors acquis par la Société Archéologique de France qui le revendit le 2 Mars 1933, pour cent Francs, à l’Association des Amis du Vieux Cravant créée le 25 Décembre 1932, jour de Noël, par le Chanoine Audard, curé de Cravant.

L’Association est encore à ce jour propriétaire de ce joyau de l’architecture cultuelle.

L’intérêt majeur de ce château privé est qu’il possède surtout le seul parcours galant complet connu à ce jour. Les propriétaires ont ainsi entrepris de restaurer le mystérieux labyrinthe souterrain, destiné aux amants en quête de « ce mystérieux objet dont [leurs] yeux étaient enchantés ». Long de cent-vingt cinq mètres, il est troué de trente-huit soupiraux, symbolisant les sentiments des amants, tout au long du parcours de l’amour et de la vie.

A 65 kms à l’est  d’Angers, se trouve le château de Lathan, dans le village de Breil, au milieu d’un grand parc d’une quarantaine d’hectares. Les deux châteaux des XV° et XVII° siècles ayant été détruits, le château actuel fut construit en 1862. Il s’est parfaitement intégré à un parc, où coexistaient un jardin classique et un jardin paysager romantique.

Le premier rassemble les principaux éléments théorisés par Le Nôtre : bosquets géométriques,  charmilles en étoile, jeux d’eau et statuaire très étudiés. Y poussent trois essences d’arbres : le chêne, le charme et le tilleul. De grandes perspectives y furent créées, représentées ici par un canal de 500 mètres, bordé d’une double allée de tilleuls et surplombé par une « gloriette ». L’eau est d’ailleurs un élément très présent ici. Une première arrivée d’eau se fait par le Lathan qui vient alimenter ce grand canal. Une seconde, appelée la Planchette, rassemble les émissaires de la partie haute du village, qui alimentent la cascade, laquelle se déverse dans le bassin appelé Miroir. Ce dernier est en lien avec le grand canal par une galerie souterraine. Le second jardin, dont ne demeure qu’une partie, use des procédés imaginés au XVIII° siècle (allées curvilignes, îles, fabriques antiquisantes). Il donne une image recomposée et idéalisée d’une nature « à la Rousseau ». (M.O Mandy, 2002). Près de deux cents arbres et arbustes d’essences différentes, y proposent une nature romantique en liberté. On peut voir encore de beaux pavillons des XVII° et XIX° siècles.

L’intérêt majeur de ce château privé est qu’il possède surtout le seul parcours galant complet connu à ce jour. Les propriétaires ont ainsi entrepris de restaurer le mystérieux labyrinthe souterrain, destiné aux amants en quête de « ce mystérieux objet dont [leurs] yeux étaient enchantés ». Long de cent-vingt cinq mètres, il est troué de trente-huit soupiraux, symbolisant les sentiments des amants, tout au long du parcours de l’amour et de la vie. Il y a trois siècles, en effet, une précieuse angevine, Anne Frézeau de la Frézellière, fait construire au cœur de ce grand parc la reproduction de la Carte de Tendre imaginée par Madeleine de Scudéry (1607-1701). Dans le livre I de la première partie de son roman Clélie (1654-1660), Célère conte à une princesse l’histoire du prince étrusque Aronce et de la jeune Romaine Clélie. Il y décrit la fameuse Carte de Tendre, élaborée par cette dernière. Il s’agit d’un itinéraire symbolique que les parfaits amants doivent suivre, en évitant les embûches et les obstacles. Voici le début de cette célèbre description : « Afin que vous compreniez mieux le dessein de Clélie, vous verrez qu’elle a imaginé qu’on peut avoir de la tendresse par trois causes différentes : ou par une grande estime, ou par reconnaissance, ou par inclination ; et c’est ce qui l’a obligée d’établir ces trois villes de Tendre, sur trois rivières qui portent ces trois noms, et de faire aussi trois routes différentes pour y aller. Si bien que, comme on dit Cumes sur la mer d’Ionie et Cumes sur la mer Tyrrhène, elle fait qu’on dit Tendre sur Inclination, Tendre sur Estime, et Tendre sur Reconnaissance. » Suit un parcours initiatique amoureux, qui doit permettre à l’amant de parvenir au but ultime, Tendre sur Reconnaissance. C’est un des grands architectes français du XVIII° siècle, Victor Louis, qui se verra chargé de réaliser ce jardin. Au cours de ce parcours sentimental codifié, l’amoureux était accepté ou éconduit, au terme d’un itinéraire qui proposait trois issues. La sortie de l’Indifférence, dont l’accompagnement végétal est essentiellement constitué de conifères et d’arbres aux feuillage persistant ; aucune allée n’est tracée. Celui qui est rejeté est livré à lui-même. La sortie de l’Inimitié, dont la végétation est plus agressive et plus sauvage. C’est un parcours  confus, dont les allées ne mènent nulle part. Enfin la sortie triomphale, celle qui mène vers l’embarcadère de l’Ile d’Amour où se trouve le Temple de Vénus. Alors, si l’envie vous prend de rêver à « la Nymphe divine » émergeant de l’onde, si vous souhaitez jouer au « corbillon », si vous n’avez de cesse de vous perdre dans le « promenoir des amants », n’hésitez pas à pousser la grille de ce parc mélancolique où erre l’âme des précieuses.

Sources : L’Anjou, Entre Loire et tuffeau, Editions Ouest-France, Philippe et Catherine Nédélec Itinéraires littéraires, XVII° siècle, Hatier, 1988 gralon.net/…/info-parc-de-lathan-955.h. www.jardinez.com. dep49-parc-de-lathan-breil-

La cave de la Sibylle est une ancienne carrière d’extraction de tuffeau qui sert désormais aux 15 vignerons de Panzoult pour la foire aux vins chaque 1er mai. Des niches sculptées avec des comptoirs accueillent chaque producteurs du village pour la fête traditionnelle. Les sculptures représentent un passage du Tiers Livre de F. Rabelais dans lequel Panurge vient à Panzoult consulter la Sibylle, célèbre devineresse à qui il demandera de prédire l’avenir de son mariage.
Une scénographie immersive et un film d’animation didactique sur les grandes étapes du métier de vigneron au fil des saisons ont récemment pris place sur le parcours du visiteur. Dégustations d’une sélection de vins AOC Chinon de Panzoult au retour. Possibilité d’achats de vins et produits régionaux.

Une histoire atypique pour un lieu insolite. Extraite du Tiers livre de l’écrivain chinonais, celle-ci raconte les aventures de Pantagruel et de son compagnon de route, Panurge, qui tombe amoureux d’une femme et souhaite se marier avec elle malgré les arguments contraires. Pour le convaincre de ne pas le faire, Pantagruel l’envoie à Panzoult – à une quinzaine de kilomètres de Chinon – pour rencontrer la Sibylle (1), capable de faire des prédictions sur l’avenir.

ACCÈS EXCEPTIONNEL AUX SOUTERRAINS ET TOURS DE LA FORTERESSE MÉDIÉVALE SITUÉE SOUS LE LOGIS ROYAL RENAISSANCE. Parcourez les coulisses de l’histoire en accédant aux souterrains et aux tours du Château. Visite guidée d’une heure en français pour visiteurs individuels en bonne condition physique (impossible pour les personnes à mobilité réduite), et accès interdit aux moins de 7 ans.

A Bournan, entre Sepmes et Ligueil, il existe sous une maison, près de l’église, une cave profonde où l’on accède par un escalier vouté en plein cintre. Des sondages effectués récemment ont permis de découvrir d’étroites chatières de 40 x 60 ou de 70 X 55, longues parfois de plus d’un mètre, donnant accès à d’autres salles dont l’une serait munie de banquettes. Dans la cave d’une maison du Bourg, un long escalier rectiligne, tout d’abord appareillé dans sa partie supérieure, s’enfonce dans le roc. II présente alors quelques moulures, modestes ornements de la voûte en plein cintre. Cet accès est prolongé par une large galerie, mais sur la droite, un autre boyau moins important recèle deux curieux personnages. Figées dans la pierre, deux silhouettes humaines, l’une allongée et l’autre debout, se font face. Ces deux hommes sculptés naïvement dans les parois du couloir sont presque grandeur nature. Représenté de face, le personnage en station debout est très simplement sculpté. La tête, le buste et les jambes sont bien conservés, mais les bras ont disparu. En face, dans le bas de la paroi gauche se trouve le gisant, allongé, représenté de profil.

Que dire de ces deux personnages, quel âge, quelle signification leur attribuer ? II est bien difficile de satisfaire ces interrogations. Tout d’abord l’âge ; malgré leur caractère archaïque, ils ne semblent pas très anciens. Le gisant semble plus âge que l’autre. Mais datent-ils du début du siècle, du siècle dernier ou encore d’une époque plus reculée ? L’homme debout peut tout à fait être une simple représentation humaine sans but ni signification précise, mais le « gisant » est plus intrigant ; il rappelle un peu ces personnages recouvrant les tombeaux… Un homme est-il mort, un homme a-t-il été enterre dans le souterrain ? Ces deux sculptures sont étonnantes, leur signification est bien difficile à déterminer, mais la proximité de l’entrée pourrait nous inciter à penser qu’elles sont l’œuvre assez récente d’un passant inexpérimenté, qui a voulu laisser dans la nuit souterraine deux immuables occupants, éternels gardiens de pierre de ces galeries enchevêtrées. Cette galerie servant de fosse d’aisance a l’habitation construite en surface, fuyons les odeurs désagréables et revenons auprès de l’escalier dans la large galerie centrale. Celle-ci rappelle beaucoup les galeries d’exploitation des nombreuses carrières souterraines de Touraine : plafond assez haut, section rectangulaire et taille peu soignée. Les seuls détails intéressants sont quelques croix latines très simples et sans doute récentes. Plus loin, le couloir s’incurve brusquement et au fond, une importante masse sombre interrompt la perspective. Un mur obstrue le couloir sur les deux tiers de sa largeur. Cette importante construction est d’autant plus intrigante qu’une fente, véritable œil noir surveillant l’intrus, est aménagée entre les pierres (photo 3).

Empruntons l’espace demeure libre entre le mur et la paroi, brusquement, une ouverture sombre bée sous nos pieds, les bords sont glissants et il faut sauter avec agilité pour éviter le piège (photo 4). De tels pièges sont typiques des souterrains-refuges, leur côté vicieux et leur efficacité sont toujours plus surprenants. Ce mur, constitué de pierres jointes avec de l’argile est percé à hauteur d’homme d’une meurtrière. Celle-ci permettait aux défenseurs postés derrière l’obstacle de surveiller l’arrivée des assaillants, mais également de les atteindre grâce à des tirs de projectiles. Mais le rôle de cette construction était surtout d’imposer l’itinéraire des assaillants et de les obliger à passer dans l’espace demeure libre, précisément au niveau de l’orifice d’un profond silo-piège. Celui-ci pouvait titre clos par un bouchon comme le montre le décrochement entourant l’ouverture. Ainsi, lorsque le souterrain n’était pas mis en défense, il était facile de passer sans risque, mais, en cas d’alerte, il suffisait d’enlever le bouchon et l’intrus, mal éclairé tombait inévitablement dans le piège. De plus une simple toile de jute pouvait masquer l’orifice améliorant ainsi sensiblement l’efficacité du système. L’ouverture du silo n’est pas très large, mais ensuite les parois s’évasent, donnant à l’ensemble, d’à peu près deux mètres de profondeur, une forme de cloche. Ainsi, une fois tombé dans ce réduit, même pour celui qui a eu la chance de ne pas se blesser, il est impossible de sortir de cette véritable prison de pierre. Vu la hauteur, les bras tendus n’ont pas assez de force et les parois se dérobent, n’offrant aucune prise aux pieds du malheureux. L’un de nous, descendu dans le silo pour l’observer de près, en a fait l’expérience et il lui a fallu utiliser le matériel de remontée nécessaire dans les puits pour quitter cette redoutable fosse. L‘ingéniosité et l’efficacité de ce remarquable ensemble montre bien le degré de connaissance et de ruse que possédaient les architectes des souterrains-refuges ; ils ne se contentaient pas de prévoir les aménagements d’une défense passive, mais orientaient l’assaillant, lui imposant un trajet qui le conduisait directement aux pièges les plus radicaux. Après cet obstacle, la galerie continue sur la droite, alors qu’à gauche s’ouvre un couloir plus étroit. Laissons ce dernier et suivons l’axe principal. L’allure et les dimensions sont toujours les mêmes et dans la paroi, çà et là, sont creusées quelques niches. Après une dizaine de mètres, sur la gauche, une feuillure marque le départ d’un boyau plus étroit. Avant cette ouverture, dans la paroi, parmi les vestiges d’autres feuillures, au sein de la roche altérée, des contours étonnants attirent l’attention. La gravure est très mal conservée mais sa présence est indéniable ; une tête ovale se profile, elle est posée sur un long tronc, les jambes ne semblent pas représentées autrement que par une masse pleine le prolongeant. Au niveau des épaules, des amorces de bras sont visibles mais ensuite, il n’est possible que de les imaginer pliés, les avant-bras se dressant verticalement le long de la tête. Une représentation religieuse semble transparaître de ces quelques contours usés par le temps ; une prière, une adoration, un supplice…
Plus loin, la large galerie s’incurve fortement ; sur la gauche, un mur formé de pierres assemblées sans ciment jointif. Après observation, il s’avère que, comme bien souvent dans les souterrains, cette construction est destinée à clore une partie éboulée, empêchant ainsi les gravas d’envahir la galerie. En continuant dans cette dernière, après une dizaine de mètres, laissant une ouverture sur la gauche, une salle s’ouvre dans la paroi droite. La voûte est arrondie et au fond, dans la roche, deux hautes niches en arc brisé. Celle de gauche est sans grand intérêt, mais l’autre présente un fond sculpté ; faisant saillie, une croix se dresse sur un socle (photo 5). Deux petites niches, s’ouvrant sous la traverse de part et d’autre de l’axe vertical, accompagnent cette croix. Cette décoration a sans doute une vocation religieuse et ce lieu semble bien avoir été réservé au culte, constituant véritablement la chapelle du souterrain. Des messes y étaient peut-être célébrées lors des périodes d’occupation, ce qui impliquerait alors la présence d’un prêtre parmi les réfugiés. Le souterrain abritait ainsi tout le village, se plaçant sous terre comme en surface sous la protection de Dieu et de son serviteur.
Cette salle n’était peut-être simplement qu’un lieu de recueillement.
Quel que soit le rôle exact de cette chapelle, il est certain qu’à cette époque, pour des hommes traqués, apeurés, terrés dans ces immenses galeries sombres, alors que l’ennemi ravageait, incendiait et pillait en surface, la prière était l’unique recours. Lors de ces interminables attentes au milieu de couloirs humides et froids, où l’angoisse, la peur et l’inaction se mêlaient constamment, la ferveur ne pouvait que croître et la présence de Dieu s’affirmer davantage.

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« Atteint de douleurs rhumatismales et mis par le fait de souffrances atroces dans l’impossibilité de se livrer à aucun travail pour gagner sa vie, sa mère, chrétienne fervente, propose au malade alors âgé de 18 ans, de faire un pèlerinage à la Trinité de Pont-de-Ruan, quinze lieues de distance.

« J’aurais consenti à tout nous dit un pèlerin, tant je souffrais à cette époque. Nous arrivons après une nuit entière de voyage dans notre modeste véhicule. Nous trouvons la fontaine et l’église encombrée de pèlerins. « Mon tour arrivé, aidé de mes béquilles, je descends avec une foi ardente les marches de la fontaine sacrée. Je n’oublierai jamais l’impression que je ressentis. A peine descendu dans la fontaine glacée, une réaction générale se fit dans mon corps. Je ne fus pas guéri instantanément, mais les douleurs perdirent presque toute leur intensité. « Au sortir de la fontaine, je pus me rendre assez facilement à l’église pour y remercier Dieu. J’emportais avec moi de l’eau puisée à la source sacrée, de laquelle je bus chaque jour avec une confiance entière. « Le lendemain, le mieux se continuait, le surlendemain, les douleurs avaient à peu près disparu. Au bout de trois jours, j’étais complètement guéri. « La Trinité de Pont-de-Ruan avait porté ses fruits. Je pus désormais me livrer à mes travaux pour gagner ma vie. Et depuis 18 ans, je n’ai jamais manqué de faire en reconnaissance, mon pèlerinage à la fontaine miraculeuse. » Extrait du petit livret de l’abbé Dechezelles, daté de 1881

La fontaine d’Orfonds est une étape incontournable sur le parcours du sentier pédestre « de l’aqueduc ». Au cœur de la forêt, on la découvre devant les vestiges de la cave du roi Charles VII, envahis par la végétation, dont il ne subsiste qu’un fragment de mur et l’amorce d’une galerie voûtée, entièrement comblée. Cette jolie source, en forme de fer à cheval, est associée à une bien curieuse légende … Orfons l’enchanteur, avait la science des druides, c’était un magicien. Invisible aux yeux des humains, il se plaisait à amasser des trésors. . .  Ainsi, avait-il volé la robe blanche parsemée de diamants de Notre-Dame-de-Beautertre et  fondu en lingots d’or la statue de Saint Bruno de la Chartreuse du Liget … de telle sorte qu’il fut condamné par Dieu à rester enfermé dans la crypte de la chapelle Saint-Nicolas-du-Bois. Une seule fois par an, à chaque minuit de Noël, il pouvait, avec une clé magique, s’échapper de la crypte, et se livrer à son occupation favorite : vanner les pièces d’or de son trésor …

Le Musée de Rochemenier vous fait découvrir les souterrains visitables du village. Situé en Anjou, entre le Val de Loire et la côte atlantique, le musée du village troglodytique de Rochemenier vous invite à un voyage sur les traces de nos ancêtres. Le musée présente à la visite depuis 1967, deux anciennes fermes souterraines, sur les 40 situées dans le village. Un mode de vie unique en Val de Loire ! Une vie souterraine depuis le Moyen Âge. Sur 10 000m², projetez-vous dans le temps grâce aux photos, aux objets du quotidien et outils de travail créés avec grande ingéniosité ainsi qu’aux ambiances visuelles et sonores. Depuis le Moyen Âge jusque dans les années 1960, les troglodytes ont investi ces cavités.

Plus de 1000 ans d’histoire et d’évolution de l’habitat troglodytique !

Le 8 décembre 1947, fête de l’Immaculée conception, la France victorieuse traverse une grave crise interne. De Gaulle a démissionné du gouvernement. Les communistes (qui ont été résistants) restent en bonne place. C’est la grève générale, la multiplication des sabotages, l’affrontement avec la police: un climat de guerre civile et la menace d’un putsch communiste comme bien d’autres. C’est alors qu’à l’Ile Bouchard, un village de 1255 habitants entre deux bras de la Loire, à 42 kilomètres au sud-ouest de Tours, quatre petites filles voient la Vierge, durant une semaine, à partir de ce 8 décembre, date de l’enterrement du Maréchal Leclerc, mort d’un mystérieux accident d’avion, étrangement analogue au déraillement du Paris- Tourcoing après le sectionnement de deux rails, dans la nuit du 2 au 3 décembre. Faut-il voir un rapport entre cette semaine d’apparitions, durant tout l’octave de l’Immaculée Conception, et la fin soudaine de cette crise? Ce lundi 8 décembre, vers 12 h.50, Jacqueline Aubry, 12 ans, et sa soeur Jeannette, 7 ans, partent pour l’école, après le déjeuner familial qu’a partagé leur compagne Nicole Robin (10 ans). Elles sont en avance. L’école reprend à 13 h. 30. Ce matin, la Soeur directrice, soucieuse des événements, a invité les enfants à prier pour la France. Les trois filles passent devant l’église.

– Nous sommes en avance. Si on entrait pour prier? suggère Jacqueline. Les deux petites la suivent volontiers. Elles récitent une dizaine de chapelet devant l’autel de la Vierge, avec l’invocation qui répond à la fête du jour: “O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous.”

ICI TOUT COMMENCE

“Je vis tout à coup, à ma gauche, entre le vitrail de Notre-Dame de Lourdes et l’autel, une grande lumière, vive et non éblouissante, écrit Jacqueline. Au milieu, apparut une belle dame, se tenant dans une grotte. Elle avait à sa droite un ange.” Jacqueline attire l’attention de ses deux compagnes qui s’efforcent à retrouver sur les dalles le porte-chapelet de Jeannette. Toutes deux lèvent la tête et s’écrient:

– Oh! la belle dame! Oh! le bel ange! Au bout de 4 à 5 minutes, elles sortent, saisies de crainte, mais reviennent vite, attirées:

– La Dame y est encore, dit Jeannette dès l’entrée, du fond de la nef. Elle annonce ingénument la nouvelle à deux compagnes de classe, qui passent devant l’église: Sergine et Laura Croizon. Laura voit tout de suite. Sergine ne verra pas. La Vierge leur sourit. Elles la regardent. Elle a sur la tête un voile blanc, qui laisse voir quelques cheveux blonds. Sa robe blanche bordée d’or est serrée par une ceinture bleu ciel dont les deux pans étalés descendent jusqu’à hauteur du genou. Elle a les mains jointes. De jolies mains aux doigts longs et fins. Au bras, un chapelet à gros grains très blancs, avec chaîne d’or. Elle est environnée de lumière. Elle apparaît dans une petite grotte. Ses pieds sont posés sur une grosse pierre rectangulaire. Devant elle, des roses. A sa droite, un peu plus bas, un ange au regard bleu, avec des ailes “couleur de lumière”. Le rocher qui porte les deux personnages ne touche pas le sol. Un ensemble merveilleusement beau et lumineux. La Dame fait glisser les grains blancs du chapelet, mais on n’entend pas sa voix.

– Elle est partie. Elle va peut-être revenir, dit Laura. Mais Sergine, qui n’a rien vu, proteste:
– Allez, venez! C’est peut-être le diable! Jacqueline et Jeannette portent la nouvelle à la maison. Madame Aubry n’est pas d’accord. A l’arrivée à l’école, Jacqueline raconte l’apparition à Soeur Marie de l’Enfant-Jésus. La religieuse proteste, tandis que les autres s’attroupent. Le chanoine Segelle (73 ans), qui passait à l’école, est alerté. II est curé-doyen du village. II fait un rapide interrogatoire, et conclut:
– Soyez sages et aimez bien la Sainte Vierge. II pense que c’est une affaire finie. La directrice ironise:
– Puisqu’elle était si belle, à ta place je serais restée à l’église.
Elle tourne le dos à Jacqueline. La fillette la prend au mot et retourne au lieu de l’apparition, vers 13 h. 50.
– Elle nous attend, constate Laura, arrivant au milieu de la nef latérale. Elles approchent. Le visage de la Vierge est voilé de tristesse. Elle dit en appuyant sur chaque mot:
– Dites aux petits enfants de prier pour la France. Elle en a grand besoin. Elle a fait une courte pause après le mot “France” .
– Madame, est-ce que vous êtes notre Maman du ciel? demande Laura.
– Oui, répond-elle avec un sourire affectueux.
– Et l’ange? demande Jacqueline.
Lui-même tourne la tête vers elle et, d’une voix forte, dit en souriant:
– Je suis l’ange Gabriel. La Vierge baisse le bras vers les enfants:
– Donnez-moi votre main à embrasser. Jacqueline s’approche la première et se hausse sur la pointe des pieds. La Dame se penche et porte la main tendue à ses lèvres. Puis Nicole, mais Laura et Jeannette sont trop petites. Jacqueline les soulève sans aucun effort. Les quatre enfants ont senti le doux contact et la tiédeur des lèvres de Notre-Dame.
– Revenez ce soir à 5 heures, et demain à 1 heure, leur demande-t-elle. Et elle disparaît dans un nuage de poussière d’argent. Cette apparition du premier jour a duré 8 à 10 minutes. Les Soeurs continuent l’enquête avec perplexité, oralement, et par écrit pour les deux grandes. Jacqueline écrit 23 lignes, sa cousine, 16: les faits, pas de littérature. Jacqueline arrive à l’église pendant le salut du Saint Sacrement. Les trois autres ont été empêchées de venir. Elle commence le chapelet. Pendant la cinquième dizaine, la Dame apparaît soudain, sans que Jacqueline l’ait vue arriver. De l’index droit, Notre-Dame lui fait signe d’approcher. L’apparition est courte. La Vierge disparaît au moment où la clochette annonce l’arrivée du Saint Sacrement. Après la bénédiction, le prêtre entonne:
– O Marie conçue sans péché, priez pour la France. La Dame et l’ange réapparaissent alors, dans la lumière. La religieuse fait partir les enfants de l’école, puis revient à Jacqueline, restée en contemplation.
– Quand on prétend voir la Sainte Vierge, on ne tourne pas la tête à l’église!
– Mais si! Chère Soeur, la Dame est là, elle nous regarde! La religieuse, jusqu’ici dissuasive, est impressionnée par la calme assurance de l’enfant. Elle récite avec elle le Je vous salue Marie. Vers la fin de la deuxième dizaine, Jacqueline lui dit:
– Chère Soeur, la Sainte Vierge est partie. la religieuse reconduit Jacqueline pour éviter qu’on ne la questionne, puis va trouver le doyen qui pense l’affaire finie.
– Mais non, cela continue! Jacqueline dit qu’elle doit revenir demain à 1 heure. Le chanoine lève les bras au ciel:
– Nous n’en sortirons pas! Demain à 1 heure je fermerai la porte de l’église.

MARDI 9 DÉCEMBRE

Le lendemain à 12 h. 50, Monsieur le Doyen Segelle vient dans l’église avec la clef, mais se ravise et ne ferme pas. Les quatre fillettes, Jacqueline, Jeannette, Nicole et Laura trouvent la porte ouverte. Elles se dirigent vers l’autel de la Vierge, lieu de l’apparition. Et voici soudain une vive lumière. Un rideau d’argent se déploie et s’étend entre le vitrail de Notre-Dame des Victoires et la statue de la Vierge. Et Notre-Dame apparaît. L’ange est aujourd’hui à sa gauche, et non plus à droite. Devant elle, des roses, et sous les roses, l’inscription: Je suis l’Immaculée Conception. Jacqueline demande:
– Puis-je faire entrer mes amies?
– Oui, mais elles ne me verront pas.
La Vierge invite les voyantes à embrasser la croix de son chapelet. Jacqueline soulève les deux plus petites comme hier. Les enfants récitent 10 Ave, puis la Vierge devient triste et dit:
– Priez pour la France qui, ces jours-ci, est en grand danger:
Allez dire à Monsieur le Curé de venir à 2 heures. Qu’il amène les enfants pour prier. Elle ajoute: – Dites-lui de construire une grotte, là où je suis; d’y placer ma statue et celle de l’ange, je la bénirai. Revenez à 2 heures et à 5 heures. Et la Vierge disparaît en semblant s’enfoncer dans le mur, tandis que le rideau d’argent se referme. Les jeunes voyantes vont au presbytère, mais Monsieur le Curé objecte: -2 heures, c’est l’heure de la classe! Qu’elles y aillent et obéissent à leur maîtresse. Elles obéissent en priant. Mais Jacqueline pleure. Soeurs et élèves en discutent à l’école, mais Jacqueline dit: – Monsieur le Curé ne veut pas. Je n’irai pas. Elle s’absorbe dans le travail. A la fin de la classe, à 16 h. 30, Jacqueline retourne à l’église avec les deux petites, sans Nicole qui devait rentrer pour obéir à sa mère. Jeannette est rentrée à la maison. Elles ne sont plus que deux: Jacqueline et Laura.
– Chantez le Je vous salue Marie, leur demande la Vierge, qui les invite à faire réciter à tous une dizaine de chapelet.
– Viendrez-vous encore demain? demande Jacqueline.
– Oui, revenez tous les jours à 1 heure. Je vous dirai quand tout sera fini. Et Notre-Dame bénit l’assistance d’un grand signe de croix. Elle est toujours là vers 5h30. Le Doyen prévient l’archevêché.

MERCREDI 10 DÉCEMBRE

Le lendemain mercredi, Monsieur Aubry, le père, se fâche, puis se reprend. Les enfants peuvent y retourner. Il y a à l’église 150 personnes. L’apparition se renouvelle, selon un ordre analogue, la Vierge fait chanter le Je vous salue Marie, réciter une dizaine de chapelet avec l’invocation O Marie conçue sans péché, puis elle invite les enfants à baiser sa main. Ceux-ci l’interrogent:
– Comment faire cette grotte? (qui ne suscite pas l’enthousiasme de M. le Curé)
– En papier pour commencer. Jacqueline demande encore:
– Madame, voulez-vous faire un miracle pour que tout le monde croie?
– Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles, mais pour vous inviter à prier pour la France. Elle ajoute à l’adresse de Jacqueline, qui a une mauvaise vue:
– Demain, vous y verrez plus clair et vous ne porterez plus de lunettes. Elle lui confie un secret, puis disparaît vers 13 h. 15. Les enfants retrouvent les oppositions. On veut arracher à Jacqueline son secret. Mais elle est inébranlable.

JEUDI 11 DÉCEMBRE

Jeudi matin, Madame Aubry apporte à Jacqueline l’eau tiède pour décoller ses paupières, comme chaque jour au réveil.
– Ce n’est plus la peine! Ce matin, elle voit parfaitement. Elle l’atteste sur un journal placé à un mètre de distance: elle le lit sans difficulté. Cela n’empêche pas, aujourd’hui encore, le déferle- ment des objections, y compris de la part des Soeurs. Monsieur le Curé vient. Il a décidé de faire poser deux questions par les enfants:
– D’où nous échoit cet honneur que vous veniez à l’église Saint-Gilles?
– C’est parce qu’il a ici des personnes pieuses et que Jeanne Delanoue y est passée. Jeanne Delanoue est la fondatrice de la Congrégation des Soeurs. Cela coupe court à la seconde question de Monsieur le Curé:
– Est-ce en souvenir de Jeanne Delanoue…? La Vierge s’informe de la future construction de la grotte et donne sa bénédiction. L’apparition a duré 13 minutes. L’après-midi, les oppositions continuent. Un gendarme interdit à Jacqueline de retourner à l’église.

VENDREDI 12 DÉCEMBRE

Le matin de vendredi, les objections vont leur train.
– Tu as bientôt fini tes comédies? interroge Soeur Saint-Léon.
– Prenez garde que ce ne soit le diable, dit Soeur Marie de l’Enfant-Jésus.
Mais la petite Jeannette a déjà répondu:
– Le diable ne peut pas se faire aussi beau que cela! Et Jacqueline:
– Je suis trop contente quand je la vois. Puis:
– Elle a des yeux si doux!
A 13 heures, 300 personnes remplissent l’église. Soeur Saint-Léon s’est cachée derrière l’autel, pour observer. A 13 heures précises, le rideau s’étend, la Dame est là, l’ange apparaît pour les enfants seuls. Cette fois, la Vierge a une auréole qui scintille derrière sa tête. Elle leur fait chanter et rechanter le Je vous salue Marie, “de manière lente et douce”, leur fait baiser sa main. A Jacqueline, qui réitère une demande de miracle, la Dame répond, l’air triste:
– Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles, mais pour que vous priiez pour la France.
Les voyantes ont gardé un lumineux souvenir de l’auréole. Elles subissent ce soir au presbytère leur premier interrogatoire.

SAMEDI 13 DÉCEMBRE

Le lendemain, la foule bat tous les records: plusieurs centaines de personnes. Quatre prêtres sont là, dont deux Montfortains. L’ordonnance est analogue. Les enfants ont amené des fleurs. Avant de partir, la Vierge dit:
– Je reviendrai demain pour la dernière fois.
La croyance progresse dans la foule et même chez Monsieur le Doyen, qui a aujourd’hui bonne impression.

DIMANCHE 4 DÉCEMBRE

La foule grandit encore, gonflée par le temps libre qu’offre le dimanche, malgré un temps sombre: plus de 2000 personnes. L’église déborde, les enfants ne peuvent entrer dans l’église que par la porte de la sacristie, conduites par Soeur Saint-Léon qui leur fraye un passage en enjambant les bancs. Jacqueline porte un bouquet d’arums; Nicole, des oeillets roses; Laura, des violettes de Parme; Jeannette, des roses. Suivent sept prêtres, le maire de l’Ile Bouchard, le Docteur Tabas, puis la Supérieure des religieuses. A 13 heures, Laura murmure:
– La voilà!
Les enfants transmettent un message du curé: Bénir l’archevêque, donner des prêtres à la Touraine. Jacqueline offre les fleurs:
– Prenez-les! supplie-t-elle.
Mais la Vierge ne les prend pas.
– Embrassez-les, insiste-t-elle.
– Je les embrasserai, mais je ne veux pas les prendre. Vous les emporterez. Jacqueline lui présente tour à tour les quatre bouquets à embrasser. Elle se dresse sur la pointe des pieds pour les deux derniers qui sont plus petits. Elle transmet consciencieusement les nombreuses requêtes reçues et demande:
– Madame, que faut-il faire pour consoler Notre-Seigneur de la peine que lui causent les pécheurs?
– Il faut prier et faire des sacrifices.
– Je vous en prie, donnez une preuve de votre présence, insiste-t-elle.
– Avant de partir, j’enverrai un vif rayon de soleil!
La Vierge insiste:
– Priez pour les pécheurs !
Puis, elle fait réciter une dizaine les bras en croix par toute la foule. Cette apparition a été la plus longue: 35 minutes. Vers la fin, malgré le temps couvert, un rayon de soleil pénètre effectivement dans la sombre église. Il part de la deuxième fenêtre du mur méridional, et vient éclairer les voyants et leurs bouquets. Certains croient voir perler d’étincelantes gouttelettes de rosée.
– Quel beau spectacle! s’écrie un témoin.
Cette douce lumière brillera 4 minutes environ. Son parcours ne répond pas à ce qu’eût été la direction normale d’un rayon du soleil en cette saison d’hiver. C’est le signe de la fin.

ENQUÊTE EN SUSPENS

Cette apparition a été l’objet d’examens. Elle a de fervents partisans en Touraine. Mais elle n’a pas été reconnue; elle est tenue dans l’ombre. Il y avait sans doute bien des raisons de l’étouffer. Personne n’étant très fier de ce qui s’était passé autour. Pendant 10 ans, Jacqueline, la principale voyante, a été l’objet de sévices qui ont détruit sa santé. Il a fallu 10 ans pour qu’un prêtre ami alerte la police en haut lieu et mette fin à ces horreurs, où des prêtres étaient mêlés. Ces dossiers ne pourront être ouverts que dans une décennie peut-être. Mais l’apparition n’a pour elle que de bons signes, même si l’on peut s’interroger, comme toujours en ces matières, sur la signification ou l’absence de signification de tel ou tel détail. Le dialogue populaire de la Vierge avec ses enfants déroute souvent la sagesse des sages. Ce n’est pas forcément une objection. Les bons fruits, qui ont persisté, de manière discrète et tenace, malgré les dissuasions, mais toujours dans l’obéissance et le respect de l’Église, parlent aussi en faveur de l’apparition. Des prêtres et laïcs fervents soutiennent cet îlot de piété envers Notre-Dame. Le 40e anniversaire (1987) a été célébré avec ferveur. Le Docteur Anthonioz, Professeur à la Faculté de Médecine de Tours, a écrit un livre sur l’apparition (Marie apparaît à l’Ile Houchard, OEIL 1989); René Ehret un autre: 1947 l’année terrible.

QU’EN PENSER?

Un des arguments les plus convaincants, c’est Jacqueline Aubry elle-même. Elle a vécu, avec abandon et une générosité totale, une existence extraordinairement éprouvée. Sa voie fut, discrètement, comme celle du Christ et de bien des saints, celle d’une victime immolée. Après la fin des sévices extérieurs, elle connaît de terribles épreuves intérieures, dans un total silence: oublieuse d’elle-même, et abandonnée à Dieu. Elle est discrète, mais vivante et active. Comme institutrice, elle rayonnait la prière et la faisait aimer à ses élèves. Quand sa santé ne lui permit plus de continuer, et qu’elle fut remplacée, les enfants dirent à sa remplaçante:
-Ma Soeur, vous oubliez la prière ! C’était devenu un moment important de leur vie. Malgré tout ce qu’elle a subi de traumatisant, les apparitions lui sont restées présentes. Elle en parle avec une joie simple qui transfigure son visage, elle les revit. Bien que sa vocation soit la nuit, c’est une nuit calme, patiente, parfaitement ouverte sur Dieu et sur les autres, discrètement rayonnante. La connaissant bien, je dirais volontiers d’elle ce que son confesseur, l’abbé Pomian, disait de Bernadette:
– C’est la meilleure preuve de l’apparition. Elle n’a pas, toutefois, le punch et la vigueur défensive de Bernadette. Mais elle lui ressemble dans la transparence et dans les voies passives de l’expérience mystique.
Pourquoi ces apparitions brèves, simples, naïves, qui ont tout pour irriter la sagesse des sages?

UN MATERNEL SECOURS

Les événements tendent à répondre: le climat de grèves, de sabotages, d’affrontements meurtriers, d’attentats et d’épreuves de force, au bord de la guerre civile, le projet d’un putsch communiste analogue à celui qui a réussi en tant d’autres pays, faisaient alors craindre le pire. Dans la nuit du 7 au 8 décembre, le Président du Conseil, Jules Moch, alors responsable du gouvernement, marchait de long en large dans son bureau, ne sachant plus comment limiter les dégâts. Or, c’est dans cette nuit que les premiers signes d’apaisement commencèrent. A l’aube de la fête de Notre-Dame, durant laquelle eurent lieu les funérailles du Maréchal Leclerc, et la première apparition, le reflux des forces communistes commença. A l’école de l’Ile Bouchard, la religieuse avait fait prier pour la France. Nous avons entendu la Vierge y revenir, par trois fois. Tel est le but de sa venue, dit-elle, le cinquième jour, vendredi 12 décembre. La Vierge a manifesté sa sollicitude et sa protection pour libérer le monde du plus formidable complot athée qui soit survenu depuis l’origine du christianisme. A chacun d’en juger. Le Docteur Anthonioz a été frappé de trouver là tout un langage de la lumière, des fleurs, de l’enfance; une symbolique parlante de la grotte. Ce lieu reste une invitation à la prière et à la confiance. Le pèlerinage du 8 décembre y est de plus en plus florissant, dans son intimité. Dans une lettre du 21 septembre 1983, le Père Finet, guide spirituel de Marthe Robin, qui avait des antennes, témoigne de son intuition d’alors: Marthe a beaucoup prié, car elle était très douloureuse, constatant le progrès du communisme en France et redoutant les pires catastrophes. Le vendredi 12 décembre, après la Passion, Marthe m’a dit que la Sainte Vierge lui avait montré qu’en ce jour, elle avait arrêté le communisme, qui n’avait pu réaliser l’attaque que ses membres devaient faire contre le gouvernement et finalement contre la France, pour s ’emparer avec violence du pouvoir. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, peu après, j’ai appris que la Sainte Vierge était apparue à l’Ile Bouchard! Dès le 31 mai 1949, le curé Vivian, archiprêtre de Chinon, confirmait ce témoignage de Marthe Robin: Bien qu’ignorant les faits de l’Ile Bouchard, elle a déclaré que “la Vierge aurait dit qu’elle était intervenue très spécialement le 8 décembre pour sauver la France d’un grand péril” (Anthonioz, p. 48).

Pour plus de développements consulter le site: http://notre-dame.org/

En 1982, Louis-Marie découvre le 53ème et dernier souterrain refuge d’Indre et Loire connu à ce jour. 15 ans plus tard, le site reprend vie ; la vallée Troglodytique des Goupillières est née et Louis-Marie CHARDON l’ouvre au public en 2000

À Bourré, petit village troglodytique situé en Touraine au cœur des Châteaux de la Loire, se trouve la Cave des Roches. À 50 m sous terre, c’est de cette ancienne carrière de tuffeau qu’a été extrait la pierre qui a servi à bâtir les joyaux de la Renaissance : Chambord, Cheverny et Chenonceaux, entre autres. Cette pierre offre l’originalité unique de durcir et blanchir à l’air. Aujourd’hui, la Carrière de Tuffeau vous replonge dans cet univers étrange et secret des perriers et tailleurs de pierres d’autrefois ; métier oublié d’une vie de labeur en souterrain mystérieuse et captivante. Près de 1500 m2 de fresques sculptées dans la masse en bas et hauts reliefs, une ville souterraine est née pour témoigner de manière inaltérable de l’esprit du village au 19ème siècle, d’un épisode de notre ruralité perdue, un témoignage pour nos générations futures. La visite de la Carrière de Tuffeau et de la Ville Souterraine dure 1 heure environ. La visite se fait en duo avec la Cave Champignonnière. A l’issue de la visite, la boutique vous accueillera pour vous faire découvrir sa gamme de produits maison, souvenirs et autres spécialités régionales.

En Touraine, des légendes au sujet des Géants se racontaient d’autant plus que l’on découvrit un certain nombre de squelettes de taille respectable. Ainsi à la Croix-Blanche, route de Chamay, sous une croix disparue depuis, on se racontait de génération en génération qu’une fosse y fut découverte conservant dans la chaux de “très longs squelettes”. Les mêmes dires populaires rapportent qu’après la bataille de 732, de nombreux Sarrasins auraient été enterrés au pied du menhir dit des “Arabes” (Draché) et que les fosses ainsi que les squelettes étaient d’une “grandeur stupéfiante”. Quarante squelettes, dont plusieurs de deux mètres, furent découverts à Peu Mulot, près de Restigné, au pied d’un monument mégalithique. L’énigmatique squelette découvert en 1500 par le gouverneur du château de Loches, François de Pontbriand, se trouvait assis dans un cachot souterrain. C’était un géant qui tenait sa tête entre ses deux mains. Il avait huit pied de hauteur. Son crâne et quelques côtes furent conservés longtemps en l’église de Loches… Le reste étant tombé en poussière. L’on supposait que ce géant pouvait être un Danois d’une grandeur monstrueuse. Une légende rapporte que le lieu-dit Isoré à Beaumont-envéron rappellerait le souvenir d’un géant.

La forteresse de Chinon (Indre-et-Loire) renferme, dans la tour du Coudray, un ensemble de graffiti qui fut longtemps interprété comme la trace laissée au XIVe siècle par les templiers inculpés. Ces graffiti sont bien connus, je n’en ferai pas la description ici. Qu’il me suffise d’en montrer le relevé publié par Raymond Mauny en 1969 dans les pages d’Archéologia (Fig. 1), et de rappeler en guise d’introduction, la conclusion qu’il tira de sa courte étude: “S’il est fort possible, à mon avis, sinon probable, qu’une partie au moins des graffiti de la tour du Coudray soit le fait des Templiers (…), il n’existe aucune certitude à ce sujet et le problème ne sera sans doute jamais résolu. Bien que Chinonais et, de ce fait même, tenté de trancher le débat en faveur de l’attribution de ces dessins à Molay et ses compagnons, la stricte objectivité historique m’oblige à rester sur une prudente réserve. Prudence tout à fait louable, qui ne fut certes pas celle de ses prédecesseurs. Le présent travail consistera à montrer brièvement sur quoi se fondèrent les interprétations Templières, et les méthodes utilisées pour asseoir la thèse d’un “testament” de l’Ordre.

LA TRADITION CHINONAISE

Des Templiers furent comme chacun sait enfermés au château de Chinon. Et non des moindres: le Grand Maître lui-même, Jacques de Molay, et de hauts personnages tels Rimbaud de Caron, Hugues de Péraud, Geoffroy de Gonneville, Geoffroy de Charny, ainsi que deux frères servants. Après l’inculpation de l’Ordre, Clément V se réserva le jugement des dignitaires. Comme le pape se trouvait alors à Poitiers, le roi Philippe Le Bel fut chargé d’y faire conduire les Templiers à des fins d’interrogatoire.
Mais ils n’atteindront jamais leur destination. On les retrouve au château de Chinon à la mi-août 1308, sans que l’on sache exactement la date de leur arrivée. Pourquoi cet arrêt? On sait que quelques uns des inculpés étaient malades et ne pouvaient monter à cheval. On prétendit qu’on n’avait pas d’autre moyen de les transporter, ce qui est évidemment douteux. Certains historiens pensent que Phillipe Le Bel ne tenait pas à cette rencontre entre le pape et les prisonniers, assurés désormais de pouvoir parler sans crainte.
Clément V délégua tout de même trois cardinaux à Chinon où d’après plusieurs documents, les interrogatoires eurent lieu entre le samedi 17 et le mardi 20 août. Ils contiennent les mêmes aveux que ceux faits devant Guillaume de Paris: on prescrivait le reniement de la croix  lors des cérémonies de réception dans l’Ordre (2). Le 20 août, les cardinaux écrivirent au roi pour lui faire part des aveux et du repentir des Templiers. On laissa ensuite s’écouler quelques jours puis les aveux des prisonniers leur furent relus: ils persévérèrent tous dans leurs déclarations. On leur donna l’absolution, l’excommunication fut levée, et la mission des cardinaux s’acheva vers le 23.
Raymond Mauny dit que les prisonniers demeurèrent à Chinon jusqu’en 1309 (3); leurs séjour fut donc relativement long. Après quoi ils regagnèrent Paris pour y être à nouveau interrogés.
On ne sait pas exactement dans quelle partie de la forteresse de Chinon furent enfermés les Templiers. On pense que ce fut dans le donjon, c’est à dire la tour du Coudray, partie la plus sûre de l’endroit, mais il importe de noter que ce n’est qu’une supposition, qui n’est étayée par aucun document. On n’en certifie pas moins communément, selon toute probabilité, qu’ils passèrent là le temps de leur captivité. Ils purent donc très bien occuper leurs moments de désoeuvrement à graver le pan de mur, près de l’unique porte d’entrée. On a voulu ainsi voir dans les graffiti les marques d’un repentir certain.
La thèse Templière est très tôt défendue par la “tradition” Chinonaise elle-même. L’historien G. de Cougny, qui mentionne le premier ces graffiti en 1860, s’interroge de bonne foi: “Serait-ce un souvenir des malheureux Templiers renfermés au château sous Phillipe Le Bel? La position pénitente, le costume, l’inscription pourraient le faire penser”(4). G. Richault, autre historien local, est péremptoire: “Ces inscriptions, écrit-il en 1912, proviennent assurément des chevaliers du Temple qui furent enfermés au château pendant plusieurs mois” (5).

Cette opinion ne sera pas contredite. Le mot était donné et ce sont finalement les ésotéristes qui ancreront, comme souvent en matière de graffiti, une interprétation qui fera longtemps école. Passons pour l’instant sur les affirmations gratuites du Dr Gérard Encausse alias Papus (1908), pape de l’occultisme(6); de Paul Le Cour, chef de file du traditionisme Atlantéen (1926), et examinons de plus près l’opinion, très argumentée, de l’archéologue et hermétiste chrétien Louis Charbonneau-Lassay (1871-1946), qui est le grand herméneute des graffiti de la tour du Coudray et le véritable maître d’oeuvre de leur origine Templière.

UN ACTE DE FOI

Charbonneau-Lassay publie, en 1922, deux articles sur le sujet (7), repris aussitôt dans un opuscule intitulé “Le coeur rayonnant du donjon de Chinon attribué aux Templiers”(8). Il y étudie plus particulièrement ce qu’il appelle le “grand graffite”, c’est à dire le panneau de l’entrée. mais relève aussi d’autres figures disséminées dans l’ensemble de la tour, principalement des blasons, auxquels il joint, dans une présentation artificielle, deux “triple enceintes” relevées dans l’archère sud (Fig. 2).

On peut noter au passage que c’est là l’origine d’une interprétation Templière de la “triple enceinte”. S’il ne la mentionne pas expressément, d’autres après lui se serviront de cette présentation pour tirer des conclusions hasardeuses sur la filiation historique de la figure. On retrouve par exemple aujourd’hui la “triple enceinte” en bonne place dans un ouvrage destiné au grand public, consacré à l’histoire et au symbolisme des Templiers (9).
Sur quels éléments s’appuie la thèse Templière de Charbonneau-Lassay? Sur peu de choses, il faut bien le dire. Voiçi les indices qui attestent selon lui de l’origine des gravures: en premier lieu la graphie “Je requiers à Dieu pardon”(Fig. 3).

Je ne me hasarderai pas à contester ici l’expertise effectuée auprès d’archéologues et d’épigraphistes de sa connaissance, sans doute plus compétents que moi en la matière. Ils s’accordent à penser que la graphie, ainsi que celle du monogramme IHS, est typique du XIVe siècle, et même de la période 1290-1340 environ. Elle n’est donc “pas en contradiction avec la date du séjour des Templiers en la tour du Coudray1308-1309″ (10). Dont acte. On peut toutefois noter que, jusqu’à aujourd’hui, aucune contre-expertise n’est venue appuyer ou infirmer cet avis déjà ancien.

En deuxième lieu, et sur le plan de l’iconographie, toute l’argumentation de Charbonneau-Lassay tient à des affirmations qui ne résistent pas à l’analyse. Comme celle-ci par exemple: l’auteur soutient “que les figures tracées dans le graffite de Chinon se trouvent aussi dans d’anciennes commanderies du Temple” (11). A l’appui de quoi il relève “à la tête de la statue funéraire d’un Templier, XIIIe siècle, de la commanderie de Roche-en-Cloué (Vienne)”(12) un écusson dont la partition est
semblable à celle du bouclier ovale gravé sur les murs de Chinon (Fig. 4).

Je n’ose penser que Charbonneau-Lassay, éminent héraldiste, ait pu accorder une valeur quelconque à cette sorte de “preuve”. La pièce héraldique en question, un gironné, ou “gironné de huit” -d’autres diront un “rai d’escarboucle”- est parfaitement commune au Moyen-Age, et il n’est pas bien difficile de montrer qu’elle n’est pas caractéristique de l’emblématique Templière… On pourrait aussi bien dire que le personnage à l’écu est une représentation de saint Michel, car on sait qu’anciennement, l’archange blasonne lui aussi parfois un “gironné de huit”.
Mais il y a plus. Charbonneau-Lassay écrit “figures”, au pluriel. Or il n’en cite qu’une autre, qui n’a manifestement que peu à voir avec un emblème héraldique puisqu’il s’agit d’une simple rouelle ou “chrisme de huit”; et sa démonstration se borne là. A juste titre sans doute: à la vérité, il n’y a rien dans les graffiti de Chinon qui fasse allusion de près ou de loin à une quelconque iconographie Templière, pour la bonne et simple raison qu’il n’a pratiquement jamais existé d’iconographie “typiquement” Templière, sinon dans l’esprit de quelques auteurs férus de reconstitution symbolique. Les seules images qui pourraient à la rigueur êtres regardées comme typiques de l’Ordre du Temple sont bien connues, on les voit sur certains sceaux. Je me bornerai à les montrer ici, et l’on comprend aisément que cela n’a aucun rapport avec les graffiti qui nous occupent (Fig. 5).

Il est d’autre part pour le moins curieux que, parmis les nombreux écus relevés dans la tour du Coudray par Charbonneau-Lassay lui-même, aucun n’appartienne aux dignitaires qui sont censés avoir été enfermés là. Comment expliquer ce fait? Et qu’en est-il encore de l’absence de croix de l’Ordre? Qu’avaient-ils donc à dissimuler ainsi leur identité, eux qui protestent tant sur les murs de leur orthodoxie reconquise, si l’on en croit Charbonneau lui-même, en un lieu où par ailleurs leur présence était connue et donc n’avait pas à être dissimulée? Mais cela ne déroute pas l’auteur, et il a livré là toute les preuves un tant soit peu “positives” dont il dispose.. Le reste de sa démonstration n’est qu’une collection de faits subjectifs auxquels le conduit son étude iconographique. Il est certain par exemple que la “tradition” Chinonaise est la bonne, à cause de l’impression psychologique que produit sur lui la vision du “grand graffite“: “… ce que l’on sait bien avoir été certainement l’état d’âme des maîtres du Temple relativement au sort de leur Ordre et de leurs personnes en leur situation particulièrement grave et inquiétante au château de Chinon, s’accorde pleinement avec l’impression que produit le “cri de repentir” de cette composition  qui “sue l’angoisse” (13). Il est bien possible en effet que ces graffiti “suent l’angoisse” si l’on veut, par les allusions au calvaire, par la formule de repentir… Outre qu’il s’agit-là d’une appréciation toute personnelle, n’est-ce pas en général le cas des graffiti de cachot? Or les Templiers ne furent pas les seuls à être emprisonnés -s’ils le furent- dans la tour du Coudray. Elle connut de célèbres prisonniers, et de plus nombreux encore, anonymes Français et Anglais, qui occupèrent les lieux pendant la guerre de cent ans. Charbonneau-Lassay le note lui-même. Cependant, il y tient, on ne peut qu’attribuer aux Templiers l’oeuvre du “grand graffite”: “… ni Robert de Flandre, ni les chevaliers prisonniers de guerre dont on voulait surtout tirer rançon pécunière, écrit-il, n’étaient vraisemblablement menacés de mort; ni -encore que tout homme en ai besoin- ne paraissent avoir eu de particulières raisons de requérir si ostentiblement la miséricorde divine: “Je requiers à Dieu pardon!”. Les motifs qu’avaient les Templiers de crier très haut cet appel, et de le faire entendre aux hommes en même temps qu’à Dieu, étaient autrement plus fondés, pressants et compréhensibles”(14). On pourrait lui opposerqu’à Chinon, les Templiers n’étaient pas condamnés mais simplement inculpés. Et où lit-il donc sur les murs de menaces de mort?
Sa conclusion est sans appel: les gravures de Chinon témoignent de l’acte de foi des Templiers, qui protestent en image de leur repentir et de leur parfaite orthodoxie chrétienne. S’il est à Chinon un acte de foi c’est celui de Charbonneau-Lassay lui-même, mais à tout prendre, sa lecture (que je qualifierai d’arbitraire) vaut toujours mieux que celle de l’inénarrable Papus: “Chose curieuse écrit le mage dans ses “Conférences ésotériques” en 1908, il y a sur les murs de cette chambre les dessins creusés dans la pierre, que le chef de l’Ordre y a gravés avec ses compagnons de captivité; ils ont même écrit en hiéroglyphes, certaines petites choses fort curieuses à déchiffrer, telle que la condamnation à mort, à travers les siècles, du Pape et du Roi de France, gravée en rouge de la main de Jacobus Burgundus Molay” (15).

QUELLES CERTITUDES?

Voilà sur quoi repose l’attribution aux Templiers des graffiti de la tour du Coudray. Le dossier est vide, et je suis bien le premier à le regretter. Ceci n’empêchera pas nombre d’auteurs colportant consciemment ou non les opinions jusqu’alors émises, de broder abondamment sur le sujet, comme par exemple Louis Charpentier auteur d’un ouvrage très diffusé et sans cesse réedité, qui enfourche gaillardement le thème du trésor cher aux “Templaristes”: Tous les dessins sont symboliques et la plupart sont même de nature initiatique: coeurs flamboyants (sic), croix, triple enceinte, marelle, escarboucle (…). Et je crois qu’ils correspondent à une intention utilitaire, une intention de transmission à des gens, du présent ou du futur. (…) ces symboles sont des rébus (…) Et il est probable qu’il y avait une façon “Templier” de les lire. Ils s’adressent à des frères; et non point pour remémorer des symboles qu’ils connaissent, ni pour leur confier des vérités traditionnelles (…) mais pour leur transmettre, par le truchement de ces symboles, des choses qu’ils doivent être seuls à comprendre. Si ces choses sont secrètes, c’est qu’elles sont matérielles et cachées.” (16)

D’autres s’érigeront en douteux experts, comme le chanoine Tonnellier qui n’en n’est pas à son premier “coup” et réfutera la thèse templière de Chinon afin de mieux accréditer sans doute celle de Domme, pour laquelle, ainsi qu’à Chinon, il inventa des gravures qui n’existaient pas (17); d’autres encore en faussaires manifestes, qui préfèreront oeuvrer à la confection de preuves: des faux livrant des noms, des phrases, des symboles: ainsi le prolixe Yvon Roy de triste mémoire, dont les thèses ont été de nouveau publiées en 2002, sans avertissement de l’éditeur (18).
Que reste-il aujourd’hui des gravures de Chinon, dépouillées-au moins provisoirement- de leur manteau Templier? la présente note n’a pas pour objet d’étudier en détail les graffiti de Chinon. Leur iconographie, qui pose partiellement des problèmes de lecture et d’interprétation est pour l’essentiel (et quoi qu’on ait pu en dire) assez peu caractéristique: carré avec ses partitions, figures de la croix, cercle divisé, étoile hexagonale, silhouettes grossièrement taillées sont des “lieux communs” du graffiti. Il n’y a pas lieu d’autre part et à priori de rapprocher les blasons disséminés dans la tour et les “triple enceintes” de l’archère sud du “grand graffite”, pas plus qu’il n’y a lieu d’affirmer sèchement que ce dernier a été exécuté d’un seul jet, qu’il forme un tout cohérent qui doit être interprété comme tel. Il peut constituer un ensemble hétérogène exécuté par plusieurs “mains”, peut-être à différentes époques, voire à des époques tardives. Et contrairement à ce qu’écrit Charbonneau-Lassay, la graphie ne suffit pas à dater l’ensemble du panneau.
Charbonneau-Lassay a fait de la cavité cordiforme et rayonnante le centre de son travail d’interprétation: il y a vu une représentation du Sacré-Coeur de Jésus Christ, mais il semble bien que cette lecture soit quelque peu anachronique et forcée si l’on s’en tient aux preuves qu’il publie. Je pense qu’il a été fortement inffluencé en ce sens par le milieu très militant de la revue Regnabit où il écrivait, lié au Hiéron de Paray-le-Monial, auquel il avait été recommandé par l’archevêque de Paris (19).

Ces graffiti sont-ils médiévaux? probablement, au moins en partie, si l’on se réfère aux costumes des personnages, au calvaire avec ses instruments de la passion, aux graphies.

On ne peut pas exclure, bien sûr, que tout ou partie de ces graffiti soient le fait de Jacques de Molay et de ses compagnons. On peut le décréter, non pas le prouver, même à l’aide d’un faisceau de présomptions. Il n’existe pas à Chinon, deux indices pouvant amener à cette conclusion. C’est pourquoi je crois que le terme même de “probable” utilisé par Raymond Mauny, cité dans l’introduction de cette étude, est déjà quelque peu aventureux…

La cave peinte des Tonneaux (Saint Cyr sur Loire)
La cave des Trois-Tonneaux, restaurée en 1791 (en fait, il s’agit de six tonneaux gallo-romains creusés dans la roche) Cette propriété des Tonneaux, appelée « château des Trois-Tonneaux » sur certaines cartes postales est située au numéro 126 de la rue Tonnelle (Rue du Dr Tonnelé, Cadastre 90) La propriété qui porte ce nom le doit à la remarquable cave qui s’y trouve. Cette cave se compose de vingt-trois caveaux et les six premiers contiennent encore chacun un immense tonneau en pierre qui justifie le nom « les Tonneaux ». Cette demeure parait remonter au XVème siècle, mais la propriété, connue depuis le Xème siècle et appartenait au fief de l’aleu de Tesse, a probablement eu une maison de maître antérieure. Elle est désignée sous le nom des Tonneaux ou Trois Tonneaux au XIVème siècle, quand Etienne de Mornay, doyen de l’abbaye Saint-Martin de Tours et trésorier de Louis X , la possède en 1322. C’est alors une propriété viticole, avec pressoir et cave. Au XIXème siècle, elle appartient au peintre verrier Julien Fournier.

Historique.
Au Xe siècle, cette propriété faisait partie du fief de l’Aleu de Tesse. Ce fief, qui se composait de 160 arpents de terres et de vignes d’un seul tenant, était limité au midi par la Loire, à l’ouest par le chemin de Vaugenet, à l’est par le chemin du Coq, au nord, il s’étendait jusqu’à Charentais. On y trouvait quatre pressoirs, le pressoir Viot, le pressoir Fondu, le pressoir Cornu et le pressoir de Pierre. Il appartenait au chapitre de Saint-Martin. C’est seulement au IXe siècle que l’on reconnut les avantages de la plantation des vignobles sur les collines. Des documents de cette époque désignent les vignes du coteau de Saint-Cyr et spécialement celles du fief de l’Aleu de Tesse.

Voici ce qu’écrivait, en 1890, Léon Lhuillier.
Au début du XIVe siècle, la propriété des Trois Tonneaux, d’environ trois hectares, appartenait à un nommé Jean Michou. Ce nom ne paraît pas celui d’un riche seigneur et nous lisons même qu’en 1300 il emprunta une certaine somme d’argent. Besogneux, sans doute, il vendit sa propriété en 1330, le mardi après les Rameaux à Étienne de Mornay. Donc en 1330, « Les Trois tonneaux » ou simplement « Les Tonneaux » appartenaient à Étienne de Mornay, l’un des seigneurs les plus riches et les plus puissants de France. Étienne de Mornay était le doyen de Saint-Martin en 1315, chancelier du roi Louis X et maître des comptes en 1322. Il avait des relations avec toutes les familles dont les armoiries sont peintes aux « Tonneaux » et quand il accompagnait le roi, sa voiture était attelée de dix ou douze chevaux. Il semble donc être le seul propriétaire qui ait pu se permettre un tel luxe dans sa cave.On peut se demander pourquoi une semblable décoration a été entreprise dans un endroit absolument obscur et humide. Nos aïeux avaient la vieille habitude de se réunir dans leurs caves soit pour y passer la veillée comme en Bourgogne, soit pour y boire du vin après avoir joué à « la Paume », comme le fit le roi Louis X en 1316. Cette coutume fut même funeste au royal buveur car la fraîcheur du lieu le rendit gravement malade et le fit mourir quelques jours après. La décoration des « Tonneaux » ne peut donc plus nous surprendre et nous devons y reconnaître le lieu d’une de ces joyeuses réunions si fort en usage au Moyen âge.

Étienne de Mornay dont le testament fait connaître les détails d’un train de maison tout à fait luxueux, ne sortait pas des habitudes familières aux personnes de son rang et de sa condition en dégustant dans une cave de sa maison de campagne les vins généreux dont la Touraine est si fière. Cependant, notre riche doyen ne jouit pas longtemps de cette somptueuse maison car il mourut le 31 août 1332 après l’avoir léguée au chapitre de Saint-Martin. Au XVIIIe siècle, la propriété appartenait à la famille Goutard. François Goutard, grand juge consul, administrateur de l’hôpital général, ancien échevin de Tours, y est mort en 1765 à l’âge de 87 ans. En 1787, on enregistre, en la maison des Trois Tonneaux, le décès à l’âge de 63 ans de Mathurin Julien Goutard, maître en chirurgie, professeur des accouchements. Au XIXe siècle, la propriété appartint à Julien Fournier, peintre verrier, à qui nous devons la chromolithographie de la cave peinte.

Eugène Baron et Eugène Marcault ont restauré ces tonneaux en 1791. Ces citoyens étaient des maçons de Rochecorbon, à côté de la lanterne. Ces deux individus aimaient bien le bon vin. A quelle époque remonte cette remarquable installation vinicole ? Elle doit être antérieure au XIVe siècle. En effet, les 23 caveaux peuvent contenir 400 hectolitres de vin (ce qui correspond à la récolte moyenne de plus de 20 hectares) ; or, en 1330, la propriété des Tonneaux avait à peine 3 hectares de vignes. D’autre part, l’archéologue Beaumesnil, chargé de mission en 1784 par l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, visita cette cave et inscrivit aubas d’un dessin représentant un des tonneaux : « Tonneau Romain, paroisse de Saint-Cyr près de Tours »

Vers 1860, les ouvriers qui creusèrent le puits de la propriété des Tonneaux découvrirent à une certaine profondeur au-dessous des caves décrites ci-dessus une longue galerie se dirigeant du nord au sud. Quelques-uns l’explorèrent du côté du Midi, vers la Loire, mais il leur fut impossible d’aller jusqu’au bout à cause des éboulements. Cette galerie était capable de laisser passer une charrette. Elle devait, sans doute, conduire vers la Loire et vers la route de Tours à Angers qui la borde de façon à permettre le transport facile des vins recueillis dans la fameuse cave. Au Moyen Age, les seigneurs, d’après une habitude romaine, vendaient leur vin par l’intermédiaire d’un tenancier dans une sorte de cabaret qu’on nommait un étal. D’après un titre de 1300, un étal de cette sorte est signalé près du port et du bourg de Saint-Cyr. Les propriétaires de la cave des Tonneaux écoulaient ainsi le vin qu’ils ne désiraient pas conserver pour leur consommation personnelle et contribuaient à faire apprécier, au dehors, le liquide généreux que produisaient les collines de l’Aleu de Tesse. C’est dans cette cave, dit-on, que Louis XI, venant de Plessis-les-Tours, aimait à se rendre avec son conseiller Tristan Lhermite pour déguster ce cru réputé.
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Source : « Saint-Cyr-sur-Loire, une commune à la recherche de son passé » Collectif.
http://saintcyrsurloire.zegrange.com/

De chaque côté de ces galeries des caveaux, comme autant de chapelles latérales dans une église, il y a en tout 23 caveaux (J) des caveaux aussi larges que profonds et séparés par des contreforts de même dimension, ces caveaux sont disposés de façon qu’à chacun corresponde en face un contrefort, car le roc du coteau n’est nulle part soutenu par des maçonneries et ce plan laisse à l’ensemble plus de solidité. les 6 premiers contiennent encore chacun un immense tonneau en pierre (F) Ces tonneaux sont construits avec des dalles de pierre d’environ 0,20 mètre d’épaisseur. Ils ont, intérieurement la forme d’un tonneau de bois. A la partie supérieure, la bonde, est remplacée par une pierre carrée de 0,40 mètre de côté permettant le passage d’un homme. A la partie inférieure de chaque tonneau, il y a une ouverture pour placer un robinet et au-dessous se trouve une petite auge en pierre pour recevoir le liquide qui pourrait se perdre pendant la manipulation. Ils ne sont pas tous d’une jauge uniforme, mais la contenance moyenne ne doit pas s’écarter d’environ 15 hectolitres par tonneau. A quelle époque remonte cette remarquable installation vinicole ? Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle existait en 1330, puisqu’en cette année elle portait le nom de Tonneaux, nom évidemment postérieur à leur construction. Ajoutons qu’elle doit être antérieure au XIVe siècle. En effet, les vingt-trois caveaux que nous voyons peuvent contenir environ 400 hectolitres de vin, ce-qui forme, pour les vignobles de choix, la récolte moyenne de plus de 20 hectares.

Or, en 1330, la propriété des Tonneaux avait à peine 3 hectares de vignes, elle était donc depuis longtemps démembrée et la cave devait avoir été construite avant ces démembrements. D’un autre côté, que sont devenues ces parcelles démembrées ? Elles ont été vraisemblablement aliénées moyennant une redevance annuelle d’une certaine quantité de vin et le droit de vinage qu’exerçait le chapitre de Saint-Martin sur l’Aleu de Tesse n’a pas, en général, d’autre origine. Si nous consultons le registre qui nous est resté à ce sujet, nous trouvons nomenclature de parcelles de terre formant un ensemble de 36 arpents ou 24 hectares sur lesquels seulement se percevait ce droit de vinage: voilà donc approximativement les vignobles qui réunis pouvaient emplir la cave des Tonneaux.

D’un autre côté, l’archéologue Beaumesnil, chargé de mission en 1784 par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, visita cette cave et inscrivit au bas d’un dessin représentant un des tonneaux : Tonneau romain [paroisse de Saint-Cyr près de Tours) Cette attribution mérite d’être examinée, car la description que nous avons faite ci-dessus coïncide assez avec les textes des agronomes latins et les vestiges de caves romaines découvertes à Herculanum et ailleurs. La grande salle rectangulaire correspond sensiblement aux dimensions que donne Vitruve pour la construction du pressoir nommé prelum, genre de pressoir qui est resté en usage jusqu’à nos jours sous le nom à pressoir à casse-cou et qui exigeait un vaste emplacement à cause de son long levier a l’extrémité opposée à l’entrée devait se trouver le Calcatorium, aire sur laquelle on écrasait les raisins avec les pieds. Telle était l’installation générale de la cella torcularia, car à l’époque romaine, on ne faisait point fermenter le vin avec son marc dans dés cuves ; on pressait les raisins dès qu’ils étaient vendangés et on répartissait entre chaque tonneau le moût récolté chaque jour afin d’égaliser la fabrication. Il ne faudrait cependant pas croire que par cette méthode on n’obtint que du vin blanc, car Pline connaissait, en outre, des vins jaunes, rouges et noirs. Ce résultat est facile à obtenir avec divers cépages, et Calpurnius parle de moût qui dupressoir sort couleur de pourpre. Ne cherchons donc pas’de vastes emplacements pour les cuves et passons dans la cella vinaria que Vitruve veut contre le pressoir.

Les Grecs et les Romains conservaient leur via dans des vases de terre appelés dolia, les Gaulois au contraire le mettaient dans des tonneaux de bois de dimensions grandioses, cerclés comme ceux d’aujourd’hui, et nommés tunnse en Gaule et cupse en Italie.

Les caves romaines étaient généralement de longues galeries, comme celles que nous étudions les dolia étaient disposés sur une file au milieu, mais les monuments et les textes nous en montrent de « rangés et maçonnés dans le mur » tout autour des galeries. Il en était de même pour les tonnes en bois, que l’on plaçait sur un podium en maçonnerie de ciment de brique. Palladius recommande encore de construire au bas du podium une cuvette pour recevoir le vin qui pourrait s’échapper des tonnes, et nous retrouvons précisément cette cuvette, ce lacus, au bas de chacun des tonneaux de Saint-Cyr, il n’est pas jusqu’à la bonde laissant le passage d’un homme qui ne soit indiquée par Pline. Nos tonneaux sont donc bien installés à la manière romaine, quoique les tonneaux de pierre soient rares à cette époque.

Cependant cette méthode de creuser un caveau pour chaque tonne, de chaque côté d’une étroite galerie, est restée en usage jusqu’au XIIIe siècle, comme l’attestent plusieurs spécimens retrouvés dans des constructions de ce temps, mais quelques-unes de ces caves, qui n’ont pas de grande salle pour le pressoir, sont évidemment les celliers particuliers du seigneur du château ou de l’abbé du monastère, car les grands personnages d’alors et le roi lui-même prenaient directement leur vin au tonneau. Quoi qu’il en soit, à partir du XIe siècle, les caves des vastes exploitations prennent des proportions plus grandioses: ce sont presque des églises à une ou plusieurs nefs, et malgré cela, l’on suit toujours l’usage romain de ne point faire fermenter dans des cuves le vin avec son marc….

… D’après tous ces détails la cave de Saint-Cyr se rattache donc à la plus ancienne méthode de vinification, examinons maintenant si l’entrée vraisemblable de cette cave nous donnera des détails plus précis. En effet, les ouvriers qui creusèrent, il y a trente ans environ, le puits de la propriété des Tonneaux, découvrirent, à une certaine profondeur au-dessous des caves décrites ci-dessus, une longue galerie se dirigeant du Nord au Sud. Quelques-uns l’explorèrent alors du côté du midi, vers la Loire, mais il leur fut impossible d’aller jusqu’au bout, à cause des éboulements et des gaz délétères qui éteignirent leur flambeau, selon leur appréciation, ces explorateurs descendirent jusque sous la propriété actuellement nommée « Villa des Roses ». Du côté du Nord devait se trouver une communication (S) avec les galeries où sont les tonneaux, mais cette communication n’existe plus. Cependant, la tradition en était encore conservée au siècle dernier, longtemps avant que les travaux du puits n’aient fait connaître la galerie inférieure: des maçons de Rochecorbon, qui ont réparé les tonneaux en 1791, l’ont mentionnée dans l’intérieur de l’un d’eux.

Cette galerie inférieure, d’après ses visiteurs, était en outre capable de, laisser passer aisément une charrette. Elle devait sans doute conduire vers la Loire et vers la route de Tours à Angers qui la borde, de façon à permettre le transport facile des vins recueillis dans la fameuse cave: Cherchons dans les flancs du coteau s’il ne resterait pas quelques traces de l’entrée de ce tunnel. Nous rencontrons précisément, dans une propriété nommée « Beaurepic » une cave fort ancienne et qui paraît répondre à ces conditions. Elle est précédée d’une tranchée à ciel ouvert qui part de l’ancienne route et va dans la direction des Tonneaux jusqu’à ce que le coteau, creusé à pic, offre une élévation de 10 mètres au-dessus de cette tranchée, alors comme les terres à enlever eussent offert un déblai considérable, le chemin pénètre en tunnel sous des rochers de calcaire compacte et se termine, après 12 mètres de parcours souterrain, par un immense éboulement.

Or, cet éboulement est à quelques mètres seulement de la « Villa des Roses » et ceux qui ont examiné le souterrain partant du puits des Tonneaux pensent être descendus jusqu’à cet endroit, il paraît donc vraisemblable que ces deux souterrains n’en aient formé qu’un seul autrefois. Ce qui donne du poids à cette hypothèse, c’est que l’entrée du tunnel de « Beaurepic » a été maintenue par une maçonnerie fort solide, dont l’appareil peut remonter au XIIe ou XIIIe siècle. En effet, le chemin est protégé par une double voûte en pierre de taille, et un mur de pierre identique retenait les terres qui surmontaient l’entrée :Des travaux de cette importance n’auraient jamais été faits pour une simple cave. D’un autre côté, ce débouché du tunnel se trouve auprès, du port de Saint-Cyr, où le chapitre Saint-Martin entretenait un sergent en 1190 et où il avait libre passage sur la Loire pour ses vins récoltés sur la rive droite du fleuve : il est dès lors à supposer que c’est ce riche propriétaire qui aura fait construire la belle voûte que nous étudions.

Nous pouvons donc conclure de tout ce qui précède que cette magnifique installation vinicole, située dans l’aleu de Tesse et d’une contenance en rapport avec son droit de vinage, était bien la cave primitive de cet aleu, avant tout partage et toute aliénation. Or si, d’après sa contenance même, d’après la méthode de vinification qui devait y être suivie et d’après l’appareil des maçonneries du tunnel, elle était certainement antérieure au XIIIe siècle, la date de plantation des vignobles de l’aleu de Tesse ne permet pas de la faire remonter plus haut que le Xe siècle. La propriété de« Beaurepic » dans laquelle se trouve l’entrée du tunnel est dans les environs que devait être « L’Etal ».
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Source : L. Lhuillier, SAT 1889 page 205 – 237.

Surprise : c’est au sud de l’Indre-et-Loire, à Luzé, que les cendres de Yul Brynner ont été enfouies. Plus précisément dans le petit cimetière mitoyen de l’abbaye royale Saint-Michel de Bois-Aubry, une propriété privée qui a appartenu, entre 1976 et 2006, à l’église orthodoxe. L’acteur décède en 1985 à New York, il est incinéré et ses cendres sont transférées par sa dernière épouse dans leur propriété de Normandie. Lorsque la veuve de Yul Brynner décide de vendre leur propriété normande, elle cherche un autre lieu d’accueil pour son époux. A la même époque, l’Abbaye de Bois Aubry est occupée par une communauté de moines orthodoxes dont l’un d’eux est un ami de la famille Brynner. L’urne sera donc transportée en Touraine et un cimetière spécialement dédié à Yul Brynner sera créé.

Ce dernier captait une partie des sources de l’Herpenty et du ruisseau des Grandes Fontaines (le terme « fontaine » étant synonyme de source). C’est en 1967 et 1968 qu’une portion importante de cet aqueduc concernant la commune de Bléré a été découverte et étudiée.

Rentrer dans les souterrains de Loches, c’était laisser la silhouette de l’imposant château derrière nous pour s’enfoncer dans un dédale de souterrains aux murs sombres. Obscurité légèrement oppressante due entre autres par l’activité intense qui se déroulait dans ces lieux quelques décennies auparavant : la culture intensive de champignons. Le réseau de couloirs en lui-même est très vaste, les galeries se dispersant un peu partout le long des axes principaux, très larges. Ici et là de très belles fresques d’anciens carriers dessinées au fusain sur les parois, ici un ancien puits s’enfonçant jusque dans la nappe phréatique, avec sa petite poulie toute charmante encore présente ; là un autre puits montant vers la surface, offrant un jeu de lumière très agréable. Quelques locataires intrigués par notre présence, ces petites chauves-souris dissimulées dans les anfractuosités appréciaient la fraîcheur des lieux. Et c’est dans la plus simple logique que nous nous sommes perdus dans ce dédale qui ferait rougir de jalousie Minos, et retrouver la sortie n’a pas été une mince affaire dans ces galeries qui se ressemblent toutes. Les souterrains tortueux de Loches préservent un patrimoine exceptionnel et une faune discrète, tous deux très fragiles, qui sommeillent paisiblement dans le silence et l’obscurité des lieux.

Les cavités souterraines situées à Loches, et dans son pourtour immédiat, sont des carrières de pierre calcaire. L’extraction avait pour but de constituer des réserves de pierre à bâtir. De nombreux bâtiments renommés ont été érigés grâce à cette activité d’excavation. Ce calcaire est plus communément appelé le tuffeau en Touraine, quelquefois les faluns (ce faisant référence à des différences locales de composition). Il y a eu une myriade de carrières dans la région. La pierre, exportée, a même servi à ériger des cathédrales, l’on pense à Nantes ou Quimper.

Le nombre de carrières situées précisément à Loches ne nous est pas connu. En effet, il y a un nombre très important de cavages (entrée en coteau), pour la plupart situés en propriété privée, c’est-à-dire essentiellement des jardins. Ces souterrains sont pour la très grande majorité de petites caves, dont le développement n’excède que rarement les quelques mètres. Il y a cependant, de part et d’autre de la commune, des réseaux de grande ampleur. Quelquefois, ces exploitations souterraines ont été utilisées, par le passé, comme site troglodytique, au même titre que les Goupillières, Rochemenier, ou encore Nanard Pictus, ce dernier habitant encore en troglodyte. Dire le nombre n’est pas aisé. Cependant, l’inventaire revient généralement aux services d’inspection des carrières. Ils sont en principe à même de déterminer le nombre, bien que le sujet soit en perpétuelle évolution, considérant les découvertes régulières. Ces services des carrières dépendent du département (SDICS, IGCA, IGC, etc). Ils sont complétés par les expertises de la DRIRE, du BRGM, de l’INERIS parfois. Le but est de cartographier les zones d’aléas.

A propos de la profondeur de ces souterrains, c’est assez faible, c’est-à-dire de l’ordre de la quinzaine ou de la vingtaine de mètres, rarement plus, rarement moins. Ces galeries s’étalent principalement sous les plateaux, au départ des coteaux. Cela n’a rien à voir avec les mines de fer en Lorraine (100 à 150 mètres, parfois un peu plus), la houille ou la potasse, avec des profondeurs avoisinant les 700 à 1000 mètres. C’est un creusement conforme aux bassins sédimentaires, tels qu’on peut les observer en Picardie, en Somme, en Bordelais, en Bourgogne. La seule nuance, et elle est de taille, c’est que de manière non pas unique mais rare, le creusement à Loches est sur plusieurs niveaux. Cela s’observe à Vic-Sur-Aisne, aux Trente Esseins par exemple, mais rares sont les autres exemples, la très grande majorité des exploitations étant à niveau unique, et à affleurement avec la nappe. A Loches, les niveaux sont interconnectés par des puits, soit reliés par des échelles, soit par des escaliers sommaires (en réalité, plus une descenderie qu’un réel ouvrage). La longueur des plus grands réseaux est éminemment difficile à estimer. Les galeries ne sont pas rectilignes. L’exploitation est en pilier tourné. Il s’agit d’un quadrillage de galeries, qui suit la richesse calcaire du banc. Ces galeries entrecroisées laissaient en place des piliers de soutènement, qu’on appelle les piliers tournés. Il y a aussi des hagues et bourrages, ce qui signifie que des vides d’exploitation étaient comblés par des stériles. Ainsi, dire une longueur est une gageure ! Le réseau n’est pas à proprement parler d’un développement anarchique, mais l’organisation spatiale est parfois d’une extrême complexité. L’un des quartiers d’exploitation, à Loches, n’est relié que par une infime et discrète galerie. Il y a pour ainsi dire, tout pour se perdre ! Pour donner un ordre d’idée, le développement des grandes exploitations est de l’ordre de moins d’un kilomètre, jusqu’à la trentaine de kilomètres. C’est un ordre d’idée sur lequel je ne peux m’engager, les mesures étant voire supra, difficiles à réaliser. Ces valeurs, qui paraissent faibles, sont à maximiser. En effet, vu le sentiment de développement anarchique, il y a véritablement matière à tourner et retourner !

L’intérieur des galeries de Loches ne recèle pas de nombreux vestiges immédiatement marquants. Ces réseaux souterrains sont pour la plupart relativement vides, voire complètement vides, au contraire des exploitations souterraines de l’Oise. Il y a par contre des vestiges de très grande qualité, quasiment uniques, ce sont des fresques anciennes de grande ampleur. Des carriers ont dessiné sur les murs des scènes allégoriques, mythiques, ou plus prosaïquement, des représentations de carriers. La représentation de Néron et de Bacchus (1844) est unique dans le monde des carrières – à ce titre les représentations de carriers ou d’outils le sont moins (Brauvilliers par exemple, ou Maastricht aux Pays-Bas). Était-ce un carrier artiste, était-ce le fruit du travail organisé durant une pause, était-ce le passage d’un militaire ? Nul ne le sait, car les fresques ne sont pas signées.

A Loches aussi, la spécificité est de retrouver un nombre important de tables de comptage. Les caves ont longuement été utilisées, postérieurement, par des champignonnistes. Des tables de calcul figurent aux murs. Ces tables sont parfois mêlées aux calculs des salaires des carriers. L’un comme l’autre, ces tracés sont de riches enseignements historiques. Il est à noter que ces calculs ne sont pas rares. Elles sont, par exemple, très fréquentes dans le Nord-Pas-De-Calais. Cependant, il est à signaler que pour Loches, tout comme Véretz, elles sont admirablement conservées. En comparaison, celles du N-PdC sont assez souvent – et inévitablement – rongées par l’humidité. Ainsi, les carrières de Loches sont un long enseignement sur le métier de carrier. Les réseaux lochois sont globalement secs, faciles à parcourir. Ils sont en contrepartie monotones, vides, et possèdent une absence quasi-totale de repères. S’y perdre n’est donc pas une fiction. La plupart des galeries, situées en propriété privée, ne sont pas visitables avec aisance. En réalité, pour une carrière (et non pas une mine), le tréfonds est propriété de la parcelle de surface. Cela signifie que pour les carrières de Loches, il y a une multiplicité incroyable de propriétaires : habitations privées, agriculteurs, domaine de l’état, etc. Le plus souvent, la personne de contact est simplement celle possédant le cavage. L’état général des galeries est bon, voire même très bon. Les risques d’aléa est limité, et c’est d’ailleurs une généralité applicable pour un bon nombre de sites en Touraine. La température est, comme bien souvent pour le « sous terre », de 11 à 12 degrés. Seules les zones les plus proches des entrées subissent de légères variations de température. Les dangers de visite ne sont pas négligeables et s’appliquent à tout lieu souterrain. Cela signifie : ne pas descendre seul mais en groupe, afin que d’autres personnes puissent aider ou déclencher des secours. Porter un casque. Tripler l’éclairage, afin de faire face à toute défaillance. Porter des réserve de nourriture et d’eau. Prévenir des personnes en surface de la visite et des heures prévues. Se méfier de tout, jamais de marche arrière afin de ne pas chuter. Etc. Cela peut paraitre très lourd, mais les accidents sont légion, même aux plus précautionneux, et nous avons bien malheureusement des exemples à citer – nous concernant d’ailleurs, car personne n’est surhumain. La connaissance de ces lieux s’effectue par les recherches : compulser les archives historiques, prospecter le terrain. C’est parfois long et aussi. inévitablement rempli de certaines déceptions.

Les cavités de Loches sont peu visitées par les « cataphiles », c’est-à-dire les personnes éprises des milieux souterrains pour leur esthétisme. En cause, principalement la difficulté d’accès (jardins, hostilité des riverains). Il n’y a pas de phénomène de mode, ni d’attraction insurmontable. C’est aussi, probablement, parce que Loches offre surtout un terrain de jeu aux chercheurs, mais peu au folklore souterrain. Au contraire de l’Aisne ou de la Meuse, il n’y a pas d’accès voiture réalisable, et donc pas de possibilité d’organiser des rave-parties. Ainsi, les cavités lochoises sont méconnues, ce de surcroît que cela répond à une volonté locale.

Il serait admirable que la cavité « les Fons de la Gaîté » soit l’objet d’une exploitation semi-touristique. Il existe une fresque de très grande qualité historique. Cette fresque mériterait une protection, mais aussi une mise en valeur pour que tout un chacun puisse en profiter. Non pas un projet pharaonique tel que Doué la Fontaine, mais au moins les journées du patrimoine, ainsi que des accès à la demande. L’idéal serait, comme à Vassens pour les autels de la guerre 14-18, une lourde grille pour bloquer l’accès à la salle contenant la fresque (le reste de l’exploitation souterraine étant moins fragile), et une clé disponible au café du quartier, sous réserve de la présentation d’une carte de membre à la FFS, ou un club spéléo reconnu (c’est le cas de Savonnières en Perthois, cela fonctionne très bien, ou bien encore le cas de Caumont dans l’Eure). Depuis cette action et dans ces deux lieux, il n’y a plus de fréquentation illicite amenant du vandalisme, mais une fréquentation respectueuse, autorisée pour tous, sous réserve d’un tant soit peu de sérieux ! Pour terminer, un témoignage de mon frère Nicolas : Rentrer dans les souterrains de Loches, c’était laisser la silhouette de l’imposant château derrière nous pour s’enfoncer dans un dédale de souterrains aux murs sombres. Obscurité légèrement oppressante due entre autres par l’activité intense qui se déroulait dans ces lieux quelques décennies auparavant : la culture intensive de champignons. Le réseau de couloirs en lui-même est très vaste, les galeries se dispersant un peu partout le long des axes principaux, très larges. Ici et là de très belles fresques d’anciens carriers dessinées au fusain sur les parois, ici un ancien puits s’enfonçant jusque dans la nappe phréatique, avec sa petite poulie toute charmante encore présente ; là un autre puits montant vers la surface, offrant un jeu de lumière très agréable. Quelques locataires intrigués par notre présence, ces petites chauves-souris dissimulées dans les anfractuosités appréciaient la fraîcheur des lieux. Et c’est dans la plus simple logique que nous nous sommes perdus dans ce dédale qui ferait rougir de jalousie Minos, et retrouver la sortie n’a pas été une mince affaire dans ces galeries qui se ressemblent toutes. Les souterrains tortueux de Loches préservent un patrimoine exceptionnel et une faune discrète, tous deux très fragiles, qui sommeillent paisiblement dans le silence et l’obscurité des lieux.

Les constructions plus au nord semblent également conçues avec la même volonté d’ostentation et pourraient correspondre à un mausolée et à un groupe statuaire illustrant un fait d’armes d’un ancêtre vénérable, probablement un militaire de haut rang. On doit probablement à Rabelais la mention la plus ancienne, du moins la plus célèbre, concernant la pile de Cinq-Mars (Rabelais : XVI, 51-52 ; passage repris dans Roach Smith 1855 : 14) : plus que la comparaison esthétique, on retiendra de cet extrait que c’est la dimension de l’édifice qui sert au propos de l’auteur. C’est encore aujourd’hui l’état de conservation exceptionnel du monument qui marque le visiteur et qui a intrigué successivement les différents érudits, antiquaires, archéologues et, malheureusement aussi, quelques pillards : C. Chevalier parle ainsi de “ cet étrange monument, qui fait le désespoir des archéologues, et qui restera toujours (nous le craignons du moins) une énigme indéchiffrable ” (Chevalier 1869 : 420).

Datant du 1er siècle, cet aqueduc gallo-romain servait à alimenter une villa privée. Au bord d’un chemin, à la lisière de la forêt, 4 piles sont encore visibles. Le captage devait se faire à une source en forêt, peut-être celle d’Orfonds justement, voir plus bas dans l’article. Il mesurait environ 1, 5 km de long.

La fontaine d’Orfonds en forêt de Loches

Deuxième point de curiosité du circuit : la fontaine d’Orfonds. Peut-être la source qui alimentait l’aqueduc, ou une de ses voisines. Un petit chemin bien indiqué permet de la rejoindre. Plusieurs panneaux explicatifs y sont disposés, sur l’histoire comme la faune et la flore (livret disponible à l’office du tourisme de Loches)

Sur le site, deux monuments à découvrir : la cave du roi Charles VII, dont il ne subsiste qu’un fragment de mur et l’amorce d’une galerie voûtée, entièrement comblée. Le lieu servait de relais de chasse, grande passion des rois d’alors. Et selon une légende, c’est aussi là qu’il rencontrait sa belle maîtresse Agnès Sorel… Elle se trouvait à proximité de la chapelle Saint-Nicolas du Bois, disparue au XVIème siècle.

En face se situe la source d’Orfonds, en forme de fer à cheval, associée elle – aussi à sa légende …

Orfons, magicien et voleur, (il avait dérobé la robe blanche parsemée de diamants de Notre-Dame-de-Beautertre et  fondu en lingots d’or la statue de Saint Bruno de la Chartreuse du Liget) fut condamné à rester enfermé dans la crypte de la chapelle Saint-Nicolas-du-Bois. Une seule fois par an, à chaque minuit de Noël, il pouvait, avec une clé magique, s’échapper de la crypte, et se livrer à son occupation favorite : vanner les pièces d’or de son trésor … Il coule ainsi de l’or de le ruisseau, qui n’est jamais tari… Même en plein été en effet, un léger filet d’eau y coule souvent.

Le Château de Bridoré est une forteresse militaire médiévale (XIV–XVème siècle), avec un dispositif de défense en l’état unique en France (quatre caponnières), des bains de vapeur, des latrines à tous les étages, un système en pierre d’évacuation des eaux usées, des étuves, des fossés, un système de conservation de la nourriture et un donjon haut de 30 mètres.  En 1590, le château est doublé de fausses braies sur lesquelles viennent s’accoler dans le fossé les quatre caponnières, qui ne sont visibles qu’au sommet de la contrescarpe.

Ce parc miniature souterrain est né de la rencontre de deux hommes de passion : Yann Bouchard avait l’idée, Philippe Cormand savait sculpter. Amoureux et natif de la région des troglodytes, Yann Bouchard est un passionné des constructions. Son idée était de présenter les plus beaux monuments du Val de Loire, au cœur même du matériau de leur construction : le tuffeau, roche emblématique de nos caves troglodytes. Philippe Cormand, lui, est originaire de Bretagne. Il sculpte la pierre, le bois et la glace. Il a été primé dans de nombreux concours internationaux mais c’est certainement à Pierre et Lumière qu’il a donné la pleine mesure de son talent.

Les grandes voies qui passaient en Touraine sont au nombre de 9

1° La voie de Genabum (Aurelianum – Orléans) à Juliomagus (Angers) ;

2° d° Autricum (Chartres), à Cœsarodunum (Tours);

3° d° Sundinum (sub dinnum le Mans )à Cœsarodunum ; (sur la photo, tracé n°9)

4° d° Limonum (Poitiers) à Cœsarodunum ; (sur la photo, tracé n°2)

5° d° Lucca (Loches) à Cœsarodunum ;

6° d° Avaricum (Bourges)  à Cœsarodunum ; (sur la photo, tracé n°11)

7″ d° Genabum (Orléans)  à Portus de Pilis (Port-de-Piles) et Limonum (Poitiers) ;

8° d° Portus de Pilis à Argentomagus (Argenton-sur-Creuse);

9° d° Avaricum à Rupes de Posayo (Roche-Posay).

Les deux voies antiques d’Orléans (Civitas Aurelianorum) à Tours (Caesarodunum).

L’origine du nom de la commune vient de la petite rivière l’Esves, le Moutier est l’ancien prieuré bénédictin qui occupait une grande part du bourg actuel et dont l’importance était probablement comparable à celle du prieuré du Louroux.

L’église Saint Martin date pour l’essentiel du XII° siècle.   Son style architectural est d’une grande sobriété mais elle a été classée monument historique en 1907 pour ses peintures murales qui décorent la voûte du chœur et qui datent du XVIIIème siècle. La restauration de ces peintures sont à l’origine de la découverte d’autres peintures, plus anciennes et exceptionnelles qui ont été mise à jour par hasard en 2006. Les peintures se trouvaient dissimulées dans le choeur, et couvraient 65 mètres carrés. Une partie retrace l’histoire d’Adam et Eve en cinq panneaux, de la création à l’expulsion du paradis terrestre. Une autre partie illustre la parabole du mauvais riche. Il y a aussi le baptême du christ et les tentations dans le désert. La dernière partie à être mise au jour représente le christ entouré des symboles des quatre évangélistes et des chérubins.

Ces imposants monuments des Mazelles ont, de tout temps intrigué populations et spécialistes, antiquaires, archéologues, historiens… Chacun a proposé son explication (plus ou moins fondée) sur la destination de ces énigmatiques bâtiments. Ceux-ci ont aussi, on s’en doute, inspiré nombre de légendes.

   Pour le visiteur d’aujourd’hui, les Mazelles sont les vestiges les plus immédiatement visibles de l’antique Tasciaca. Cependant, les plus importants d’entre-eux en superficie, se trouvent sous terre, ou ne dépassent le sol que de quelques décimètres. Certains ont été exhumés, comme le fanum que l’on peut voir à Pouillé, ou, après avoir été étudiés, enterrés à nouveau pour en assurer leur conservation.

Le Val de Loire est connu internationalement pour ses nombreux châteaux et ses vins.
Il l’est beaucoup moins pour son patrimoine troglodytique (même si ça commence). Pourtant, il est loin d’être anecdotique, il fait partie intégrante de l’histoire et du patrimoine de la région et est intimement lié à sa facette la plus connue : les châteaux, les églises, les villages de tuffeau ont été construits avec de la pierre extraite des carrières souterraines. Les carriers qui extrayaient cette pierre habitaient en troglo, comme une bonne partie de la population. Le vin a été élevé dans des caves troglodytiques…
D’autre part, ce patrimoine troglodytique est abondant, et extrêmement riche et varié : habitations troglodytiques, carrières, aqueducs, églises et chapelles souterraines, châteaux en partie souterrains, souterrains-refuges, silos, etc.
Cette véritable culture “troglo” est présente depuis des siècles… de ce fait, des lieux troglodytiques accueillent aussi lieux d’artisanats, sculptures contemporaines, zoo…
Il y en a pour tous les goûts : les lieux troglodytiques intéresseront autant le passionné du patrimoine, le promeneur, que l’amateur d’art. Par ailleurs, leur température étant plus ou moins constante, selon qu’ils soient sur le coteau ou carrières s’enfonçant profondément, ils peuvent aussi être une alternative aussi lorsqu’il fait trop chaud. Dans le but de regrouper les informations et de promouvoir ces lieux et les activités qui s’y trouvent, voici un petit recensement des sites troglodytiques ouverts à la visite dans la région. Des lieux connus, mais aussi des moins connus.
Plus de 80 sites troglodytiques ouverts au public sont ainsi recensés dans les départements concernés : Ouest du Loir-et-Cher, Indre et-Loire, Maine-et-Loire, extrême Nord de l’Indre, de la Vienne et des Deux-Sèvres. Vous pouvez aussi dormir en “troglo” dans les nombreux gîtes, chambres d’hôtes, ou plus rarement, hôtels, manger en troglo, dans l’un des 20 restaurants troglodytiques que compte la région, danser dans l’une des discothèques troglodytiques, etc. Vous pouvez ainsi faire votre séjour 100% troglo !
On pouvait venir dans le Val de Loire pour visiter les châteaux, peut-être qu’un jour on y viendra spécialement pour visiter les troglos (allez, soyons fous) !
Pour information : – les dates, horaires et tarifs sont ceux de 2011, ils sont donnés à titre indicatif. De préférence, se renseigner auprès des sites concernés. – certains lieux, en particulier les carrières, champignonnières, caves, sont frais (autour de 13°C), se couvrir, en particulier l’été.
Si vous connaissez un (des) site(s) intéressant(s) qui n’est (ne sont) pas mentionné(s) ou si vous êtes le propriétaire d’un lieu n’hésitez pas, je les ajouterais avec plaisir (et c’est totalement gratuit) !
Bonnes visites ! (Troglos.com)

Une cité médiévale d’importance

Faye-la-Vineuse est une petite commune de 270 âmes, située à une dizaine de kilomètres de Richelieu, dans le Sud-Touraine. Le nom de « Faia » viendrait du latin fagus (hêtre). À l’orée de l’an Mil, la bourgade occupe un emplacement militaire stratégique, sur une colline, à la croisée de trois grandes provinces. Cette situation favorable attire bien vite l’attention du comte d’Anjou Foulques Nerra, célèbre guerrier-bâtisseur, qui n’en finit plus d’ériger des places fortes en Touraine. Pour contenir les invasions venant du Poitou, il débute la construction d’une forteresse protégée par un mur d’enceinte. Vers 1039, Dame Nivès, descendante de Aimery, seigneur de Faye, fonde une collégiale dédiée à Saint-Georges. Achevée par son mari et son fils dans la deuxième moitié de la XIe siècle, elle abrite un chapitre de 13 chanoines et devient bien vite un haut-lieu de pèlerinage sur la route de Saint-Jacques de Compostelle. Vers 1140, Raoul, fils du seigneur de Châtellerault, et oncle maternel de la célèbre Aliénor d’Aquitaine, se marie avec la fille du seigneur de Faye et devient « Raoul de Faye ». Aliénor se remarie en 1152 avec Henri, duc d’Anjou et de Normandie, seulement deux mois après l’annulation de son mariage avec Louis VII, roi de France. Son oncle est présent à ces côtés et y restera comme son confident pendant les 20 ans qui suivront. Raoul apparaît comme témoin dans plusieurs chartes, tant pour la reine que pour le roi Henri. La complicité qui unit le seigneur de Faye à sa nièce a probablement mené à la perte de cette position de confident auprès de Henri. Après la rébellion de 1172, Raoul perd ses terres anglaises et son rang de gouverneur de Faye. Il faudra attendre 1189 pour qu’Henri redonne « l’honneur de Faye » au petit-fils de Raoul.

Véritable carrefour commercial, militaire et religieux, Faye se mue en une cité médiévale d’importance. L’église est alors fortifiée, très probablement à raison des troubles de la guerre de Cent Ans. Son chevet est surmonté d’un chemin de ronde qui se visite encore aujourd’hui. A cette époque, le seigneur de Faye n’est autre que le fameux Jean V de Bueil, amiral de France et « fléau des Anglais », contemporain de Jeanne d’Arc. Un grand vitrail dans le transept de la Collégiale le représente terrassant le roi d’Angleterre. Théâtre de nombreuses batailles, Faye connaît un important pillage en 1593, durant lequel 1500 soldats huguenots s’emploient à saccager la ville pendant plusieurs jours. Au XVIIe siècle, le déclin de la cité s’accélère : la seigneurie de Faye est intégrée au duché-pairie du cardinal de Richelieu. Les ruines de la forteresse et de son mur d’enceinte servent alors de carrière à ciel ouvert pour la construction d’une ville nouvelle, qui portera le nom du célèbre ministre de Louis XIII.

Une mystérieuse chapelle souterraine

Fortement remaniée au XIXe siècle (certains diront même bien mal remaniée), elle n’en demeure pas moins un bijou de l’art roman. L’église du XIe siècle, en forme de croix latine tournée vers l’Orient, mêle harmonieusement plusieurs influences architecturales locales. Le chœur à déambulatoire est muni de trois chapelles rayonnantes et s’organise autour de dix piliers ornés de chapiteaux sculptés, tant symboliques qu’historiés, représentant la prise de Jérusalem et des chevaliers combattant des infidèles, et semblent faire écho à Saint-Georges, saint patron de la Grèce et de la chevalerie. L’église souterraine de la collégiale est aménagée à flanc de coteau. Elle est semi-enterrée et accessible par deux escaliers à vis. Ses dimensions, 15 mètres par 11, et sa hauteur sous voûte, sont exceptionnelles. Le plan de cette chapelle souterraine a servi de base à l’église supérieure. On y retrouve ainsi une nef centrale avec un autel et un déambulatoire qui correspondent strictement à l’aménagement observé à l’étage. Les dix piliers se prolongent également ici, toujours décorés de chapiteaux représentant, entre autres, des scènes de la Bible, comme l’adoration des Mages.

La vraie crypte, qui a servi de lieu de sépulture pour les chanoines de la Collégiale pendant des siècles, était jadis seulement accessible par une petite ouverture qui se trouvait dans le transept de l’église supérieure. Aujourd’hui on peut observer cette crypte depuis l’église souterraine, puisque pendant la restauration du XIXème siècle on a choisi de remplacer la petite fenêtre d’origine par une grande ouverture.

Classée au titre des monuments historiques en 1931, la collégiale Saint-Georges a bénéficié d’une opération de sauvetage urgent effectuée par le Service de l’Archéologie du Département d’Indre-et-Loire en 2015. La crypte, déclarée alors en situation de péril, présentait d’importantes remontées capillaires, causées principalement par les aménagements menés au XIXe siècle, et qui ont entraîné le développement d’algues vertes et la dégradation rapide des murs de tuffeau. Des fouilles archéologiques préventives, préalables à cette opération de sauvegarde, ont été menées et ont révélé des traces d’occupation antérieures à la construction de l’église, avec la présence probable d’un grand silo creusé dans la roche. Une hypothèse qui ne pourra être vérifiée que par des fouilles beaucoup plus étendues. Une chose est sûre, l’église souterraine de Faye-la-Vineuse est loin d’avoir révélé tous ses secrets !

Publié le 14/05/2022 par le Conseil Départemental d’Indre-et-Loire

Pour comprendre cette présence déroutante, il faut remonter à 1872, lorsqu’un vaste camp militaire est aménagé sur les landes du plateau du Ruchard, entre Avon, Cheillé et Villaines-les-Rochers. Jusqu’à la guerre, ce camp sert à l’entraînement des troupes du 9e corps d’armée (une école de tir y est notamment implantée). Dans les dernières semaines de l’année 1914, il est placé à la disposition de l’armée belge, dont le détachement sur place est commandé par le général-major Warnant. Puis un hôpital militaire, belge lui aussi, y est implanté. Rappelons que la Belgique, dont la neutralité a été violée par l’Allemagne dès le 3 août 1914, est alors envahie dans sa quasi-totalité. Mais, sous l’impulsion du « roi-chevalier » Albert Ier, son armée poursuit la lutte et tient une portion du front dans les Flandres.

Le carré militaire

Du 31 décembre 1914 au 14 juillet 1917, l’hôpital belge du Ruchard reçoit 9 586 blessés, dont 79 décèdent sur place. Dès le 8 avril 1915, la municipalité d’Avon-les-Roches accorde à titre gracieux une concession dans son cimetière, afin d’y enterrer décemment les défunts. Très vite, au centre de ce carré militaire, un monument commémoratif est érigé. Construit par le sculpteur Juan Bury, sur les plans de l’architecte Raymond Le Graive (deux soldats belges du Ruchard, tous deux anciens élèves de l’Académie royale belge des Beaux-Arts de Bruxelles), il est inauguré le 18 novembre 1915, en présence du commandant des troupes belges du Ruchard, le colonel Vinkier. Ce cénotaphe de forme rectangulaire est garni, sur sa face avant, de la statue d’un lion des Flandres rugissant. Tout en force et en agressivité, l’animal est dressé sur un drapeau belge tombé à terre, comme un défi lancé à l’envahisseur. Sur la même face, un médaillon de bronze représentant le roi Albert est enchâssé dans la pierre.

Tout autour, 76 petites stèles de pierre blanche portent les noms des soldats enterrés sur place. Ce sont tous des hommes de troupe ou des sous-officiers, le plus haut gradé étant le sergent-major Alphonse Monteny. De nos jours, seuls 61 corps reposent encore en terre tourangelle : 15 autres ont été relevés après 1919, pour être rapatriés en Belgique.

Publié le 20/06/2023 par le Conseil Départemental d’Indre-et-Loire

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