MENHIRS, DOLMENS, BALADE MEGALITHIQUE EN TOURAINE ET SES ENVIRONS
Mégalithes – dolmens et menhirs de notre territoire
Par sa situation d’ensemble et le tracé de ses rivières, la Touraine était destinée à devenir un noeud de communication de premier ordre. Il n’est pas étonnant que les populations les plus diverses s’y soient cotoyées au cours des âges. On ne peut rien dire de certain sur les primitifs de la pierre éclatée ; à défaut d’ossements humains, quelques silex nous en restent : ceux de la Roche-Cotard, près de Langeais, datent de l’Acheuléen et du Moustérien, ceux d’Huismes près de Chinon, appartienneent au Magdalénien. Mais nous sommes mieux renseignés sur les hommes de la pierre polie ; dès lors, des éléments ethniques avaient dû se croiser, puisque des deux seuls crânes néolithiques découverts en Touraine, celui de Manthelan présente un indice de 0,75 et celui de Pont-de-Ruan un indice de 0,82. Conséquence de ces premiers brassements, la civilisation avait fait de grands progrès pour la culture, l’élevage et même l’industrie. Les beaux silex couleur cire d’abeilles étaient expédiés sous forme d’armes, outils, ustensiles ménagers, à partir des “ateliers” du Grand-Pressigny jusqu’en Belgique, en Suisse, vers la Bretagne et les Pyrénées. Déjà les routes traditionnelles du commerce étaient ouvertes à traver le carrefour de Touraine. La vie politique et religieuse de ces lointains ancestres reste, certes, bien mystérieuse malgré le cromlech, les dix-sept menhirs et les trente-deux dolmens qui parsèment encore le sol de la Touraine. Cette remarquable densité de mégalithes, la foule de lieux fortifiés, -mottes, châtelliers, “camp de César” comme ceux de Neuilly-le-Brignon et de Cinais, – indiquent à coup sûr une population abondante et active.
Pierre Leveel, J.M. Rougé, Emile Dacier, Jacques Guignard. “La population, son origine et son caractère” dans Visages de la Touraine, Horizons de France, Paris, 1948, page 18.
Surnommé « Le Gros Chillou », il est situé au Lieu-Dit “Briançon”. Ce dolmen en grès turonien d’une longueur de 15 mètres appelé autrefois « Le Gros Chillou » qui signifie gros caillou provient probablement du coteau voisin distant de 2 ou 3 kilomètres. Transporter ce monument dans la vallée, près de la Vienne, a du mobiliser une énergie considérable. Il s’agit du plus important dolmen de Touraine.
Aux Erables, sur la commune de Draché, on voit un menhir, connu dans le pays sous le nom de Pierre-Percée ou menhir des arabes. La hauteur de ce monument druidique est de quatre mètres. Sa largeur est d’un mètre cinquante centimètres. Au centre, il existe une ouverture ovale d’environ 25 cm sur 20 cm. Des marches, pratiquées dans les blocs de pierres, permettent d’atteindre cette ouverture avec la main.
Autrefois, les garçons et les filles de la contrée qui se proposaient de contracter mariage, ne manquaient jamais de se rendre à la Pierre-Percée. Ils échangeaient soit des bouquets de marjolaine, soit un autre objet qu’ils faisaient passer par l’ouverture du menhir et se regardaient comme liés par cet acte, équivalant pour eux au plus sacré des serments. Certains villageois attribuaient aux herbes croissant au pied du menhir le pouvoir d’éloigner les mauvais esprits qui hantaient la campagne pendant la nuit, et de préserver les bestiaux des sorts que les sorciers auraient pu leur jeter. Ils cueillaient ces herbes et les plaçaient dans leurs maisons et dans les étables. Ces pratiques superstitieuses se produisaient encore peu de temps avant la Révolution. Aujourd’hui, elles ont complètement disparu (texte datant de 1878). Le menhir des Arabes, souvenir de la bataille de Poitiers en 732(ou Pierre-Percée de Draché) était considéré comme un lieu privilégié et magique mais aussi redouté. Une vieille légende raconte que les chefs des tribus ennemis pactisaient en passant deux doigts chacun par le trou pour se toucher. La pierre comporte en effet un trou de 30 cm. Les serments échangés au travers étaient considérés comme sacrés. On passait la tête des enfants par le trou pour les préserver des maladies, plus particulièrement des écrouelles (Maladie de peau). On racontait que des sacrifices humains s’y pratiquaient. On faisait passer la tête des victimes par le trou et de l’autre coté officiait le sacrificateur. La Pierre Druidique ou Pierre de supplice passait selon la légende pour avoir été une pierre de sacrifice. Les victimes y étaient attachées par des liens fixés au travers des perforations de la pierre. On dit aussi qu’elle servait de table d’immolations druidique. Selon une autre légende populaire, après la bataille de 732 de nombreux Sarrasins auraient été enterrés au pied du menhir des Arabes à Draché et que les fosses ainsi que les squelettes étaient d’une grandeur stupéfiante. Les pierres taillées ou polies, les polissoirs, les pierres levées “menhir” et les dolmens étaient considérés avec respect, vénération et crainte par les populations. Détruire un mégalithe portait malheur.
Le dolmen de Bagneux :
Le dolmen mesure 4,25 m de large à l’entrée, et s’élargit pour atteindre 5,40 m au fond de la chambre. Celle-ci s’étire sur 17,30 m de longueur.
La chambre est délimitée par quatre orthostates de chaque côté et une dalle de chevet de 7,30 m de long. Une dalle verticale, perpendiculaire à la dalle de chevet, constitue vraisemblablement une cloison intérieure. La chambre est recouverte de quatre tables de couverture, dont la dernière, qui est aussi la plus grande, est fendue. La chambre ouvre au sud-est.
Menhir dit La Pierre-Frite de Grandmont :
Le menhir est situé en forêt de Gros Bois, à proximité de l’intersection entre la D 63 et l’allée Pierrefite (chemin forestier). D’une hauteur de 2,50 m, pour une largeur de 3,20m. Il est composé d’un bloc de poudingue lustré à silex d’âge éocène. “Les anciens disaient qu’il s’agissait d’une pierre tombée du ciel et qui se serait fichée dans le sol.“(documents inédits dus à M. Perochon de Noyers-sur-Cher).
Le Dolmen d’Hys – Pierre Levée
La plus ancienne trace d’une occupation humaine du territoire communal est le dolmen d’Hys appelé la « Pierre levée », implantée à 1 kilomètre au nord-est du hameau d’Hys. Le dolmen d’Hys est constitué d’une énorme dalle de perron éocène de 5m sur 5.5m, présentant des traces de polissage (6 cuvettes) et reposant sur six grosses pierres dont 3 de calcaires lacustres. Outre ces piles, un blocage de pierres comble les espaces, le dolmen étant par ailleurs encore en grande partie enseveli sous le tumulus qui devait le recouvrir à l’origine. Les petites pierres qui ferment une partie des intervalles entre les blocs-supports ont peut-être été mises en place dans la construction originelle ou bien rajoutées à une époque beaucoup plus récente pour donner un abri aux bergers.
« Les Palets de Gargantua » (Charnizay)
Sur le territoire de Charnizay se trouve un important Dolmen appelé dans la région la « Pierre Levée », ou plus connu sous le nom de « Les Palets de Gargantua ». (Il ne reste que trois palets sur quatre). L’architecture de cette sépulture ne pourrait être pas terminée, les grandes dimensions des blocs de grès dépassent 4 mètres de long pour le support (Photo 16), et atteignent 5.50 mètres pour les dalles de couvertures restées au sol.Leurs poids est tel (Plus de 50 tonnes) que les hommes qui les ont déplacés n’ont peut-être pas pu les mettre à leur place, et terminer le monument (de type Angevin ?). Ce monument qu’ils avaient voulu majestueux et qui aurait dû-être orienter Est-Ouest.Sa situation, sur une hauteur permettant d’embrasser tous le paysage, est voulue, elle a conduit les hommes à transportés jusqu’a la, les blocs arrachés plus bas sur la pente vers l’Ouest. La légende raconte que Gargantua s’amusait à lancer des Palets que sa femme avait transportés dans son tablier de noce pour atteindre sa « Bague » le Menhir de Civray-Sur-Esvres à 30 Km de là. Ce Dolmen a été sauvé en partie par la société préhistorique de France. Son accès est très facile, il est indiqué sur le bord de la route.
« La Pierre Chaude » (Paulmy)
C’est un dolmen en grès de 200x240x270 centimètres avec une chambre polygonale complètement fermée, limitée par six supports dont trois supportent encore la table massive qui s’est effondrée à l’intérieur de la chambre. Une fouille est exécutée dans la chambre dolménique peut avant juillet 1887, ces fouilles ont été poussées jusqu’à 1,20 mètre de profondeur. Elles ont livré des ossements humains, d’animaux, des fragments de plusieurs vases et quelques pierres taillées. Comme les autres dolmens de la région, celui-ci a été un lieu de sépulture pour les Néolithiques qui habitaient le secteur.
Non loin du Châtelier, au sud de la route de Neuilly-Le-Brignon, entre la départementale D100 et la rivière le Brignon, on trouve ce dolmen rond, orienté à 90°. La pierre d’entrée est déplacée, elle faisait partie de la paroi Nord. La pierre de la paroi nord-est est à demi tombée et celle de la paroi Nord-Ouest, à l’intérieur, est penchée. Les autres pierres semblent à leur place. Le Dolmen est placé sur une pente accentuée, les cavités sont naturelles. L’entrée est opposée à la rivière. La grande table fut cassée, sans doute, au Sud, à cause de la déclivité du terrain.
Considérée comme le « Siège des Fées », ce Dolmen fouillé au XIX Siècle contenait les squelettes des éleveurs agriculteurs de la période du Néolithique qui l’ont édifié durant le IIIeme, ou IVeme millénaire Av. J.C. Les sépultures étaient accompagnées d’offrandes: Vases en poterie, pierres et silex taillés, ainsi que des ossements d’animaux. La forme carrée de la chambre est bien conservée, les 5 supports de grès encore bien place sont hauts de près de 2 mètres. L’extrémité du support qui a été brisé volontairement est déposé à l’emplacement de l’entrée de la chambre. Cette ouverture orientée à l’Est, vers le soleil levant, pouvait être précédée d’un couloir qui a depuis disparu.
Allée couverte dite La Pierre-Folle à Bournand
“Tout le monde connait” le dolmen de la Pierre Folle, à quelque 3 km au Nord de Bournand (Vienne) et à 4 km au Sud-Ouest de Lerné, sur les confins du Chinonais et du Poitou.
Il s’agit d’un grand dolmen rectangulaire à cloisons septales et portique, dont l’essentiel de l’architecture nous est parvenu dans son état à peu près originel, puisqu’un seul support est tombé à l’intérieur, depuis longtemps d’ailleurs. Ce magnifique monument atteint une longueur totale de 20 m et rivalise avec celui de Bagneux, près de de Saumur, par les dimensions intérieures de sa chambre : 16,50 X 5,70 m.
A l’occasion d’une visite ensemble à ce monument en avril 1971, l’un de nous (R.M.) attira notre attention sur les traces de polissage visibles à l’angle nord de la table du portique, bloc de grès évidemment approprié à cet usage. Après un nettoyage, nous avons observé un ensemble de cinq cuvettes ou plages et une rainure (se reporter à la figure 1) :
Des mégalithes furent érigés à de nombreux endroits de la planète.
Des mégalithes furent érigés à de nombreux endroits de la planète. Sur le territoire français, on peut citer le tumulus de Bougon ou le cairn de Barnenez qui peuvent être datés du Ve millénaire av. J.-C., soit plus de 2 000 ans avant la première pyramide égyptienne. Ces constructions extrêmement nombreuses datent généralement du Néolithique ou du Chalcolithique (4700 à 1500 av. J.-C.), tel Stonehenge en Angleterre. Mais le tumulus F de Bougon a fourni la date de 4785 av. J.-C. dans sa partie Fo7. Les alignements de Carnac datent d’environ 4000 av. En Belgique, plus de cent vingt sites de mégalithes, dolmens et menhirs sont relevés, dont les alignements de Weris avec les dolmens et cromlechs qui leur font cortège, les pierres de Mousny-lez-Ortho, Gozée, Sart-lez-Spa, Neerwinden, Manderfeld, la tombelle de Tourinnes-Saint-Lambert9,10,11 et jusque dans Bruxelles où des toponymes (Tomberg, Plattesteen, etc.) témoignent de l’existence d’anciens monuments mégalithiques.J.-C.
L’important groupe mégalithique méditerranéen de Corse et Sardaigne se prolonge jusqu’en Syrie. Le mégalithisme de Malte (Ggantija, 3500 av. J.-C.) constitue un cas particulier et culturellement assez indépendant.
En Sicile se trouve le plateau de l’Argimusco près de la ville de Montalbano Elicona où sont situés plusieurs mégalithes qui ont une forme très singulière encore d’incertaines sources. En Inde, les monuments mégalithiques datent du IIe millénaire av. J.-C. jusqu’au milieu du Ier millénaire av. J.-C.. C’est dans la région du sud de l’Ethiopie que se trouve encore aujourd’hui la plus grande concentration de mégalithes de tout le continent africain. ils se divisent en deux ensembles distincts: des cistes dolmeniques datant du IIe millénaire av. J.-C. pour l’ensemble le plus ancien, et d’autres, plus récents (Ier millénaire de notre ère), se comptent par milliers (un chiffre de 10 000 est avancé) dans le Shoa et le Sidamo éthiopien. La Colombie possède des dolmens : San Augustin et Alto de los Idolos, les deux sites principaux ne sont distants que de quelques kilomètres. Ils s’étagent du VIe siècle av. J.-C. jusqu’au XVe siècle. Au Brésil : Une équipe d’archéologues brésiliens a découvert sur le site de Calçoene (État amazonien d’Amapá) près de la Guyane française, un observatoire astronomique datant de l’époque antique, remontant probablement à 2000 ans.