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ENIGME : LES MYSTERIEUX GRAFFITI (LOUIS XI A DOMME ?)

C’est vers 1281, que le roi Philippe III dit « le hardi » décide de créer une bastide sur « la barre », cette falaise qui domine la rivière Dordogne de plus de 15O mètres. La bastide fut construite selon les « normes » c’est-à-dire un plan régulier, des rues se coupant à angle droit, des places carrées, une halle etc. Au travers des restaurations, cette bastide a survécu et témoigne encore de nos jours de la richesse de son passé.

Même si l’époque préhistorique a laissé de nombreuses traces, c’est surtout au Moyen Âge que Domme a connu ses heures les plus passionnantes. Les divers épisodes de la guerre de Cent Ans sont encore lisibles entre les pierres jaunes et usées et Domme n’aurait jamais été construite sur une si haute falaise si les menaces ennemies n’avaient pas été si nombreuses.

Les plus imposants vestiges de cet aspect militaire font de la bastide de Domme un site remarquable. En effet, les remparts qui ceinturent le village et les différentes portes qui en permettaient l’accès sont encore largement présents dans un extraordinaire état de conservation. Le plus impressionnant est sans nul doute la Porte des Tours, qui démontre à quel point le roi voulait dérouter les éventuels assaillants en imposant des contraintes esthétiques aux bâtisseurs des fortifications.

Louis XI à Domme ? (Graffiti réalisé par un prisonnier). Certains identifient dans cette gravure Louis XI et son chapeau caractéristique.

DES TEMPLIERS ont-ils été emprisonnés à DOMME ?

D O M M E …  en Périgord noir …

Après leur arrestation le vendredi 13 octobre 1307, on dit que 70 templiers ont été emprisonnés dans les cachots de la Porte des Tours de Domme. Avant d’être jugés de la manière la plus ignoble, d’être exécutés pour certains, ou de s’être évadés, pour d’autres, ont-ils laissé sur les murs de leur “ergastule” des témoignages émouvants affirmant leur foi chrétienne sans rapport avec les accusations infondées de leurs accusateurs ? Pour en avoir le “coeur net”  Serge Avrilleau et son équipe ont effectué le relevé direct et minutieux de ces poignants graffitis et dessins mystérieux et symboliques. Car ils émettent des doutes sérieux sur l’interprétation qu’en avait faite le chanoine Tonnelier en 1970, alors que le comportement de l’ecclésiastique a éveillé d’importantes suspicions à Saint-Emilion, à Gisors et à Chinon en autres. Une mise au point enfin réaliste sur les plus beaux graffitis (présumés) templiers de France.

QUI SONT-ILS ?

D’après M. André Goineaud-Bérard (SHAP 2000-2) on connaît désormais le nom de 70 templiers qui ont peut-être été emprisonnés à Domme, amenés de Paris en 1311, après déposition devant la Commission pontificale. (Bibliothèque royale, Harlay-49 ?).

En 1970, le chanoine Tonnellier, historien et archéologue, réputé pour ses interprétations de gravures anciennes, avait entrepris l’estampage des graffitis présumés templiers de Domme. Il publia ses conclusions dans Archéologia n°32 (14 pages). Un certain nombre d’affirmations impressionnent alors les lecteurs: on lirait notamment sur les murs de la Porte des Tours des dates (1307, 1310, 1318) et des invectives contre le pape: « Clemens V destructor Templi », « Clemens est antichristus », « Ergastule ». En plus de dessins évidents et parfaitement authentiques, le chanoine décrit une scène étrange où figurent, d’après lui, une « foule grouillante », « une marée humaine », « une multitude », « un gigantesque tapis de têtes » où l’ « on ne compte pas moins de 2050 têtes ». En réalité, ces soit-disant témoins d’un tableau de bataille n’existent pas et ont été imaginés sur l’interprétation outrancière des estampages qui constituent le procédé employé par le chanoine. Mais l’ecclésiastique est adulé par les dommois qui lui doivent une nouvelle notoriété et qui organisent des visites touristiques des « graffitis templiers ». Il est temps de préciser ici que les dessins gravés sur les parois de la Porte des Tours ne sont pas tous attribuables aux moines-soldats puisque certains ont été exécutés par des tâcherons tailleurs de pierres  avant la construction des murs et d’autres sont probablement attribuables aux compagnons itinérants ou aux pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Des léopards ont probablement été dessinés par des Anglais et le profil de Louis XI ne peut avoir été dessiné par les Templiers puisque ce roi de France est né en 1423 (mais le chanoine l’admet). Reste aussi la possibilité de gravures appartenant aux soldats et sentinelles de garde en ces lieux qui étaient faits pour ça et ne convenaient nullement à servir de prison.

Dans ce même article le dit chanoine en profite pour dénigrer les graffitis du château de Chinon et ceux du château de Gisors dont il doute de l’attribution templière, dans le but, probablement, de favoriser le site de Domme. Ce procédé avait déjà été mis au point par M. Peyrony à Glozel, pour favoriser Les Eyzies.

LA GENESE D’UNE RECHERCHE

Nous verrons par la suite ce qu’il faut véritablement penser des allégations de M. Tonnellier et ce qu’il faut retenir des relevés précis qu’a effectués Serge Avrilleau et son équipe en l’an 2000.

Chinon, forteresse royale.

En 1969 le professeur Raymond Mauny, de la Sorbonne, avait publié dans Archéologia (N°28) les graffitis du château de Chinon, situés tout près de chez lui. Raymond Mauny, spécialiste d’archéologie et d’histoire saharienne est désormais connu pour avoir activement participé à la mission Berliet au Ténéré en 1960. Il y étudie la préhistoire africaine. Mauny est un pragmatique, un cartésien et, dans sa publication, il fait preuve d’une extrême prudence, qui est la qualité fondamentale des vrais hommes de science; Il pense qu’il est possible d’attribuer les graffitis de la Tour du Coudray aux Templiers mais il se garde bien d’en faire l’affirmation absolue.

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