LE SOUTERRAIN D’AGNES SOREL
On a découvert, dans ces ruines de Chinon, une chose singulière : c’est le passage longtemps ignoré, qui conduisait des hauteurs du manoir royal à la petite maison appelé la Roberdeau, qu’habitait cette complaisante Agnès durant les voyages de la reine. Ce passage est une tour souterraine, espèce de puits pratiqué hors des remparts, dans les flancs extérieurs du rocher, à quelques pas d’une poterne.
“Les années ont passé depuis l’émouvante rencontre de 1429 et Charles VII, qui avait beaucoup de goût pour les femmes, ne se contentait pas de la reine. Il s’éprit violemment de la belle Agnes Sorel, dame d’honneur d’Isabelle de Lorraine, femme du roi Réné d’Anjou.
Il fit construire pour elle, vers 1444, un petit manoir au pied nord du château, le Roberdeau, dont il ne reste plus qu’un pan de mur. Pour pouvoir visiter plus facilement la Dame de Beauté sans avoir à affronter les regards narquois des courtisans et des gardes ni alerter son épouse, il fit aménager un souterrain, long de quelque 50 m, reliant le château au Roberdeau. L’existence de ce passage fur longtemps niée par les historiens locaux, jusqu’au jour où, en 1806, un fossoyeur creusant une tombe dans l’ancien cimetière Saint-Maurice tomba dedans…
La légende était donc bien vraie. D’ailleurs, il suffit pour s’en convaincre de déchiffrer les noms et les dates du début du XVIe siècle gravés sur les murs, ce qui atteste qu’il était connu des habitants bien peu après avoir été utilisé par l’amant de la belle Agnes. Il sert encore occasionnellement de refuge à des clochards et l’on y trouve des signes de reconnaissance qu’ils y ont gravés à leur tour.”
Pages 136-137 – Guide du Val de Loire mystérieux – Presses Pocket – 1966

C’est en creusant pour ouvrir une tombe qu’a été trouvé l’escalier en spiral qui descend au niveau de la plaine. Au cours de l’été 1968, des fouilles ont été entreprises par les jeunes de l’Association CAINO, sous la direction de R. Mauny et Melle M. Laprune. La base de la Tour du Coudray a été dégagée, ainsi que le souterrain de communication entre la douve centrale et l’ancien cimetière St. Maurice.
Un sondage effectué au droit des Logis royaux, dans les douves, juste sous les anciennes cuisines, a fait retrouver de nombreux fragments de poterie, datant du XV° au XVIII ° siècle, des pieds de verre Renaissance vénitiens et quelques monnaies.
Le souterrain joignant le Château au Roberdeau, a été dégagé et étudié. Sa facture, et des inscriptions datant du début du XVI ° siècle confirment sa date ancienne. La tradition chinonaise qui en faisait la communication empruntée par Charles VII pour rendre visite à Agnès Sorel est donc confirmée.
Des substructions d’âge indéterminé ont été mises au jour dans l’ancien cimetière et la pierre tombale du curé Gendron, mort en 1832, a été placée dans la base de la Tour du Boissy. L’Association a contribué financièrement à. ces travaux.
