Hebdotouraine
Balade dans le passéHistoireLes prieurés de Touraine

NE PAS OUBLIER QUE DERRIERE CHAQUE PIERRE SE CACHE UN HOMME

Il est triste de finir quoi que  ce soit. Cela tombe sans retour dans le passé ; mais cela n’en existe pas moins encore, puisque cela a un jour existé. Claude Mathieu (La mort exquise)

Bonjour et bienvenue.
Nous allons faire un voyage dans le temps pour comprendre et surtout ne pas oublier que derrière chaque pierre se cache un homme. Pourquoi un site internet pour cet te bâtisse qui tombe en ruine ? me direz-vous ! Et pourquoi pas ! Le meilleur moyen de ne pas oublier n’est-il pas de se souvenir?Imaginez-vous que dans ce lieu ( oublié de beaucoup ) il y a eu des décisions locales importantes qui influencèrent la vie des gens, la vie politique et religieuse.
Une plaque tournante pour le canton de Souvigny de Touraine et ses environs.
Le but premier de ce site, est vous l’aurez compris, que cette bâtisse sorte de l’oubli car malheureusement son état de ruine s’aggrave de plus en plus et dans peu de temps, seul le souvenir de ce lieu, restera dans les mémoires de ceux qui l’on vu.
Je tiens à signaler que derrière ce site il n’y a aucun esprit reli gieux ou critique envers les propriétaires des lieux, mais seulement une volonté de souvenir et l’amour des vieilles bâtisses.Alors bonne visite au XIIème siècle en la forêt de ” Montocen “….

L’histoire du prieuré

Une première thèse, celle du RP Fouquet, fixe la fondation de Montoussan vers 1150 par Hugues, seigneur d’Amboise, sous le prieur Etienne de Lissac; en 1198, son fils Sulpice d’Amboise aurait augmenté le monastère par de nouvelles donations . Mr Gabeau, ne date la fondation du prieuré qu’a partir de 1198 sous Sulpice.Ces deux thèses ne sont nullement contradictoire, Hugues d’Amboise ayant pu faire un premier don sans l’inscrire dans une charte, et son fils Sulpice agrandir le monastère en faisant transcrire les biens et les coutumes dans une charte. Sulpice donne donc, pour le salut des âmes de son père Hugues d’Amboise, de sa mère Mathilde, de celle de ses ancêtres et de la sienne, aux religieux de Grandmont, en pure et perpétuelle libéralité et en toute propriété et jouissance, tout le bois de « Montocen », fond et superficie, et toute les dépendances qui se trouvaient au dessus de ce bois, la terre de Humbaud Gay, qui les joignait, et cela du consentement et de la libre volonté des fils et des filles de ce dernier : Odon, Pierre, Mathieu et Aeled, tout ce que les chanoines et Ebo Balderic possédaient au dessous des lieux précités, avec l’assentiment de Guillaume et Simon, fils de Ebo Balderic.

Sulpice d’Amboise autorisa les religieux à couper dans sa forêt tout ce qui serait nécessaire pour l’entretien du prieuré et leur donna en outre à prendre sur les deux premiers termes à échoir, 4 livres dans son péage d’Amboise, 60 sols dans celui de Montrichard et 60 sols dans celui de Chaumont; il y ajouta 5 mesures de son blé, 1 mesure de froment, 2 mesures de fleur de farine, 1 mesure d’avoine et 1 d’orge à prélever annuellement sur les dîmes d’Amboise et pour leur service, il leur accorda 4 hommes libres de tout engagement ou coutume qui seraient fournis l’un par Amboise, l’autre par Chaumont, le troisième par Montrichard et le quatrième par Bléré. Ce don fut ratifié par Mathilde, mère de Sulpice d’Amboise, par Isabelle son épouse, Hugues, Jean et Guillaume ses frères, par Marguerite de Brie, épouse de Hugues et par leurs enfants Guillaume et Mathilde, par les soeurs de Sulpice: Isabelle, Agnès, Denise. Les témoins furent Robert Mare, Humbaud Gay, Guillaume Ferri, Guillaume de Campis, Odon de Saint Julien, Correlius de Matherici et d’autres. Le don fut fait devant la grange de ‘Chantemerle’ ( Cantus Merulae). Les seigneurs de Chenonceaux, Guillaume et Robert Marques, leurs firent aussi quelques libéralités ainsi que les chanoines de Chenonceaux.

Il y avait probablement 6 à 8 religieux (les monastères grandmontais dépassent rarement le nombre de 10 religieux ).

En 1199, la libéralité de Sulpice fut confirmé à Amboise par Barthélémy, archevêque de Tours, elle eut pour témoins: Dolée, chanoine – J…,Archidiacre – G…, Chancelier – Maitre Arnaud de Merle – Philippe d’Arcanne – G. de Joviace – DeCenare, Archidiacre – Philippe de Beaumont, Théologien du chapitre de Tours, et fut écrite de la main de Geoffroy.

En 1251 Jehan Bocelle, seigneur de Saint-Règle, donne par testament aux religieux de Grandmont un setier de fleur de farine à prendre chaque année sur ses dîmes, à condition qu’ils célèbreraient perpétuellement dans leur église l’anniversaire de sa mort. Ce don fut attesté en décembre de la même année par Oric, prêtre de Saint-Règle et par Mathieu Cornillon. Donc, la maison de Montoussan a la faveur de la petite noblesse de la région. A cette époque, les dépendances s’élevaient à 450 arpents, au nombre desquelles dépendances on trouvait les bois de Hambourgeais au bois Gombaud, la métrairie de la Raudière, le domaine de la Grivellerie et la petite Duguerie. Les bornes de pierre marquant les limites des coupes datent de cette époque.

En 1317, le prieuré de Montoussan fut rattaché à Bois-Rahier à Tours, c’est à dire qu’il ne fut plus habité par des moines (déclin comme le reste de l’ordre) mais donne en fermage à une famille qui l’exploitait et payait une redevance à Bois-Rahier.

Montoussan constituant un fief de haute, moyenne et basse justice dépendant du prieuré de Bois-Rahier, et relevait du château d’Amboise, ainsi qu’en font foi des aveux rendus le 22 décembre 1547 et 29 Septembre 1766. Bien que n’étant plus habité par des moines, la chapelle resta un lieu de pèlerinage jusqu’à la révolution et on célébrai une messe le 08 septembre puisqu’elle était dédiée à la Vierge Marie.

En 1744, le prieuré fut supprimé en même temps que l’ordre car des lettres du 2 juin transportent ses biens au grand séminaire de Tours. La chapelle fut alors totalement délaissée et servit en 1789 de cellier.

En 1792, le prieuré fut vendu comme bien nationale au citoyen Guiot, notaire, probablement mandataire de François Roy, lequel le laissa en héritage à Louis Roy, son fils. En 1809, date du cadastre, il passa à un héritier, un neveu de Roy, Jacques Morin, maître de Poste à Veuves.

En 1826, le Duc d’Orléans acheta le prieuré, démolie les bâtiments au Nord de la chapelle en 1842 et planta les dépendances en bois.

Confisqué en 1852 et restitué en 1871, le prieuré fut attribué à la Duchesse de Saxe-Cobourg et Gotha, fille du Roi Louis-Philippe.

De nos jours il est encore dans le domaine privé, toujours exploité en bois.

Après cet aperçu historique nous allons voir sa composition au XIIème siècle et le peu de chose qu’il en reste actuellement.

Le prieuré de Montoussan avait tout d’abord des dépendances encloses par des murs (quelques uns encore visibles en 1847), au Nord longeant la maison d’habitation un jardinet traversé par deux allées en diagonales et au Sud un terrain vague par lequel il fallait passer pour accéder à la chapelle, pour les dépendances immédiates, il y avait un champ assez vaste, entouré de haies et de fossé. En face, de l’autre côté du chemin venant de l’allée du Châtelier et tendant vers la rivière ‘ l’Amasse ‘ au Nord, se trouvait un petit pré et au Sud de ce pré un autre champ. A l’extrémité vers l’Ouest se situait un étang de 4 arpents environ, le tout étant entouré de bois. Sur le versant de la colline Nord, il existait une grande cave voûtée, servitude obligée de tout couvent, dont on distingue encore aujourd’hui l’entrée dans laquelle, selon la rumeur populaire, aurait abrité une bande de faux monnayeurs. Sur le versant Sud de la colline devait se situer un souterrain dont l’entrée est éboulée aujourd’hui.

Nous voyons donc d’après cette description et des dépendances, que le site du prieuré est bien conforme à la structure des prieurés Grandmontains que nous avons défini à l’aide des chartes des chapitres précédent.

Maintenant, voyons la forme d’ensemble des bâtiments du prieuré à l’aide des plans et des ruines encore visible.

Tout d’abord la chapelle: nous voyons qu’elle était placée sous le vocable de Saint Laurent, d’après une pièce en vers relative à la réception du trésorier de l’ordre de Saint Hubert. Actuellement, il ne reste que trois pans de murs et une infime partie de la voûte. Nous allons donc nous basé sur les recherches de Mr Gabeau et sur les témoignages de personnes ayant fréquenté les lieux au début du siècle (Xxème) et vers les années 1937-1947.

La principale porte d’entrée était ouverte à l’extrémité Ouest, dans le mur Sud, à un mètre de l’angle Sud-Ouest ; les jambages n’existe plus et les dimensions sont données par la partie supérieure du voussoir qui a une largeur de 2 mètres sur une hauteur de trois mètres. Le bâtiment est de forme rectangulaire et se terminait à l’Est par une abside à trois pans, buté par autant de contreforts, dont l’un subsiste dans le mur Nord, ainsi que le pied droit de l’arcature d’une fenêtre qui fait supposer que dans chacun des pans il y avait une fenêtre analogue ( dont les trois vitraux seraient transféré en l’église de Civray sur cher appelé maintenant Civray de touraine). Il y en avait une quatrième dans la façade Ouest qui existe toujours ; l’embrasure intérieure, étroite et élancé est à 3 mètres et 20 centimètres du dallage et mesure 2 mètres et 80 centimètres de hauteur sur 60 centimètres de largeur et monte presque jusqu’à la voûte. A l’extérieure, sa largeur n’est que de 80 centimètres sur 4 mètre de hauteur. Les murs en moellons de tuffeau ont 1 mètre et 65 centimètres d’épaisseur, ce qui semble excessif relativement au peu d’importance de l’édifice mais qui s’explique par l’absence de contreforts dans la nef ; cette dimension était donc nécessaire pour soutenir la poussée de la voûte. La nef unique à 5 mètres et 95 centimètres de largeur sur 17 mètres de long jusqu’au coeur.

La voûte de forme ogivale, également en moellons blanc, a 11 mètres et 30 centimètres de hauteur ; cette voûte construite vraisemblablement en 1198 était privé de nervures, ce qui la rapproche des voûte en berceau de l’époque romane. En 1937, subsistait encore la nef centrale avec la voûte intégrale. En 1947, il ne restait que les 2/3 de la voûte et actuellement il n’en reste qu’une infime partie au Sud/Ouest menaçant ruine. Cette voûte reposait sur une double assise de parpaings avec entablement en quart de rond ; l’appareil régulier se voit également aux fenêtres, aux portes, au sanctuaire et existait aux arêtiers dont il a été enlevé et transporté à Paradis, château s’élevant à environ 5 kilomètres de Montoussan, à travers bois, à La Croix en touraine (près de Bléré)et lui aussi menaçant ruines aujourd’hui.

Le choeur, aujourd’hui inexistant, débordait sur la nef d’environ 40 centimètres puis le mur Nord par une courbe légère au point de jonction avec le sanctuaire reprend l’alignement de la nef – le choeur et le sanctuaire avaient 5 mètres de long. Au dessus du choeur, à en juger par les arcs formerets et la naissance des nervures qui s’appuient sur un commencement de colonnes arrondies en forme de consoles à la partie inférieure, la voûte, construite en appareil, était formée d’une double travée d’un travail plus soigné, conformément aux habitudes liturgique de l’époque. Son élévation paraît sensiblement supérieure à celle de la nef. Dans l’état actuel de l’église il est difficile de préciser l’emplacement du clocher, peut être se trouvait il à l’angle nord/Ouest où l’on remarquait un arrachement du mur, l’absence d’enduit et aussi des corbeaux qui existent sur le reste de la muraille, à moins que la chapelle ne possédât qu’un clocher de petite importance, assis sur le mur de façade ou au dessus du choeur, comme cela pratiquait quelquefois. La chapelle fut vraisemblablement décorée de peinture murales et la tradition populaire rapporte qu’on voyait autrefois une danse macabre qui a pu être recouverte par le badigeon au siècle dernier. A l’époque où Mr Gabeau a fait ses recherches ( début du XXème siècle) on pouvait encore remarquer sur le mur Nord, en face de la grande porte d’entrée un panneau peint, aujourd’hui disparu. Dans un rectangle, placé à 2 mètres 50 centimètres au dessus du dallage et qui mesure 2 mètres 20 centimètres, on distinguait trois baies ogivales à arcades trilobée reposant sur des colonnettes aux frontons triangulaires ; la baie centrale, plus large et plus élevée que les deux autres, montrait une Vierge avec l’enfant Jésus, à en juger par les faibles vestiges qui restaient. Les deux baies latérales, d’un meilleur état de conservation, représentaient sur un fond rouge formant tenture, deux anges adorateurs debout, la tête nimbée et les mains jointes ; leurs robes étaient blanches avec parement et collets dorés – ils étaient tournés l’un vers l’autre dans l’attitude de la prière. Cette peinture paraît se rattacher à la fin XIXème siècle. On remarquait également sur la nef, les croix de consécration qui ont dû être repeintes par la suite.

Après la description de la chapelle, voyons les bâtiments du prieuré. Ils s’élevaient au Nord de la chapelle et présentaient la forme d’un T à double barre. Il ne reste rien du bâtiment qui fermait la cour au Nord. Par contre, on voit encore adossés au sanctuaire et au choeur de l’église, les restes du bâtiment reliant la salle du chapitre, le réfectoire à la chapelle, c’est à dire une sorte de couloir voûté en ogive qui d’après le plan du RP Fouquet serait la sacristie. Au dessus de celle-ci se trouvait une salle identique. Mr Gabeau signale qu’ils avaient 7 mètres de long sur 1 mètre 30 centimètres de large et que celui du dessous avait 2 mètres 50 centimètres de haut sous clé. Ce dernier s’élargissait à l’Ouest et montrait à la voûte un trou circulaire dans une pierre carrée laissant supposer le passage d’une corde pour une cloche monastique, le couloir inférieur était recouvert d’un enduit tandis que celui du dessus était badigeonné de façon identique que l’église . Montoussan était donc bien fidèle au plan des autres monastères et l’on peut penser que dans ce vallon perdu au coeur de la forêt, les moines suivaient toujours la règle prescrite par Etienne de Muret et se consacraient entièrement à la recherche divine et à la contemplation ou bien, méditaient sur les textes sacrés sans être nullement dérangés. Ils étaient donc aidés pour les soins matériels par les quatre donateurs et sans doute par d’autres convers.

Si l’on s’en réfère au RP Fouquet, la bulle de 1317 du Pape Jean XXII aurait entrainé le rattachement de Montoussan à Bois-Rahier et la disparition des moines de Montoussan.

Il reste actuellement bien peu de chose de ce prieuré qui, sans doute, dans peu de temps aura totalement disparu sous la végétation très fournie dû au micro climat subsistant dans ce vallon de Montoussan et la présence des moines de l’Ordre de Grandmont dans ce désert luxuriant sera oubliée.

Synthèse de documents de Mr Gaudin de Vallière-les-Grandes année 1990

Retranscrit  par. Mr Deroubaix Vincent de Saint-Georges-sur-Cher année 2008

Sources :

Prieurés et Couvent – Prieuré de Montoussant – Ordre de Grandmont. H.710. (liasse.)-27 pièces, parchemin, 1 fragment de sceau – 1198 / 1250. page 230

H.711. (liasse.)- 16 pièces, parchemin; 25 pièces papier; 2 fragments de sceaux. 1251 / 1738 pages 230 / 231

Extrait bulletin de la société archéologique de touraine – page 36 à 44 – Prieuré de Montoussan – Mr A. Gabeau

Vestiges grandmontains en Touraine

[compte-rendu]

Guérout Jean

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